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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Tes amis t’ont chagriné à ce point ? » Quand le
calme fut rétabli, à la demande d’Adonibaal, son adversaire poursuivit son
discours :
    — Jamais
je n’aurais cru trouver un adversaire aussi féroce et impitoyable. Ils exigent
que nous leur abandonnions la Sicile, la Sardaigne et la Corse, que nous leur
remettions tous nos navires de guerre et que nous leur versions une indemnité
de 1200 talents. De surcroît, ils souhaitent conserver Aspis et une partie du
Beau Promontoire et être autorisés à fonder des colonies de ce côté-ci de la
mer. Accepter ces conditions serait signer l’arrêt de mort de Carthage et je ne
puis m’y résoudre. Perdus pour perdus, autant succomber les armes à la main.
    Des cris
d’approbation se firent entendre de tous les côtés. Quand le calme fut rétabli,
l’on vit Hamilcar pénétrer dans la salle et se précipiter vers son père pour
lui murmurer quelques mots à l’oreille. Adonibaal, le visage couvert de larmes
de joie, dit alors :
    — Mon
fils vient de m’informer qu’une trirème en provenance de Grèce est arrivée au
port. À son bord, se trouve son ancien précepteur, Epicide, un esclave que j’ai
affranchi et que je vous propose de faire citoyen de notre ville. À ma demande,
il s’était rendu en Grèce pour recruter des mercenaires. Plusieurs milliers ont
répondu à son appel et leurs navires sont à deux jours de navigation de
Carthage. À la tête de ces hommes puissamment armés, il y a Xanthippos, un
général lacédémonien, dont le nom seul sème la terreur dans l’Hellade. Dès
qu’ils auront débarqué et, après avoir réorganisé notre commandement, nous
reprendrons l’offensive. Les dieux nous adressent un signe en cette journée.
Baal Hammon et Tank ne nous ont pas oubliés et viennent à notre secours. C’est
bientôt le Romain qui nous suppliera de lui dicter nos conditions.
     
    ***
     
    Des
milliers de personnes se rassemblèrent sur les quais du port marchand pour
saluer l’arrivée des navires transportant les mercenaires. Lorsque ceux-ci
furent autorisés à quitter l’enceinte de l’Amirauté par petits groupes, ils
furent fêtés comme des héros et des sauveurs. Ceux-là mêmes qui, trois jours
plus tôt, prétendaient être à court de vivres et sur le point de périr
d’inanition, avaient retrouvé suffisamment de forces pour dénicher dans leurs
caves une profusion d’aliments et des dizaines d’amphores de vin, qu’ils
offraient aux soldats grecs. Les prêtres des sanctuaires de Baal Hammon et
d’Eshmoun étaient assaillis par la foule des fidèles désireux de manifester par
des sacrifices leur gratitude aux dieux de la cité. Dans les tavernes, on
prenait à partie amicalement les partisans de Baalyathon en leur demandant ce
qu’ils pensaient de la générosité de Rome. Les malheureux baissaient la tête
sous les quolibets. Beaucoup maudissaient leur chef pour les avoir trompés et
juraient qu’ils suivraient désormais le camp des Barca.
    Xanthippos,
lui, était invisible. Il s’était enfermé dans le bâtiment de l’Amirauté et y
passait ses journées et ses nuits. Son premier souci avait été de convoquer les
généraux carthaginois ainsi que tous les officiers rescapés du désastre d’Adys.
Il avait eu aussi un long entretien avec Hamilcar. Le fils d’Adonibaal avait
été impressionné par ce guerrier à la haute stature, aux cheveux noirs et à la
barbe abondante. Il avait surtout remarqué son regard froid et décidé. L’homme
n’était pas du genre à supporter la contradiction et il se dispensa de tout
préambule pour interroger le jeune officier :
    — On
me dit que tu as combattu en Sicile et que tu commandes la garde du Sénat. Que
penses-tu de la situation ?
    — J’ai
bon espoir, surtout depuis l’arrivée de tes hommes. Ce qui me désole, c’est
l’attitude de nos chefs. Ils sont totalement incompétents.
    — Comment
oses-tu proférer une pareille accusation, toi qui es un jeune homme dépourvu
d’expérience ? Sais-tu que tu pourrais payer cher ton audace ? J’ai
bien envie de te faire arrêter par les gardes.
    — Tu
disposeras de moi comme tu voudras mais cela ne change rien à la triste
réalité. En te disant la vérité, je ne me comporte pas comme un soldat déloyal
et je ne me rebelle point contre la discipline. Crois-moi, j’ai envie de me
battre mais je ne veux pas que mes hommes périssent parce que leurs généraux ignorent
tout de l’art

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