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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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furent ceux qui y
parvinrent. Du haut de la muraille, les défenseurs de la ville lancèrent des
brûlots sur les bateaux et incendièrent plusieurs dizaines d’entre eux.
Contraint à l’immobilisme, Marcius Censorinus partit pour Rome où sa présence
était requise pour veiller à l’organisation de l’élection par les Comices des
consuls de l’année suivante.
    Son
collègue, lui, ne nous causa guère d’ennuis. Installé à quelques stades de la
porte d’Utique, il limitait son activité à l’envoi de patrouilles dans la
campagne environnante pour intercepter d’éventuels convois de ravitaillement
destinés aux assiégés. Son camp, construit à la hâte, n’était pas inexpugnable
et Hasdrubal l’étourneau décida de lui infliger une bonne leçon. Par ses
espions, il avait appris que Manius Manilius avait décrété des festivités en
l’honneur de Mars, le dieu de la guerre chez ses compatriotes, afin de se
concilier ses faveurs. La cérémonie religieuse devait être suivie d’un banquet
offert à la troupe durant lequel le vin coulerait à flots. Dans le plus grand
secret, le chef de notre garnison ordonna à ses cavaliers et à ses fantassins
de se rassembler dans le faubourg de Mégara à la tombée de la nuit. Quand des
bruits en provenance du camp ennemi indiquèrent que les réjouissances battaient
leur plein, il effectua une sortie et pénétra à l’intérieur du retranchement
romain, massacrant des centaines de soldats, arrachant une partie de la
palissade et incendiant les stocks de provisions ainsi qu’un certain nombre de
machines de guerre. Malheureusement, alerté par les flammes qui s’élevaient
haut dans le ciel étoile, Publius Cornélius Scipion Aemilianus, contournant par
le nord notre enceinte et la forteresse de Byrsa, se porta au secours des siens
et repoussa nos contingents. Puis, après un bref conciliabule avec Manius Manilius,
il lui ordonna de remplacer la palissade de bois par une muraille édifiée avec
les pierres arrachées aux maisons des bourgades et des villages abandonnés par
leurs habitants. De même, il fit construire, à proximité de la mer, un fort
pour y entreposer le ravitaillement qui lui parvenait d’Utique par mer.
    Hasdrubal
l’étourneau le laissa faire, pensant que, ainsi, les Romains s’enfermaient dans
une sorte de prison. Pour ma part, je consacrai tous mes efforts à empêcher les
Fils de la Louve de se procurer du fourrage dans la campagne où les récoltes
étaient prêtes à être moissonnées. Chaque jour, plusieurs détachements ennemis
s’aventuraient assez loin de leurs positions. Retrouvant les gestes de leur
enfance et de leur adolescence, les légionnaires moissonnaient le blé et
chargeaient à bord de lourds chariots le grain et le fourrage. Phaméas remarqua
qu’ils travaillaient le plus souvent sans protection. Aussi lança-t-il contre
eux à partir de Nepheris des raids audacieux, leur infligeant des pertes sévères.
Ses hommes se cachaient dans les vallées et dans les bois et fondaient à
l’improviste sur les fourrageurs. Publius Cornélius Scipion Aemilianus ne tarda
pas à réagir en changeant de tactique. Il se contenta d’opérer sur de petites
superficies de terres cultivables, ses cavaliers protégeant les légionnaires
occupés aux travaux des champs. Dès qu’ils apercevaient à l’horizon les
détachements de Phaméas, ils se repliaient en bon ordre.
    Les succès
obtenus par mon adjoint lui avaient valu une grande popularité dont je pris
ombrage. Et ce d’autant plus que ma maîtresse, Arishat, ne paraissait pas
insensible à son charme. J’eus avec elle une discussion orageuse, lui faisant
comprendre que je n’étais pas homme à accepter d’être trompé. L’air penaud,
elle s’excusa mais le mal était fait. Phaméas en était tombé amoureux et, plus
d’une fois, je le surpris à rôder autour de ma tente, trouvant toujours un
mauvais prétexte pour justifier sa présence. Je ne pouvais entrer en conflit
avec lui et je dus déployer des trésors d’hypocrisie pour feindre de croire à
ses explications embarrassées. Mais le germe de la discorde commença à
s’installer entre nous et contribua à provoquer ultérieurement sa trahison.
    Pareilles
dissensions existaient aussi chez les Fils de la Louve. Les rapports entre
Manius Manilius et Publius Cornélius Scipion Aemilianus s’étaient eux aussi
détériorés. Le premier, enfin débarrassé de Marcius Censorinus, espérait
conclure

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