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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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mon petit panel d’amis et d’historiens. Au nombre de sept, ces personnages promus au grade de zhéro ont pour noms Soubise, Grouchy, Bazaine, Favre et Boulanger, et, à titre subsidiaire, Dupleix et Montcalm. Cette aisance relative à désigner nos piteux biffins confirme une fois encore que nous ne sommes pas une nation de marins : gageons que la même question posée en Angleterre donnerait bien davantage d’officiers de marine que d’officiers de l’armée de terre.
Soubise et sa lanterne
    Qu’évoque de nos jours le nom de Soubise ? Pour les Parisiens, c’est le nom d’un splendide hôtel particulier du Marais, qui abrite les Archives nationales de France. Pour les gastronomes, c’est une sauce blanche aux oignons agrémentant à ravir le rôti de veau ou les volailles. Pour les amateurs d’histoire enfin, Soubise est ce maréchal de France représenté dans des caricatures en train de rechercher son armée une lanterne à la main.
     
    Si ce candidat à la « zhéroïtude » nous intéresse particulièrement, c’est qu’il fut l’un des soldats les plus brocardés, les plus caricaturés de notre histoire, notamment dans les chansons populaires de l’époque. Or la chanson est une excellente indication de la réputation d’un personnage ; c’est d’ailleurs ce même raisonnement qui nous a conduits précédemment à examiner le cas du bon roi Dagobert.
    Pour ses détracteurs, Soubise fut avant tout un maréchal mollasson et velléitaire, le vaincu déshonoré de la bataille de Rossbach contre le roi de Prusse Frédéric II, le 5 novembre 1757. À ce titre, il est évidemment un candidat pour nous !
     
    Avant de l’accabler à cœur joie, reconnaissons tout de même que Charles de Rohan, prince de Soubise, duc de Ventadour (1715-1787), fut frappé, tout jeune, par un drame affreux qui de nos jours lui vaudrait des circonstances atténuantes aux yeux du plus sévère des tribunaux. En effet, à l’âge de neuf ans, il perd ses parents, qui tous deux meurent de la petite vérole à quelques jours d’intervalle. Charles est alors confié à son grand-père et va passer sa jeunesse à la Cour, où il côtoiera le futur Louis XV, âgé de cinq ans de plus que lui, et dont la famille a elle aussi été décimée. Avoir pour ami un futur souverain constitue indéniablement un gros atout dans l’existence ; mais c’est aussi un privilège à double tranchant, car bien souvent, ainsi que nous l’avons déjà observé pour nos marins d’eau douce, ce sont les amis et protecteurs trop ambitieux pour leurs protégés qui les mettent dans des situations inextricables en leur confiant des responsabilités qu’ils sont incapables d’assumer : voyez Sidonia et Philippe II, Kerguelen et de Boynes, Villeneuve et Decrès, Chaumareys et d’Orvilliers… à chaque zhéro son mentor pour le meilleur et pour le pire ! Hélas, la postérité ne fait pas dans la dentelle : elle a tendance à ne retenir que le meilleur ou le pire. Soubise en est l’exemple type ! L’ensemble de sa carrière militaire n’est pas davantage émaillé de défaites que de victoires, mais selon la formule du chevalier de Lévis, après la retraite de Montcalm dans les plaines d’Abraham, au Québec : « Le général a toujours tort lorsqu’il est battu ! »
     
    Mais nous n’en sommes pas encore là. Car, au moins dans un premier temps, Soubise vole de succès en succès, occupant à ses débuts des fonctions dont les noms font sourire aujourd’hui : « troisième guidon », puis « second guidon » chez les mousquetaires gris, en fait un rôle qui s’apparenterait à celui de porte-étendard. En 1745, il participe en tant qu’aide de camp du roi à la bataille de Fontenoy, l’une des plus éclatantes victoires françaises contre les Anglais, au cours de laquelle il contribue au mouvement qui décide de la victoire. Dans la foulée, il prend part à la prise de Tournai et aux batailles victorieuses de Rocourt (1746) et de Lawfeld (1747) qui permettent à la France d’occuper l’intégralité des Pays-Bas autrichiens. Ces succès militaires lui valent de recevoir, en 1748, le titre de lieutenant général des armées. L’année suivante, la mort du prince de Rohan fait de lui le duc de « Rohan-Rohan », un double titre probablement très prestigieux, niais au moins aussi anachronique à nos yeux que le grade de troisième guidon ! Quoi qu’il en soit, la gloire de Soubise semble alors devoir suivre un long fleuve

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