Hamilcar, Le lion des sables
encerclée par Regulus, ils délibérèrent longuement pour
savoir s’ils devaient chercher le combat dans la plaine ou bien demeurer sur
les hauteurs qui dominaient la ville. Ce dernier choix fut retenu sous la
pression d’Hasdrubal et de Bostar, convaincus que leurs assaillants, épuisés
par la grimpée, pourraient être facilement taillés en pièces. Hamilcar eut beau
tempêter et expliquer que les éléphants ne leur seraient alors d’aucune aide,
alors qu’on pouvait les déployer facilement en terrain plat, il ne fut pas
entendu. Commencé tôt le matin, l’affrontement tourna à l’avantage de Marcus
Atilius Regulus. Certes, sa première légion dut subir les coups de boutoir des
mercenaires et prit la fuite devant eux. Gaulois, Grecs, Numides et Sardes se
battirent comme de vrais lions, massacrant sans pitié les ennemis tombés entre
leurs mains.
Dès leurs
premiers succès, Hasdrubal, surmontant sa peur, les rejoignit en comptant de la
sorte se voir attribuer les lauriers de la victoire. Sans prendre la peine
d’observer le champ de bataille, il encouragea les mercenaires à poursuivre les
fuyards et se trouva bien vite encerclé par les autres légions que les Romains
tenaient en réserve. En peu de temps, les soldats de Marcus Atilius Regulus
infligèrent de lourdes pertes aux mercenaires et les décimèrent. Hasdrubal fut
rattrapé par des cavaliers et contraint de se rendre.
Bloqués
sur les hauteurs, la cavalerie et les éléphants n’avaient pu venir au secours
des leurs et reprirent la route de Carthage en abandonnant leur campement mis à
sac par les légionnaires. Bien décidé à exploiter sa victoire, le consul romain
fit avancer ses troupes jusqu’à Tunès dont elles s’emparèrent sans coup férir,
ses défenseurs s’étant précipitamment repliés sur la cité d’Elissa. C’est en
bordure du lac de Tunès que Regulus établit son camp dont on pouvait
apercevoir, du haut des murailles, les feux. Bientôt, les Romains furent
rejoints par bon nombre de guerriers numides. Le père de Juba, désavoué par son
peuple, s’était enfermé dans sa forteresse où il disposait de provisions
suffisantes pour soutenir un long siège. Mais l’un de ses neveux, Gaia, s’était
proclamé roi et avait déclaré qu’il était temps d’en finir avec l’injuste
tribut prélevé chaque année par Carthage. Les insurgés poussèrent leurs
incursions meurtrières jusqu’aux environs de Mégara, bloquant ainsi la ville
désormais reliée à l’extérieur uniquement par son port où quelques navires
continuaient à débarquer du blé en provenance de Sicile.
Baalyathon
ne tarda pas à profiter du mécontentement général régnant dans la cité. Les
habitants stockaient vivres et grains et refusaient d’aider les réfugiés pour
lesquels le Sénat dut organiser des distributions gratuites de nourriture.
Personne n’avait pris la peine de remarquer que les revers de Carthage
n’étaient pas dus à l’insuffisance de ses soldats mais à l’incompétence de
leurs chefs. Bostar et Hamilcar continuaient à parader dans les rues comme s’ils
étaient les généraux d’une armée victorieuse.
Un matin,
une délégation romaine se présenta devant la Porte neuve et demanda à être
reçue par le Conseil des Cent Quatre. Hamilcar, qui était de faction sur la
muraille, eut la surprise de reconnaître parmi les émissaires Caïus Cornélius
Scipion. Il descendit à sa rencontre et le salua sobrement :
— J’aurais
aimé te rencontrer dans d’autres circonstances. Je vais te conduire, toi et tes
compagnons, jusqu’au Sénat. Auparavant, permets-moi d’envoyer vers tes lignes
un nombre équivalent de mes soldats que vous retiendrez en otages jusqu’à ton
retour.
— Je
redoutais d’avoir à te le demander. Tu as le sens de l’honneur et tu me
dispenses d’une pénible corvée. J’apprécie ton geste. Donne ce bâton de
commandement à tes soldats, il leur servira de sauf-conduit.
Dans les
rues de la ville, la délégation romaine fut accueillie sans manifestation
d’hostilité. Les passants étaient surtout curieux de voir à quoi ressemblaient
les vainqueurs d’Adys. Ils furent rassurés de constater que c’étaient des
hommes comme les autres. Certains s’enhardirent même à vouloir toucher de la
main leurs cuirasses comme pour vérifier qu’elles n’étaient pas dotées de
pouvoirs magiques. Le fils d’Adonibaal fit disperser les importuns et conduisit
ses hôtes
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