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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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engouement
pour les Numides. Nous priverons de la sorte notre généralissime d’un allié
précieux qui ira se jeter dans les bras des Romains si ces derniers veulent
bien d’un proscrit et d’un exilé. De surcroît, il défaillira de jalousie à
l’idée que ma fille, dont il connaît de réputation la beauté, devienne la femme
de son rival, infiniment plus âgé et moins beau que lui. Il cherchera à se
venger et, pendant que lui et Syphax s’entre-déchireront, nous réglerons leurs
comptes aux Romains.
    — Leur
consul, m’a-t-on dit, envisage de débarquer en Afrique.
    — Oui,
car il croit que le roi des Masaesyles l’aidera à mettre le siège devant notre
ville. Quand il s’apercevra que son allié est devenu mon gendre, il regrettera
amèrement de s’être lancé dans une telle aventure. Ce sera un nouveau Regulus
mais, cette fois-ci, aucun Barca ne sera là pour lui permettre d’échapper à la
captivité.
    — Ta
fille acceptera-t-elle de partager la couche de ce vieillard ?
    — J’en
suis convaincu.
    Avec
l’approbation d’Hannon le grand, Hasdrubal, fils de Giscon, partit pour Cirta
en compagnie de Sophonisbé. Celle-ci, âgée d’à peine vingt ans, était d’une
beauté époustouflante. Ses cheveux noirs, son teint mat, sa taille fine, ses
yeux marron et sa bouche sensuelle n’étaient rien à côté de son intelligence et
du charme un peu languissant de sa conversation. Les mots qui tombaient de sa
bouche étaient comme des gouttes d’eau s’écoulant d’un puits dans le désert.
Son regard transperçait tous ceux qui avaient l’audace de la contempler,
fascinés par sa démarche soigneusement étudiée. Son père lui avait fait donner
des leçons de chant par un esclave grec, musicien renommé, et elle savait
s’accompagner en tirant d’une lyre des sons plaintifs ou langoureux.
    Lors de la
première soirée qu’ils passèrent dans le palais royal de Cirta, Hasdrubal put
observer le regard de convoitise que jetait son hôte sur son invitée. Tard dans
la soirée, le fils de Giscon demanda à Sophonisbé de régaler le souverain de
quelques mélodies. Elle se fit prier, puis s’exécuta avec un sourire malicieux.
Quand sa voix s’éleva, cristalline, le Numide se sentit envahi par une étrange
sensation. Pareille beauté devait lui appartenir et il était prêt à tout pour
parvenir à ses fins.
    Sur un
signe de son père, Sophonisbé s’éclipsa discrètement pour regagner ses
appartements, laissant les deux hommes en tête à tête.
    — Hasdrubal,
mon ami, je suis heureux de te revoir. Tu m’avais promis de me rendre visite
dans ma capitale mais je ne savais pas que cela me vaudrait l’honneur de faire
la connaissance de ta fille. J’ai cru avoir devant mes yeux une déesse.
    — Chaque
jour, je remercie les dieux de m’avoir donné une si belle enfant. Pourtant, je
dois te l’avouer, mon cœur de père est triste.
    — Comment
est-ce possible ?
    — Cette
péronnelle que tu admires tant a refusé la main de plusieurs jeunes
aristocrates carthaginois appartenant aux meilleures familles de notre cité.
    — Pourquoi ?
dit, d’un ton faussement désintéressé, le souverain numide.
    — Elle
a prétendu qu’ils étaient trop jeunes. D’après ce que m’a dit son ancienne
nourrice, qui est toujours attachée à son service, ma fille ne se complaît que
dans la compagnie de personnes plus âgées qu’elle.
    — Je
ne saurai lui donner tort.
    — Et
je ne te parle pas de ses lubies !
    — Lesquelles ?
    — Je
l’ai élevée dans le respect de nos traditions et dans la fidélité à notre
culture. Elle n’a jamais refusé de célébrer les sacrifices que toute
adolescente doit offrir à Tanit et à Baal Hammon. Mais je ne suis pas sûr
qu’elle soit véritablement carthaginoise.
    — Avec
un père comme toi, qui oserait en douter ?
    — Vois-tu,
la plupart de nos servantes sont numides et elles n’ont cessé de lui parler de
votre peuple et de ses coutumes. C’est un sujet qui la passionne à tel point
qu’elle nourrit d’étranges idées.
    — J’ai
hâte d’en apprendre plus.
    — Elle
est persuadée que vous, les Numides, et, nous les Carthaginois, devrions former
une seule et même nation tout en préservant, chacun, certaines de nos
spécificités respectives. Je suis sûr que, s’il ne tenait qu’à elle, elle
épouserait plutôt l’un de vos jeunes gens que le fils d’un membre du Conseil
des Cent Quatre.
    — Je
ne

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