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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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son consulat par une action d’éclat. Conscient qu’il ne pourrait
prendre Carthage, il décida de me mettre hors d’état de nuire, en détruisant
mon camp de Nepheris. Peu avant le début des premières pluies, il partit à la
tête de plusieurs milliers d’hommes en direction du Sud. Sa colonne progressa
difficilement faute de guides expérimentés. Il parvint toutefois à hauteur de
mes positions mais, pour les atteindre, il lui fallait franchir un fleuve dont
les eaux étaient hautes. Le petit-fils adoptif de Scipion l’Africain lui
conseilla de surseoir à cette opération ou d’attendre que je me décide à faire
passer mes troupes de l’autre côté par les gués que j’étais seul à connaître.
Cet avis ne fut pas du goût des autres officiers à tel point que l’un d’eux
entra dans une violente colère : « Si nous devons obéir à Scipion et
non au consul, je préfère jeter ici mon épée. » Après d’intenses
conciliabules, Manius Manilius donna raison à ses subordonnés et fit construire
des radeaux de fortune pour transporter ses hommes sur l’autre berge du cours
d’eau.
    A
Nepheris, je pouvais observer ses mouvements et je fis ranger mon armée en
ordre de bataille dans la plaine. Mes hommes étaient frais et dispos,
contrairement aux Romains épuisés par leur longue marche. L’engagement tourna
vite à mon avantage. Les Fils de la Louve, harcelés par mes fantassins et par
les cavaliers de Phaméas, cédèrent du terrain rapidement. Plusieurs cohortes,
séparées du gros de la troupe, trouvèrent refuge sur une éminence boisée
cependant que les autres refluaient vers le fleuve, espérant pouvoir
s’embarquer à bord des radeaux. Ceux-ci étant en nombre insuffisant pour
acheminer autant de soldats, de nombreux fuyards se jetèrent à l’eau,
abandonnant leurs armes, leurs boucliers et leurs casques, ce qui ne les
empêcha pas de se noyer. Les autres durent se battre le dos à la berge en attendant
l’arrivée des secours, essuyant des pertes considérables.
    Une
nouvelle fois, Publius Cornélius Scipion Aemilianus sauva les siens du
désastre. J’avais en effet décidé de concentrer mes attaques sur les cohortes
isolées sur la colline, dont je pensais ne faire qu’une bouchée. Or le jeune
tribun, au mépris de toute prudence, décida de les dégager après avoir expliqué
à Manius Manilius : « Nos légionnaires courent le plus grand danger
et nous ne devons point les laisser mourir. C’est maintenant qu’il nous faut
faire preuve d’audace. Si tu me confies une partie de la cavalerie, j’essaierai
de les délivrer ou je mourrai avec eux. » Le consul le laissa faire,
persuadé que son rival avait peu de chances de s’en sortir vivant. Quitte à
devoir par la suite prononcer son éloge funèbre, il ne lui aurait pas été
désagréable de l’accuser d’avoir été, par sa folle témérité, à l’origine du
désastre. Aussi le laissa-t-il agir à sa guise.
    Or, la
situation avait changé du tout au tout. Après de longues heures de combat, mes
hommes commençaient à manifester des signes de fatigue alors que les cavaliers
du jeune tribun et les légionnaires encerclés avaient pu reprendre des forces.
Je n’avais pas l’intention de sacrifier mes fantassins et Publius Cornélius
Scipion Aemilianus put ramener les cohortes encerclées de l’autre côté du
fleuve où les Fils de la Louve lui firent un accueil triomphal. C’est à partir
de ce moment qu’on commença à murmurer qu’il avait hérité de son grand-père
adoptif non seulement son génie militaire mais aussi sa faculté de divination
et la protection de Jupiter Capitolin en personne. Les Fils de la Louve, tirés
de cette mauvaise passe, reprirent le chemin de Carthage, constamment attaqués
par les détachements de Phaméas qui massacrèrent sans pitié les traînards.
J’avais envoyé des messagers prévenir Hasdrubal l’étourneau de la retraite de
l’ennemi et il sortit à la tête de sa cavalerie pour infliger de nouvelles
pertes aux légions du consul.
    À Rome,
cette série de revers provoqua de vifs débats au Sénat. Furieux d’en avoir
perdu le contrôle, Publius Cornélius Scipion Corculum fustigea dans de longs
discours la conduite irresponsable des consuls, ne manquant pas de signaler
que, sans l’intervention de son neveu, les Fils de la Louve auraient dû évacuer
les rivages africains. Ses collègues décidèrent l’envoi d’une commission
d’enquête qui confirma

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