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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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n’avait pas quitté l’île d’Elbe, jamais son nom n’aurait été entaché d’infamie. Hélas pour lui, la notoriété l’attendait non sur le terrain de la gloire mais sur celui du déshonneur.
     
    À Waterloo, Grouchy, nous l’avons dit, commande donc la cavalerie française. Présent à Ligny, dernière victoire militaire de Napoléon, le 16 juin 1815, il reçoit, le lendemain, de l’Empereur l’ordre de poursuivre Blücher à la tête de deux corps d’infanterie et de deux corps de cavalerie, pour empêcher le maréchal prussien de rejoindre Wellington. Grouchy commet une première erreur en laissant les troupes prussiennes le distancer. Circonspect, indécis, il traîne en route. Tandis que Blücher et ses troupes rejoignent Wellington à Mont-Saint-Jean, Grouchy, au lieu de l’y suivre, continue à se diriger vers Wavre où il s’imagine que Blücher doit se trouver encore. À la vérité, si Grouchy a reçu l’ordre de talonner les Prussiens, il ignore totalement où ils se trouvent ! Le plus terrible c’est que, jusqu’à la dernière minute, Grouchy aurait pu aller à marche forcée vers le cœur de la bataille, à Mont-Saint-Jean, mais il s’est entêté jusqu’au bout à courir derrière le vide dans la direction de Wavre. Devant lui, plus rien ni personne, mais ce n’est pas grave, il y va tout de même puisque ce sont les ordres !
     
    C’est à ce moment-là que se déroule le fameux épisode des fraises, popularisé par le célèbre Waterloo réalisé en 1970 par le cinéaste russe Bondartchouk. Faisant une pause dans sa course-poursuite derrière les Prussiens, Grouchy accepte l’invitation à déjeuner du notaire de Perwez, un certain M. Hollert ; on lui présente de belles fraises qu’il s’apprête à déguster. Au loin, on entend un bruit sourd, comme un coup de tonnerre. Il doit s’agir d’un combat d’arrièregarde, pense Grouchy, mais voilà que le grondement s’intensifie. C’est alors que Gérard, son subalterne, l’adjure de renoncer à ses fraises, de renoncer à poursuivre d’hypothétiques Prussiens et de « marcher au canon » sur-le-champ. Devant le refus de Grouchy, qui se retranche derrière les ordres reçus, Gérard le supplie de l’autoriser à se rendre sur place pour se rendre compte par lui-même de la situation. Grouchy reste inflexible et refuse encore, au prétexte qu’il est hors de question de fractionner ses propres troupes. On retrouve chez lui le même entêtement, le même orgueil, le même aveuglement que chez un Chaumareys ! La catastrophe est en train de se dérouler à quelques heures de marche, mais malgré les supplications de ses officiers, le maréchal de Grouchy refuse de bouger. Il en fait même une affaire personnelle : il ne peut pas se déjuger devant un officier subalterne qui met directement en cause son autorité et les ordres de l’Empereur. Ses subordonnés sont atterrés.
    Pendant qu’il se perd en conjectures et s’accroche avec ses officiers, Grouchy prend du retard. Certains passionnés d’histoire militaire ont fait le trajet à marche forcée entre Perwez et Mont-Saint-Jean et ont acquis la conviction que Grouchy aurait pu arriver à temps pour retourner la situation. Il s’en trouve d’ailleurs tout autant pour partager la conviction que, Grouchy ou pas, la bataille était perdue ! Napoléon, lui, fut longtemps persuadé que Grouchy allait se ruer sur les Prussiens là où on ne l’attendait plus, c’est pourquoi Hugo le décrit « joyeux » s’exclamant « Grouchy ! ». Jusqu’à la fin, l’Empereur crut que son dernier maréchal saurait s’élever à la hauteur de l’événement et être à Waterloo ce qu’avait été Desaix à Marengo, lorsque son intervention providentielle avait transformé « une défaite vraisemblable en victoire totale ».
     
    Mais, non ! Grouchy ne serait ni Desaix, ni Murat, ni Kléber, et lorsqu’il reçoit une dépêche de Soult qui pourrait enfin le convaincre de cesser de poursuivre les Prussiens dans le vide, il lit : « La bataille est gagnée », au lieu de « la bataille est engagée », ce qui le conforte dans sa décision de ne rien faire. Inutile de préciser les torrents d’encre que fera couler par la suite la question de l’interprétation de la dépêche de Soult. Lisible ? Illisible ? Bonne ou mauvaise foi de Grouchy ?
    Quoi qu’il en soit, la « scène des fraises » illustre assez bien le conflit qui court depuis des jours entre Grouchy et ses

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