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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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m’ont
prouvé qu’ils ne méritaient pas que je sacrifie pour eux un seul de mes hommes.
Mon unique regret est d’avoir dû abandonner Bostar et Hannon qui commandaient
nos troupes stationnées dans cette ville. Les Capuans ont d’ailleurs été
cruellement punis de leur traîtrise. Les sénateurs les ont abreuvés de belles
promesses et leur ont fait miroiter l’espoir qu’ils obtiendraient leur pardon à
condition de livrer ceux de leurs magistrats coupables d’avoir collaboré avec
nous. Ceux-ci se sont comportés dignement et ont préféré se suicider plutôt que
de manquer à leur parole. Leurs corps étaient à peine froids que leurs
concitoyens se sont empressés d’ouvrir aux légions la porte de Jupiter et de
leur livrer nos soldats. Mal leur en a pris car les vainqueurs ont fait
exécuter tous les citoyens les plus fortunés de Capua et ont vendu comme
esclaves tous les autres, sans distinction de sexe ou d’âge. Leurs biens
appartiennent désormais au Sénat romain et la cité la plus prospère de la
Campanie n’est plus qu’une humble bourgade peuplée par des affranchis et des
artisans de basse extraction acheminés à grands frais de Rome. Voilà comment
celle-ci traite ceux qui l’ont trahie et cette leçon devrait inspirer une
salutaire terreur à tous nos alliés. Ils n’ont aucune pitié à attendre de la
cité de Romulus et leur sort est inexorablement lié au nôtre. C’est peut-être
là la seule victoire dont je puisse m’enorgueillir pour cette année.

Chapitre 5
    Les propos
tenus par le chef punique à Magon et à Maharbal n’exprimaient pas ses
sentiments véritables. En effet, depuis l’annonce de la reddition de Capua,
Hannibal était inquiet, sujet à de terribles accès de colère et de désespoir.
Hélène, sa compagne, avait tenté mais en vain de l’apaiser en usant de ses
charmes et en lui prodiguant d’expertes caresses. Il l’avait repoussée sans ménagement,
lui ordonnant de ne plus venir l’importuner. La jeune femme avait cru à un
moment d’irritation passagère et s’était retirée à l’autre extrémité du camp,
acceptant la cour empressée que lui faisaient certains jeunes officiers
carthaginois. Bien entendu, il n’était pas question pour elle de céder à leurs
avances. Elle voulait simplement éveiller dans le cœur du général un sentiment
de jalousie qui le pousserait à la rappeler auprès de lui. Elle déchanta
rapidement. Le fils d’Hamilcar persistait à l’ignorer superbement et à passer
ses soirées en solitaire, refusant de partager le repas de ses principaux
capitaines.
    Un matin,
Silénos se présenta, accompagné d’esclaves porteurs de présents, chez la
maîtresse délaissée dont le cœur se mit à battre violemment. Elle fit patienter
le confident de son compagnon et ordonna à ses servantes de la parer de ses
plus riches atours et de ses bijoux les plus précieux. Elle se devait d’être
magnifique quand elle traverserait le camp à pas comptés pour se rendre dans les
quartiers du commandant en chef. Les soldats, en la contemplant, ne
manqueraient pas de s’extasier sur sa beauté et elle leur adresserait en
remerciement son sourire le plus enjôleur. Sa disgrâce allait prendre fin et
elle retrouverait auprès de son amant la place qu’elle considérait comme lui
étant due.
    Quand elle
apparut devant Silénos, ce dernier s’inclina respectueusement et elle remarqua
son regard empreint de convoitise.
    — Ami,
dit-elle, tu m’as manqué. Je ne te fais aucun reproche car tu obéissais aux
ordres de ton maître et tu n’as pas voulu provoquer son ire en venant comme
autrefois me rendre visite. Tu sais l’estime que je te porte et tu peux être
assuré que je ne te tiendrai pas rigueur de ton comportement. Ces présents,
dont tes serviteurs sont porteurs, m’indiquent qu’Hannibal s’ennuie de moi et
qu’il veut se faire pardonner sa conduite. Remporte-les et dis-lui que je n’ai
pas besoin de ses cadeaux pour accourir à ses côtés. Je l’aime et je suis folle
de joie à l’idée de le retrouver.
    — Je
crains fort de te décevoir. Il t’offre ces richesses pour te montrer sa
reconnaissance. Tu l’as distrait et comblé de tes faveurs, ce dont il te sait
gré. Tu sais qu’il est généreux de nature et je puis dire que, cette fois, il
s’est surpassé en faisant déposer à tes pieds une fortune considérable dont tu
pourras user à ta guise. Mais il exige que tu te retires là où bon te

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