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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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réviser leur position. Ne reviens
pas avant de les avoir gagnés à notre cause. C’est sur tes frêles épaules que
repose l’avenir de notre royaume. À toi de ne pas décevoir la confiance absolue
que je place en toi et qui te vaudra, le temps venu, un traitement de faveur.

Chapitre 5
    Sitôt
averti de l’embuscade que nous avions tendue à Gulussa et à Micipsa, Hannon le
Rab était entré dans une violente colère mais, en fin politique, il avait su
faire taire ses sentiments. Il avait été provisoirement mis en minorité au sein
du Conseil des Cent Quatre tout en continuant à le diriger. Mutumbaal avait en
effet refusé de se porter candidat à sa succession sur les conseils d’Azerbaal.
Ce dernier, toujours retiré sur ses terres, savait que ses partisans hésitaient
encore à apporter leurs suffrages au chef du parti barcide. Mieux valait
ménager leur susceptibilité et tenter de les rallier individuellement en leur
promettant qu’ils en retireraient moult avantages. Affaibli, Hannon le Rab
devait donc louvoyer et se montrer conciliant et il était plus facile à
manœuvrer dans ces circonstances que s’il s’était retrouvé à la tête de
l’opposition. Je savais donc qu’il n’oserait pas me sanctionner par crainte des
réactions que susciterait un tel geste.
    Le peuple
me savait gré d’avoir donné une bonne leçon aux Numides et l’on murmurait mon
nom avec admiration dans les tavernes autour du port. Dans le même temps, de
nombreux aristocrates, qui jusqu’alors m’ignoraient complètement, me
complimentèrent chaleureusement et m’invitèrent dans leurs demeures. Je n’étais
pas dupe de ce revirement d’attitude. Ils avaient des filles à marier et
j’étais un parti idéal. Mon père était à la tête d’une fortune colossale et
beaucoup pressentaient que, tôt ou tard, il serait appelé à diriger notre cité.
Averti des intrigues qui se tramaient autour de moi, Mutumbaal me convoqua pour
sonder mes intentions.
    — Hasdrubal,
je me fais vieux et je ne voudrais pas mourir avant d’avoir eu la joie de
connaître mes petits-enfants. Notre famille est l’une des plus illustres de
Carthage et elle ne peut disparaître. Aussi est-il grand temps pour toi de prendre
femme. Les candidates ne manquent pas à ce qu’on m’a rapporté et j’aimerais
savoir si l’une d’entre elles a trouvé grâce à tes yeux.
    — A
mon grand regret, je dois t’avouer que non. Peut-être l’ignores-tu mais, durant
mon séjour à Oroscopa, j’ai eu une liaison avec Arishat, la fille de
Bodeshmoun, le commandant de la garnison. Je ne l’ai pas revue depuis des mois
et, si j’en avais la possibilité, c’est elle que je choisirais.
    — Une
telle union constituerait une mésalliance et tu comprendras aisément que je ne
saurais l’approuver.
    — Tu
n’as pas de souci à te faire. Arishat est une curieuse personne. Elle tient
trop à son indépendance pour supporter l’existence semi-recluse que mènent nos
épouses. Elle me l’a avoué dès notre rencontre et je ne crois pas qu’elle ait
changé d’avis. À ton sourire, je suppose que cela te comble d’aise car tu as un
parti à me proposer.
    — En
effet et je pense qu’il aura tout pour te plaire. Il s’agit d’Imilké, la fille
de mon collègue Abdmilk, petit-fils de Magon, le frère d’Hannibal. En te
mariant avec elle, tu entreras dans la famille des Barca dont la gloire
rejaillira sur la tienne. Qu’en penses-tu ?
    — Est-elle
au moins belle ? Je ne voudrais pas d’un laideron dans mon lit.
    — Je
vais être franc avec toi. Elle a sans doute moins de charme et de prestance que
ton Arishat encore qu’elle ne soit pas disgracieuse. Elle a reçu une éducation
soignée et fera une excellente maîtresse de maison et une bonne mère. Cela
devrait te suffire. Sa principale qualité réside toutefois dans sa lointaine
parenté avec Hannibal et cela me permettra d’éliminer tous mes rivaux au sein
du parti barcide.
    — Pourrais-je
la rencontrer ?
    — Son
père et elle-même seront nos invités ce soir. Tu jugeras sur pièces et tu me
feras connaître ta décision.
    J’avais craint
le pire en écoutant les paroles prudentes de mon père. En fait, Imilké, âgée
d’une vingtaine d’années, était ravissante. Les cheveux noirs et bouclés, le
visage ovale, elle était bien proportionnée de corps et d’une intelligence
remarquable. Dire qu’elle me subjugua serait cependant beaucoup s’avancer. Il
me

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