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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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manque d’audace. Pour la postérité, son principal fait d’armes reste donc la prise de l’île de la Grenade, le 6 juillet 1779, une victoire qui frappa les esprits, car ce fut la première grande bataille navale gagnée sur les Anglais dans les eaux américaines. Rappelons au passage les noms de quelques-uns des « participants » : Bougainville, de Grasse, La Motte-Piquet, Suffren et, du côté anglais, un certain Nelson !
    Un d’Estaing héroïque à la Grenade certes, mais très décevant à Rhode Island ! Dans ces conditions, comment trancher entre héros et zhéro ? Appelons à la rescousse témoins et auteurs divers. Pour André Maurois : « C’était un homme brillant dans la conception, faible dans l’exécution. Il voyait grand et agissait petit (20) . » Pour le duc de Castries : « Il mena les opérations avec une grande lenteur, sans prévoir les conséquences du retard qu’il prenait. » Pour le marquis de Bouillé : « Tout au long de la guerre, il ne cessa d’étaler son incompétence, ses maladresses et sa démagogie (21) . » Le grand Suffren regrette, quant à lui, que d’Estaing n’ait pas été « plus marin que brave » ! Enfin, l’auteur de Connaissez-vous des Auvergnats célèbres ? , un certain Georges Hémeret, qualifie d’Estaing de « beau parleur », qui aurait été désavoué par les Américains sans le soutien de son ami La Fayette, auvergnat comme lui.
     
    Si l’on s’en tient à ces différents commentaires, d’Estaing présente à l’évidence certaines aptitudes à la médiocrité. Cependant, une action héroïque de dernière minute le disqualifie sans discussion possible dans l’âpre compétition pour le titre de zhéro de l’Histoire de France : en effet, alors qu’il allait être guillotiné, il eut sur l’échafaud cette phrase restée célèbre : « Quand vous aurez fait tomber ma tête, envoyez-la aux Anglais, ils vous la paieront cher ! »
Resquiescat in pace ?
    Au terme de notre tour d’horizon, nos zhér’eaux de mer français nous semblent avoir tenu toutes leurs promesses ; tous se sont montrés inférieurs ou égaux à leur maître Medina Sidonia en faisant preuve avec brio de la médiocrité requise pour figurer dans ces pages.
    Pour ceux qui souhaiteraient aller se recueillir sur leurs tombes, la chose se présente mal. En effet, on a beau dire qu’il ne faut pas vouloir la mort du pécheur, à l’exception de De Grasse, inhumé à l’église Saint-Roch à Paris, tous nous zhéros ont été maudits aussi bien dans leur séjour terrestre que dans leur résidence ad patres. Qu’on en juge plutôt :
    Amiral d’Estaing : pas de tombe ! Guillotiné le 27 avril 1794.
    Kerguelen : pas de tombe ! Sa mort, le 3 mars 1797, est déclarée à la section des Tuileries à Paris. Il fut donc enterré dans un cimetière du quartier dans une tombe sans plaque ni monument funéraire en présence de sept personnes. Ce cimetière a disparu à l’occasion des travaux d’Haussmann à la fin du XIX e . Ses ossements se trouvent probablement au milieu des restes des six millions de Parisiens inhumés dans les catacombes.
    Villeneuve : pas de tombe ! On ignore où il se trouve.
    Chaumareys : pas de tombe ! Contactée, la municipalité de Bussière-Boffy, où se trouve le château de Lachenaud, répond que l’ancien cimetière d’église, où fut très probablement inhumé Chaumareys, a été rasé en 1873. Ses restes auraient donc été transférés dans l’ossuaire du nouveau cimetière. Mme Raynaud, historienne bussiérande, fait état d’une tradition orale selon laquelle Chaumareys aurait pu être enterré dans une commune limitrophe, car sa famille craignait que sa tombe ne fût profanée. De fait, le déshonneur rejaillissant sur sa famille mit celle-ci sur la paille. Le château de Lachenaud dut être vendu et le fils de Chaumareys s’y donna la mort au moment de la vente.



 

 

III

Zhéros Zhéros 7
     
     
    Les beaux militaires, depuis un siècle, remplissent merveilleusement leurs culottes, mais ils ne remplissent pas leurs destins.
     
    Bernanos.

 
    Quittons maintenant les océans pour revenir sur la terre ferme et nous pencher sur quelques zhéros ayant servi ou plutôt sévi dans l’infanterie, l’artillerie. ou la cavalerie.
    De toute évidence, les nuls de l’armée de terre sont bien mieux connus des Français que ceux de la marine, puisque ceux que j’envisageais moi-même de passer en revue ont presque tous été cités par

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