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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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plus dans nos rues.
    — Ils
n’ont pas les moyens de les nourrir. Ici, à Carthage, ils partagent avec eux le
brouet que nous leur donnons. À Sicca, ce ne sera plus le cas.
    — L’affaire
peut s’arranger. Annonce aux mercenaires que leur solde leur sera versée à
Sicca. C’est là que les scribes et les comptables rencontreront chacun d’entre
eux pour déterminer les sommes dues. Afin de les inciter à partir, souligne
qu’à leur arrivée dans cette ville une avance d’un statère d’or leur sera
consentie. Elle sera de deux statères pour ceux venus avec leurs familles. Je
te le dis, ils vont s’empresser de faire leurs bagages et de lever le camp.
    Effectivement,
quelques jours plus tard, les mercenaires, avec leurs femmes et leurs enfants,
se dirigèrent vers Sicca, suivis de loin par quelques cavaliers numides chargés
de s’assurer qu’ils ne pillaient pas les fermes et les propriétés situées sur
leur chemin. Arrivés à destination, ils installèrent leurs tentes en dehors de
la ville où les plus délurés se rendaient parfois pour sacrifier aux plaisirs
de la chair dans les bras des prostituées sacrées du temple d’Ashtart.
    Très vite,
ces soldats désœuvrés, abandonnés par leurs officiers carthaginois, se dotèrent
de chefs en la personne de Spendios, Matho et Autaritos. Le premier était un
Grec de Campanie, déserteur de l’armée romaine, connu pour sa perpétuelle bonne
humeur et pour ses remarques acérées. Le deuxième, un guerrier à la musculature
puissante, était originaire de Libye, parlait parfaitement punique et jouissait
d’un grand prestige auprès de ses compatriotes. Quant au troisième, c’était un
Gaulois aux longs cheveux blonds, réputé pour sa bravoure au combat.
    Les
mercenaires trompèrent leur attente en calculant les sommes qui leur étaient
dues. Très vite, les plus âpres au gain se persuadèrent qu’il fallait demander
plus au Trésor carthaginois, invoquant, pour ce faire, de fallacieuses
promesses qui leur auraient été faites par leurs supérieurs en Sicile. Bien
entendu, les chefs concernés avaient tous péri et ne pouvaient pas démentir ces
affirmations. Quand Hannon, commandant en chef des troupes carthaginoises, se
rendit à Sicca, il fut littéralement assailli par une foule de quémandeurs et
de solliciteurs, réclamant des sommes faramineuses. Or il était venu pour
demander aux mercenaires de rabattre à la baisse leurs prétentions. Craignant
pour sa vie s’il leur dévoilait ce fait, Hannon se contenta de bonnes paroles.
Spendios, avant de le raccompagner hors du camp, le mit en garde :
    — Nous
ne sommes pas dupes de vos manœuvres. Pour s’occuper de nous, Carthage envoie
des généraux et des officiers qui n’ont pas combattu à nos côtés en Sicile et
qui ne savent donc rien de notre dévouement et de nos exploits. Tu prétextes
qu’ils sont retenus par leurs occupations à Carthage. Qu’à cela ne
tienne ! Nous partirons demain pour Tunès et nous établirons notre camp à
cent vingt stades de votre ville. Nos officiers pourront donc venir nous voir
et confirmer nos dires.
    Quand ils
virent les mercenaires dresser leurs tentes aux abords de Tunès, les habitants
de la cité d’Elissa furent pris de panique. La ville n’était pas assiégée, du
moins pas encore, mais se trouvait à la merci de ces hordes de brutes. Ils
tentèrent de se concilier leurs faveurs en organisant, à leur intention, des
marchés où ils pouvaient se procurer à bas prix aussi bien des vivres que des
tissus ou des bijoux. Des envoyés du Conseil des Cent Quatre vinrent voir leurs
chefs pour leur jurer que le Sénat paierait jusqu’au dernier zar les sommes
réclamées. Voyant qu’ils avaient obtenu satisfaction sur ce point, Spendios,
Matho et Autaritos présentèrent alors de nouvelles exigences. Ils demandèrent
qu’on payât à leurs hommes le blé qu’ils avaient acheté en se fixant sur le
cours le plus élevé. De même, ils réclamèrent le remboursement des chevaux tués
au combat. Les agents de Baalyathon prirent note de ces demandes et jouèrent un
rôle trouble. Ils se répandaient en flatteries auprès des mercenaires et, l’air
apitoyé, feignaient de les plaindre et de s’intéresser à leurs doléances. Ils
en profitaient pour insinuer que la cause de leurs malheurs était Hamilcar
Barca. Au lieu de s’occuper de ses hommes, n’avait-il pas préféré abandonner
son commandement pour se retirer dans sa luxueuse

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