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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Sénat, comme s’il voulait m’indiquer par là qu’il se plaçait
spontanément sous mes ordres. Je l’avoue, je fus sensible, sans être dupe de
ses intentions, à cette marque de prévenance. Il cherchait à dissiper tout
malentendu entre nous et à se présenter sous son meilleur jour.
    Notre
promenade autour de la ville, construite sur une presqu’île, me permit de constater
qu’elle était bien protégée. Du côté de la terre, elle était entourée d’un
triple système de défense : un profond fossé bordé d’une palissade, un
premier mur, infranchissable autrement qu’à l’aide d’échelles, et une haute
muraille très épaisse flanquée à intervalles réguliers de tours imposantes. A
cela, il fallait ajouter une enceinte supplémentaire séparant Mégara de
Carthage. Sur le rivage, se dressait une solide muraille faite d’énormes blocs
de pierres et de mœllons, hermétiquement fermée depuis la clôture de l’ancienne
porte de la Mer. Derrière le maqom, se dressait la vieille citadelle de Byrsa,
surmontée par le temple d’Eshmoun auquel on accédait par un escalier comptant
plusieurs centaines de marches. Les deux ports, marchand et militaire, étaient
puissamment fortifiés. Au-delà du goulet donnant accès à la mer, se trouvait
une étroite bande de terre, la Taenia, séparant la presqu’île du lac de Tunès
et de la baie. Je ne fus pas sans remarquer la faiblesse des défenses établies
à cet endroit et Hasdrubal l’étourneau me promit que, sous peu, des centaines
d’ouvriers seraient employés à surélever ce maillon faible de notre dispositif.
    J’avais vu
juste. Après mon arrivée à Hadrim, j’appris que les légions des deux consuls
avaient enfin fait mouvement et se dirigeaient vers notre cité. Manius Manilius
emprunta la voie terrestre et établit ses positions au nord de Mégara, près de
la porte d’Utique. Venu avec la flotte, Marcius Censorinus débarqua à
l’extrémité de la Taenia, édifiant son camp dans un endroit relativement
étroit. Dès que leur arrivée fut signalée, Hasdrubal l’étourneau donna l’alerte
à la garnison tout en lui demandant de se tenir prête à l’intérieur de ses
casernes et de ne pas paraître en haut de l’enceinte. Les Fils de la Louve en conclurent
que Carthage, dépourvue d’armes et de machines de guerre, se trouvait sans
défense et qu’il leur suffirait de lancer une double attaque, au nord et à
l’est, pour pénétrer dans la ville. Les cors et les buccins donnèrent l’ordre
aux légions de faire mouvement. Elles franchirent aisément le fossé, la
palissade et le premier mur. Alors qu’elles s’approchaient de la muraille en
ordre dispersé, elles virent soudain le chemin de ronde se remplir de milliers
de défenseurs bien équipés et poussant des cris stridents. Les échelles
dressées par les Fils de la Louve furent repoussées à l’aide de longues perches
se terminant par un crochet et de lourds blocs de pierre s’abattirent sur les
attaquants, broyant leurs cadavres comme une meule transforme en farine le
grain. Le sol rougit du sang des victimes et les fuyards furent décimés par des
volées de flèches tirées par nos archers. En moins d’une heure, les assaillants
avaient perdu environ mille hommes et comptaient autant de blessés dans leurs
rangs. Ils refluèrent en hâte vers leurs retranchements, en dépit des efforts
déployés par les centurions pour les rassembler et tenter un nouvel assaut. Des
messagers transmirent la bonne nouvelle à Mutumbaal et au Conseil des Cent
Quatre. Il se passerait de longs jours avant que les Romains, échaudés par
l’expérience, osent à nouveau quitter leurs positions. Désormais, ils savaient
que Carthage était une position quasi inexpugnable et qu’ils ne pourraient s’en
emparer qu’après un siège de plusieurs mois. Toute la nuit, la foule en liesse
envahit les rues de la ville, chantant et dansant, cependant que les plus âgés
se rendaient dans les temples pour offrir des sacrifices à Tanit, à Baal Hammon
et à Eshmoun.
    Pendant
que mes compatriotes repoussaient ce premier assaut, j’avais commencé à
appliquer le plan que m’avait dicté mon père. En partie seulement. La route
entre Hadrim et ma ville était coupée par le camp installé à l’extrémité de la
Taenia. Il m’était donc impossible, pour l’heure, d’évacuer la population des
villes placées sous ma juridiction et du Beau Promontoire vers Carthage. Je

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