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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Maintenant, que chacun vaque à ses
activités !
    Le soir,
une torche fut agitée par trois fois sur l’une des tours de l’enceinte. Au
petit matin, les trompettes sonnèrent tôt dans le camp carthaginois. Les
sentinelles avaient aperçu, malgré la brume, plusieurs centaines de combattants
quitter la ville et s’égailler dans toutes les directions, comme pour donner le
change sur l’objectif qu’ils visaient. Hamilcar en conclut qu’ils tentaient de
la sorte une opération de division et que le gros de leurs troupes s’apprêtait
à attaquer le retranchement carthaginois. Il se comporta donc exactement comme
il l’avait dit. Il confia le commandement du camp à Carthalon et se contenta
d’emmener avec lui trois cents cavaliers numides qu’il divisa en trois groupes.
L’un devait contourner la cité et s’assurer que nulle troupe ne venait de
l’intérieur des terres, l’autre était censé rester en arrière pour protéger une
éventuelle retraite. Avec Magon, le général prit la tête du troisième groupe
pour explorer les différents défilés donnant accès à Heliké. Ils eurent beau
effectuer de nombreuses allées et venues, l’ennemi demeurait invisible. Il
semblait s’être évanoui dans la nature à moins qu’il n’ait été englouti par les
entrailles de la terre. Lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée de la gorge, Magon
ordonna aux hommes de faire halte et se tourna vers son chef :
    — Hamilcar,
mieux vaut ne pas s’engager dans ce défilé.
    — Pourquoi ?
Il n’est pas plus dangereux que ceux que nous avons déjà explorés. Regarde
d’ailleurs nos chevaux. Ils sont calmes. Si l’ennemi se trouvait dans les
environs, ils l’auraient senti et gratteraient la terre de leurs sabots.
    — Hamilcar,
je te le répète, tout cela ne me dit rien de bon. Je juge même ce silence
suspect. Imagine qu’au contraire, l’ennemi soit de l’autre côté de la gorge, là
où se trouve le pont détruit.
    — Décidément,
je ne te reconnais plus. Ce matin, tu prenais mon parti contre celui de
Carthalon. Maintenant, tu abondes dans son sens alors que la concorde ne semble
pas régner entre vous. Tu es nerveux et je le comprends après tant d’années de
guerre. Ton père, lui, ne perdait jamais son calme et c’est pourquoi je lui
faisais une confiance aveugle. Ressaisis-toi. Pour l’heure, tu n’es pas en état
de combattre. Aussi, reste ici avec dix hommes de ton choix. Les autres me
suivront et nous ne tarderons pas à revenir bredouilles de cette chasse à des
guerriers ibères fantômes.
    L’aide de
camp sélectionna dix vétérans qu’il connaissait de longue date et qui lui
vouaient une fidélité sans faille. Il vit le général en chef s’engouffrer dans
le défilé au grand galop, suivi par ses hommes qui poussaient des cris joyeux
et se moquaient de la couardise de Magon. Soudain, au loin, un étrange bruit se
fit entendre. Le ciel était haut et dégagé mais on aurait cru qu’un orage
ponctué de formidables coups de tonnerre venait d’éclater. Magon se porta en
avant pour observer la scène. En fait, des flancs de la montagne d’immenses
blocs de pierre se détachèrent, emportant tout sur leur passage. L’un de ces blocs,
plus gros que les autres, coupa la retraite aux cavaliers d’Hamilcar dont les
chevaux, affolés, se cabrèrent en hennissant de peur. Les Numides qui n’étaient
pas écrasés par les pierres dévalant la montagne étaient précipités par elles
dans le torrent et emportés par les flots. Hamilcar demeura bientôt seul,
cherchant désespérément une issue pour sortir de ce piège. Il invectiva d’une
voix forte et puissante l’ennemi qui se terrait sur les hauteurs et n’osait
toujours pas se montrer. Finalement, l’un d’entre eux, dont il ne parvenait pas
à distinguer les traits, se dressa et apostropha le général carthaginois :
    — Hamilcar,
tu as moins belle prestance aujourd’hui qu’avant-hier lorsque tu as tué au
combat mon fils.
    — C’était
un guerrier valeureux et je rends hommage à son courage. Mais il était si
affaibli par les privations qu’il n’avait aucune chance de remporter notre
joute. C’est le sort qui vous attend tous sous peu. Crois-moi, le plus
raisonnable pour vous serait de vous rendre et je te promets de me montrer
exceptionnellement généreux envers les habitants de ta cité. Ils ne seront pas
réduits en esclavage et mes troupes recevront l’ordre de ne pas piller vos
demeures et de

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