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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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de Romulus pour protester de leur fidélité
et exiger comme seule garantie de leur non-abandon par Rome que l’un des deux
prochains consuls soit choisi dans leurs rangs. Les Pères conscrits ont été
tellement outrés de cette prétention qu’ils ont ordonné à la délégation de
quitter sur-le-champ l’ager romanus. Les malheureux ont dû obtempérer
et, sous le coup d’une légitime fureur devant tant d’ingratitude, se sont
présentés aux portes de mon camp pour solliciter une audience.
    — Te
connaissant, je suppose que tu as déployé des trésors de séduction pour les
convaincre de se rallier à toi.
    — Tu
te trompes. Je me suis simplement conduit comme un simple être humain et je les
ai accueillis avec tous les honneurs dus à leur rang. Je les ai écoutés et leur
ai dit que je ne chercherais pas à accroître le poids de leurs déboires. Cela a
suffi pour que nous signions immédiatement le traité suivant :
« Aucun général, aucun magistrat carthaginois n’exercera de droits sur un
citoyen campanien ; aucune obligation militaire, aucune servitude ne sera imposée
à un citoyen campanien. Capua gardera ses institutions et ses magistrats ;
Hannibal laissera les Campaniens choisir trois cents prisonniers romains pour
les échanger contre les cavaliers campaniens engagés en Sicile. » Il n’en
a pas fallu davantage pour que les portes de la ville s’ouvrent devant moi.
    — Je
me réjouis de la conclusion de cet accord mais, pour l’honneur des Capuans,
j’aurais préféré que les plus courageux d’entre eux tentent de s’opposer par
tous les moyens à cette capitulation déguisée. Je n’aime pas avoir des lâches
pour alliés.
    — Je
te rassure. Il s’est trouvé parmi eux au moins deux hommes répondant à tes
souhaits. Le premier est le propre fils de Pacuvius Calavius dont je t’ai déjà
parlé. Son père avait donné un banquet en mon honneur et, pour l’honorer,
j’avais décidé de placer son rejeton à ma droite. Ce gringalet non seulement a
refusé de m’adresser la parole mais, quand je lui ai proposé de boire une coupe
de vin pour fêter l’amitié toute nouvelle entre Capua et Carthage, il a préféré
quitter la salle. Son père s’est lancé à sa poursuite et j’ai ordonné à Silénos
d’espionner leur conversation. Ce qu’il m’a rapporté était édifiant. En pleurs,
le jeune homme a confié à son père qu’il avait dissimulé sous sa tunique un
poignard et qu’il comptait me l’enfoncer dans le cœur quand l’abus de vin
aurait endormi ma méfiance. Pour le convaincre de renoncer à son forfait, son
père n’a trouvé d’autre solution que de l’apitoyer en versant de chaudes
larmes : « Mon fils, je ne puis t’empêcher de faire ce que l’honneur
ou ce que tu prends pour l’honneur te commande d’accomplir. Mais Hannibal est
mon invité et je ne puis tolérer qu’on transgresse sous mon toit les lois
sacrées de l’hospitalité. Sache que, si tu persistes dans ton intention
criminelle, je protégerai le chef punique en lui faisant un rempart de ma
poitrine. » À ces mots, le jeune homme bouleversé éclata en sanglots et
dit à l’auteur de ses jours : « Je sacrifierai à mon père ce que je
dois à ma patrie. Je souffre pour toi, qui t’es rendu trois fois coupable de
trahison envers ta ville : la première fois en proposant d’abandonner
Rome, la deuxième en conseillant la paix avec Hannibal et la troisième
aujourd’hui, en retardant et en empêchant le retour de Capua dans l’alliance de
Rome. Reçois, ô ma patrie, cette épée que j’ai prise pour te sauver, quand je
suis entré dans ce repaire d’ennemis, puisque mon père me l’arrache des
mains. » Il l’a jetée par-dessus le mur du jardin. Silénos l’a récupérée
et je l’ai rendue au jeune homme quand il a repris place à table afin de lui
prouver mon admiration. Depuis, nous sommes les meilleurs amis du monde.
    — Et
quel fut le second de tes ennemis ?
    — Un
sénateur local, Décius Magius, qui m’a défié publiquement lorsque je me suis
adressé à ses collègues.
    Je l’ai
fait alors conduire à mon camp pour m’entretenir en privé avec lui. Durant
toute la route, il n’a cessé de haranguer la foule qui se massait le long du
cortège : « Vous l’avez, Campaniens, la liberté que vous avez
demandée ; au milieu du forum, en plein jour, sous vos yeux, moi le
principal citoyen de la ville, on m’enchaîne et on me traîne

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