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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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si nous acceptons sans réagir les atteintes à
notre souveraineté.
    — Je
crois que tu parles en véritable patriote et, malgré les désaccords que nous
avons pu avoir dans le passé, désormais, rien ne nous séparera plus.
    Le
lendemain, Mutumbaal transmit aux deux princes numides la réponse du Conseil
des Cent Quatre. Outrés de l’affront qui leur était fait, les deux jeunes gens
ordonnèrent à leur suite de lever le camp immédiatement. Leur troupe se dirigea
vers Utique. Contrairement à ce que lui avait suggéré son frère Micipsa,
Gulussa ne prit aucune précaution particulière puisqu’il disposait d’un
sauf-conduit sous la forme d’une lance carthaginoise surmontée de deux queues
de cheval. Aucun éclaireur ne fut donc envoyé en avant pour s’assurer que le
chemin était libre. Bientôt, les Numides furent en vue du pont étroit
franchissant le fleuve Bagradas. Il était obstrué par un chariot dont le
chargement de lourds blocs de pierres s’était renversé sur la chaussée. Des
esclaves s’affairaient pour libérer le passage sous la surveillance d’un
contremaître rouge de colère auquel Micipsa s’adressa :
    — Quand
pourrons-nous passer ?
    — Dès
que ces chiens auront fini leur travail. J’ai beau caresser leur échine avec
mon fouet pour stimuler leur zèle, ces maladroits en ont pour des heures de
travail. À mon avis, noble seigneur, tu ferais mieux d’emprunter le gué situé à
une heure d’ici. Il est signalé par les cabanes de quelques paysans qui voudront
vous faire payer une taxe. Je suppose que tu as les moyens de leur faire
entendre raison.
    — Merci
de ton conseil. Je ne dégarnirai pas ma bourse pour si peu.
    La troupe
numide partit dans la direction indiquée et parvint à proximité du gué déserté
par ses gardes. De part et d’autre du fleuve, les rives étaient recouvertes
d’épais buissons de roseaux. Tout paraissait calme. Aussi Gulussa ordonna-t-il
à ses hommes de mettre pied à terre et de faire traverser à la nage leurs
montures en les tenant par l’encolure. Craintifs, les chevaux s’avancèrent tout
d’abord prudemment puis, encouragés par leurs cavaliers, luttèrent
courageusement contre la force du courant. Quand tous furent passés, le groupe
prit quelques moments de repos. Les hommes avaient ôté leurs vêtements pour les
faire sécher au soleil et devisaient gaiement entre eux cependant que les
animaux broutaient l’herbe de la prairie. Soudain, le son d’une trompette
retentit. Des roseaux, l’on vit sortir une escouade de cavaliers carthaginois
au milieu desquels je me trouvais, aisément reconnaissable à mon manteau de
commandement. Elle fondit sur le petit détachement numide, massacrant plus de
la moitié de ses membres. Avec quelques survivants, les deux fils de Masinissa
eurent tout juste le temps de s’enfuir, galopant à folle allure vers la ville
la plus proche occupée par une garnison masaesyle, sans s’apercevoir que leurs
agresseurs, leur forfait accompli, avaient repris le chemin de Carthage,
laissant les vautours et autres oiseaux de proie déchiqueter les cadavres.
    A leur
arrivée à Cirta, les deux princes furent immédiatement reçus par leur père,
Masinissa. Âgé de quatre-vingt-sept ans, ce dernier était un vieillard chenu
doté, en dépit de graves blessures reçues au combat, d’une étonnante vitalité.
Il écouta le récit qu’on lui fit et de l’ambassade et de l’embuscade avant de
laisser éclater sa colère :
    — Cette
attaque constitue une violation flagrante des règles sacrées de l’hospitalité
et ce d’autant plus que vous étiez protégés par un sauf-conduit délivré par
Hasdrubal l’étourneau. Qui commandait vos assaillants ?
    — Hasdrubal
le boétharque en personne et il n’a pris aucune précaution pour se dissimuler à
notre vue. Crois-moi, père, fit Gulussa, il s’agit d’une véritable déclaration
de guerre même si les Carthaginois, soucieux de ménager l’avenir, ont pris soin
de ne pas s’attaquer à tes fils. J’ai même l’impression qu’ils avaient reçu la
consigne de nous épargner et de se contenter de massacrer une partie de notre
escorte.
    — Hasdrubal
n’a pas agi à la légère, continua le souverain. Il obéissait aux ordres du
Conseil des Cent Quatre. Puisque la cité d’Elissa veut la guerre, elle l’aura.
Je vais donner l’ordre à mes généraux de rassembler nos troupes et, sous peu,
nous marcherons vers Carthage pour faire

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