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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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leurs
mains. Je ne te le conseille pas car mes cris auraient tôt fait d’alerter la domesticité
et de t’exposer à un scandale dont tu ne sortirais pas grandi.
    — Sache
que je suis ici chez moi et que je puis y installer qui je veux.
    — Erreur :
ce palais est celui de ton père, Mutumbaal, et, quoi qu’il ait pour toi une
affection dont tu es indigne, sache qu’il ne saurait tolérer que tu me fasses
pareil affront. Tu ne pourras résider ici qu’à la seule condition de renvoyer à
Nepheris cette intrigante qui te conduira à ta perte.
    — Me
transmets-tu là l’ordre de mon père ?
    — Oui.
    — Fort
bien. Je ne veux pas lui désobéir. Je m’installerai donc dans les bâtiments de
l’Amirauté.
    — Songes-tu
à ce que diront tes enfants ?
    — Leur
avoueras-tu que tu te sers d’eux pour assouvir ta soif de vengeance et pour
régler tes comptes avec ton époux ? Ils sont encore trop jeunes pour
comprendre mais un jour viendra où ils apprendront la vérité et je ne suis pas
certain qu’ils te donneront alors raison.
    — Que
faire ?
    — Il
te suffira de leur expliquer que mes fonctions de commandant de la garnison
requièrent ma présence, jour et nuit, auprès de mon état-major. Bien entendu,
de temps en temps, je viendrai leur rendre visite. Seul, sois sans crainte, et
j’attends de toi que tu te comportes alors en mère et en épouse attentionnée.
Je dois maintenant te quitter. Il me tarde de retrouver Arishat. Elle, au
moins, a conscience des charges qui sont les miennes et prend soin de ne pas
m’importuner.
    Le soir
même, je racontai cette scène à ma compagne, ajoutant en riant qu’il me serait
sans doute plus facile de faire la paix avec les Romains que de me réconcilier
avec Himilké. Elle fit mine de sourire à ce bon mot et entreprit d’installer
nos appartements du mieux qu’elle put. Une ou deux fois par semaine, je me
rendais à Mégara, de préférence lorsque je savais que mon père y passait la
soirée.
    Je
profitai d’ailleurs lâchement de sa présence un soir pour inviter mon fils et
ma fille à venir me rendre visite à mon quartier général. Leur mère ne put s’y
opposer et, le lendemain, je leur fis visiter le port militaire et les
arsenaux. Ils furent ravis de cette escapade et obtinrent de Mutumbaal
l’autorisation de revenir me voir à intervalles réguliers. Entre nous, cela
devint vite un jeu. S’ils avaient été particulièrement sages, leur grand-père
les récompensait en les autorisant à venir me voir non sans avoir au préalable
pris soin de vérifier que mon emploi du temps me permettait de les recevoir.
Très vite, je dus me rendre à l’évidence : je n’avais que de trop rares
instants à leur consacrer mais, pour ne point les décevoir, je ne supprimai pas
ces visites. Après avoir passé quelques minutes avec eux, je les confiais à
certains de mes subordonnés qu’ils questionnaient avidement sur mes activités.
Un jeune officier numide se prit ainsi d’amitié pour mon fils et lui apprit à
se perfectionner dans le maniement des armes, lui confiant parfois le soin de
conduire avec lui une patrouille en ville. Quant à ma fille, elle passait le
plus clair de son temps dans les ateliers des arsenaux, à observer le travail
des femmes tissant des cordages pour nos machines de guerre et nos navires, et
les ouvrières lui donnaient de menues tâches à accomplir.
    Lorsqu’ils
étaient présents, Arishat s’abstenait de paraître, ce dont je lui savais gré.
Cela contribua à renforcer nos liens et son influence sur moi ne cessa de
croître. Je l’ai déjà dit, elle était remarquablement intelligente et, sans
être une intrigante née, savait, le moment venu, me donner de précieux
conseils. J’eus vite l’occasion de m’en rendre compte. Elle s’était liée
d’amitié avec Bithya sans que j’en éprouve la moindre jalousie car il était de
notoriété publique que mon adjoint, un robuste et viril guerrier, était plus
attiré par ses jeunes pages que par les femmes. Les longues discussions qu’elle
eut avec lui, lui permirent de glaner des renseignements précieux et de nourrir
un plan dont j’aurais aimé qu’il ait été l’œuvre de l’un de mes généraux. Un
soir, alors que nous étions allongés sur notre couche, après avoir fait
l’amour, elle m’interrogea :
    — N’as-tu
pas l’impression, Hasdrubal, d’être pris au piège dans Carthage ?
    — Qu’entends-tu
par là ?
    — Tu
te

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