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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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aurait-il été plus indiqué pour lui que son fils se
porte volontaire. Mais tu connais Carthalon. Il déteste les voyages et les
combats. Aussi est-ce son père qui revendique l’honneur de conduire nos armées.
    — Quelles
sont ses chances ?
    — Tu
le sais, depuis plusieurs générations, le privilège de désigner un commandant
en chef revient au peuple réuni sur le maqom. C’est une concession qu’a dû
faire le Conseil des Cent Quatre à la populace après plusieurs décisions malheureuses.
Je suis sûr que les agents de Baalyathon sont déjà à l’œuvre dans la ville. Ils
distribuent des pièces d’or et d’argent et vantent les mérites de leur maître.
    — Pourquoi
n’agissons-nous pas ?
    — Je
connais nos compatriotes. Ils empocheront l’argent et décideront de se fier à
leur humeur. Or, crois-moi, si tu ne le sais déjà, tu es très populaire à
Carthage. Les gens admirent autant ta sagesse que ton courage et je suis
persuadé qu’ils te désigneront. Sois demain très tôt au maqom. C’est là que ton
sort se jouera.
    Dès les
premières lueurs de l’aube, la foule commença à affluer sur la grand-place et
se massa face au bâtiment du Sénat. Les hommes se rassemblaient par
corporations ou par quartiers, échangeant bruyamment leurs impressions. Les
partisans de Baalyathon circulaient à grand-peine entre les groupes et
distribuaient à pleines brassées les pièces d’or et d’argent. Quand le maqom
fut noir de monde, le Conseil des Cent Quatre s’avança en bon ordre sur les
marches du Sénat et Mahrabaal prit la parole :
    — Peuple
de Carthage, vous devez désigner aujourd’hui l’homme qui commandera nos troupes
en Sicile. La guerre dure depuis de trop longues années et trop de vos fils
sont morts au loin ou croupissent dans les prisons romaines. Les mercenaires,
que nous avons engagés par milliers, coûtent cher au Trésor public.
    — C’est
surtout nous qui payons trop d’impôts, cria une voix dans la foule.
    — C’est
vrai. Les impôts sont trop lourds et ils le demeureront tant que nous serons en
guerre. Voilà pourquoi nous devons à tout prix remporter une victoire éclatante
en Sicile et contraindre l’ennemi à demander la paix. Les Romains ont perdu
leur flotte et leurs troupes sont démoralisées. Les nôtres, par contre, sont
pleines d’allant et vont recevoir sous peu de nouveaux renforts. Il vous
appartient maintenant de désigner celui qui les commandera. Deux noms vous sont
proposés par notre Conseil, celui d’Hamilcar Barca et celui de Baalyathon. Nous
nous inclinerons devant votre choix, quel qu’il soit. Tous deux vont s’adresser
à vous, puis vous désignerez par acclamations celui qui a vos faveurs. Si
Hamilcar le permet, je laisse la parole au plus ancien, à Baalyathon, membre du
Conseil des Cent Quatre. Illustre collègue, nous t’écoutons.
    Le père de
Carthalon se détacha du groupe des sénateurs, contempla la foule et dit d’une
voix claire :
    — Peuple
de Carthage, tu sais que je suis ton ami et que je t’ai comblé de cadeaux lors
de chacune de nos grandes solennités. Comme toi, j’aspire à la paix. Longtemps,
j’ai été hostile à la guerre et cela m’a valu d’être injurié et calomnié. On
m’a traité d’ami des Romains. J’ai combattu en Sicile et j’ai été fait
prisonnier. Par une ruse, j’ai réussi à recouvrer la liberté en faisant croire
à nos ennemis que des négociations de paix pouvaient s’ouvrir entre nous.
J’avais donné ma parole de revenir me constituer prisonnier si ces pourparlers
échouaient. Je ne l’ai pas fait et Rome me tient désormais pour un parjure. Je
n’ai rien à espérer d’elle si ce n’est la mort. Voilà pourquoi je suis le plus
apte à commander nos troupes en Sicile. Je dois vaincre pour rester en vie.
Vous ne pouvez pas faire de meilleur choix. J’ai dit.
    Marhabaal
se tourna vers Hamilcar :
    — À
toi, fils d’Adonibaal.
    — Citoyens
de Carthage, ville de notre bien-aimée reine Elissa, vous savez qui je suis et
ce que j’ai accompli dans le passé. Baalyathon vient de vous exposer habilement
les raisons qui devraient vous pousser à le désigner comme votre général en
chef. Je dois le reconnaître, elles sont excellentes.
    De la
foule, jaillit un murmure indigné qu’Hamilcar apaisa en levant le bras :
    — J’ai
dit qu’elles étaient excellentes. Mais elles ne sont pas suffisantes. Il veut
gagner la guerre en Sicile. Moi aussi.

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