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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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officiers supérieurs : ces derniers le méprisent, le jalousent, ne lui reconnaissent aucune légitimité et ont donc le plus grand mal à admettre son autorité. Grouchy le sent ; il sait qu’il ne possède ni l’aura ni le charisme d’un Murat ou d’un Ney, que leurs hommes idolâtrent et suivraient jusqu’au bout du monde. C’est pourquoi il va se braquer contre ses officiers supérieurs, au risque de contrarier gravement le déroulement des opérations, invoquant ad nauseam les ordres de l’Empereur, dont le bruit du canon semble pourtant indiquer qu’ils ne sont plus d’actualité !
    En somme, nous dit G. le Tuzlo dans Les Fraises de Grouchy : « L’ampleur de la tâche, la confiance de l’Empereur, l’hostilité de ses subordonnés, la défiance de ses soldats vont accabler ce brave homme. » Ce brave homme ? Cet âne bâté serait plus proche de la vérité ! Et la « bravitude » de Grouchy est bien la dernière qualité requise sur un champ de bataille où se joue le sort d’un empire.
    Dans cette histoire, Grouchy n’a-t-il été qu’un bouc émissaire injustement désigné ? Pas à proprement parler, car le bouc émissaire est totalement innocent des crimes qu’on entend lui faire porter ; or Grouchy n’est pas innocent, il contribue à la défaite. Mais il s’apparente tout de même au bouc émissaire, dans la mesure où, dans l’esprit du plus grand nombre, hier comme aujourd’hui, lui seul endosse la responsabilité du désastre de Waterloo, alors que les historiens ont établi depuis longtemps d’autres responsabilités que la sienne : à Waterloo, Grouchy est loin d’être le seul zhéro présent (ou, en l’occurrence, plutôt absent !) sur le champ de bataille : « Restent l’indiscutable impéritie de Ney, son aveuglement, ses excès ; l’incurie de d’Erlon ; la médiocrité humaine et militaire de Vandamme. Reste enfin le rôle joué par Soult, incompétent major général mais tellement lucide quant à la situation » (G. le Tuzlo). Toutes choses auxquelles il convient d’ajouter les dissensions entre Grouchy, Gérard, soldat de grande qualité mais jaloux et susceptible, et Vandamme… Cela en fait des zhéros chez les lampistes ! À Waterloo, il y aurait donc eu tout à la fois des traîtres, des fous, des jaloux, des malades… sans compter la pluie !
     
    Au nombre des traîtres : Bourmont qui commandait une division dans le corps d’armée de Gérard et qui se rallia aux Prussiens. C’était un ancien chouan auquel Napoléon avait offert l’amnistie et un grade dans l’armée impériale. Joli monsieur, à ranger avec les Bernadotte et autres Ganelon de la même eau !
    Un fou furieux : Ney qui arrive à deux à l’heure aux Quatre-Bras, emplacement crucial qui lui a été désigné par l’Empereur comme devant être tenu coûte que coûte. Une fois sur place, Ney se met en tête d’attaquer. Il lance alors une charge furieuse, insensée, désordonnée contre les Anglais alors que Napoléon lui a ordonné par neuf billets consécutifs d’attaquer les armées prussiennes que lui-même a mises en déroute à Ligny. Ney doit disperser ce qu’il reste des troupes de Blücher. Au lieu de cela, « ayant complètement perdu la tête dans un état proche de l’hystérie, il se rue, l’écume aux lèvres et les yeux exorbités, à l’assaut des Anglais […]. Les messagers de l’Empereur ne peuvent même pas tirer de lui une seule phrase cohérente » au point que l’« on est en droit de penser que le Brave des braves est frappé de démence (24) ».
     
    Après les traîtres et les fous, il y eut aussi les subordonnés rebelles et jaloux : d’abord Gérard, qui s’attendait à recevoir le maréchalat et supporte très mal qu’on lui ait préféré Grouchy. Il se sent humilié de commander seulement un corps d’armée et obéit avec réticence à Grouchy. Quant à Vandamme, lui aussi va refuser de se plier aux ordres de Grouchy ; cette tête brûlée a toujours été rebelle à la discipline, c’est à se demander ce qu’il fait dans l’armée. Il a un caractère exécrable et son insubordination lui a déjà valu d’être traduit en conseil militaire sous la Révolution. Lui aussi s’attendait à devenir maréchal et ne supporte pas que Grouchy ait été l’élu. Vandamme, lui, est un vrai meneur d’hommes, un combattant brutal qui a la guerre dans le sang ! « Si je devais faire la guerre avec le diable, j’engagerais Vandamme », a dit de lui

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