Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
sous peu,
j’irai rejoindre les mânes de mes ancêtres. Ne perds pas un temps précieux en
restant auprès de moi. Galope plutôt jusqu’à Rome pour ordonner aux sénateurs
de fermer l’enceinte de la ville après avoir fait rentrer vivres, fourrages et
provisions en quantités nécessaires pour soutenir un long siège. Qu’ils ordonnent
aux civils de chercher refuge dans nos colonies situées plus au nord, cela fera
autant de bouches en moins à nourrir. Dis aux Pères conscrits qu’ils confient
le commandement des opérations à mon vieil ami Quintus Fabius Maximus dont
j’admire la sagesse et dont j’ai toujours suivi les conseils. Lui seul peut
redresser la situation compromise par la folie criminelle de Caïus Térentius
Varron. Je remercie les dieux de m’ôter l’existence car, si je survivais à mes
blessures, il me faudrait l’accuser publiquement devant le peuple et je méprise
trop la populace pour lui offrir un spectacle préjudiciable à la dignité de nos
institutions. Adieu, mon ami, puisses-tu réchapper de cette tuerie et accomplir
la mission sacrée que je t’ai confiée.
    Il avait à
peine fini de prononcer ces graves paroles qu’une escouade de fantassins
carthaginois arriva à sa hauteur, le criblant de traits meurtriers. Le préteur
ne dut son salut qu’à son cheval, qui, blessé par un javelot, partit au grand
galop, emportant avec lui son cavalier. Avec quelques centaines de rescapés,
Caïus Térentius Varron, hébété et prostré, avait gagné Canusium [35] , où, tard dans la
soirée, un centurion lui fit part des premières estimations concernant les
pertes subies par l’armée à l’issue de cette funeste journée :
quarante-cinq mille fantassins et six mille sept cents cavaliers avaient péri
cependant qu’environ dix-neuf mille hommes avaient été faits prisonnier. Les
pertes se montaient donc à soixante-six mille sept cents soldats sur un
effectif total de quatre-vingt-sept mille, ce qui constituait la plus sanglante
défaite jamais essuyée par Rome. Parmi les victimes, outre Lucius Aemilius
Paullus, figuraient vingt-neuf tribuns militaires, d’anciens consuls, parmi
lesquels Cnaeus Servilius Geminus et Marcus Minucius Rufus, des dizaines de
questeurs, édiles et préteurs ainsi que quatre-vingts sénateurs combattants
comme engagés volontaires. En détroussant les cadavres, les Gaulois et les
Ibères dénombrèrent aussi plusieurs centaines de chevaliers romains, reconnaissables
à l’anneau d’or qu’ils portaient au doigt.
    Chez les
survivants qui avaient pris la fuite et erraient à l’abandon entre les
localités voisines, le désespoir était à son comble. Quelques jeunes officiers
se réunirent autour de Publius Furius Philus, dont le père avait jadis été
consul, et, constatant que rien ne pouvait plus sauver Rome du désastre, firent
serment de gagner un port voisin, de s’embarquer à bord de navires spécialement
affrétés pour rejoindre la Grèce ou l’Asie et offrir leurs services aux
souverains étrangers qui accepteraient de les accueillir. Lorsqu’il eut vent de
cette conspiration, le jeune Publius Cornélius Scipion, qui avait sauvé son
père de la mort à la bataille de la Trébie, se rendit à la hâte chez les
conspirateurs qu’il mit en état d’arrestation. Puis, plaçant son épée nue
au-dessus de leurs têtes, il leur fit répéter le serment suivant :
« Je jure en mon âme et conscience de ne pas abandonner la République
romaine et de ne pas tolérer qu’un citoyen l’abandonne. Si je manque sciemment
à cette promesse, que Jupiter Très bon, Très grand frappe ma personne, ma
maison, ma famille, mes biens des malheurs les plus affreux. » Aucun ne se
déroba et, de retour dans la cité de Romulus, ils furent de ceux qui
s’évertuèrent à ranimer l’espoir chez leurs concitoyens endeuillés qui, pour
apaiser la colère des dieux, avaient été jusqu’à faire enterrer vivants, sur la
place du marché aux bestiaux, deux Grecs et deux Gaulois.
    Dans le
camp carthaginois, l’on avait à déplorer sept mille morts dont quatre mille
mercenaires gaulois et ibères. On fit un véritable triomphe à un cavalier
numide qui fut découvert vivant sous le cadavre d’un Romain, le nez et les
oreilles arrachées par ce dernier qui, n’ayant plus la force de tenir une arme,
avait expiré en déchirant à coups de dents son adversaire. Le soir venu,
Maharbal, Magon et leurs officiers retrouvèrent sous sa tente Hannibal

Weitere Kostenlose Bücher