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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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satisfait de ces résultats, mon
père ne s’en tint pas là. J’avais pu lui faire parvenir d’importantes quantités
de bois de charpente et il entreprit de reconstruire une flotte de guerre dans
la perspective des futures offensives. Le port militaire, trop longtemps laissé
à l’abandon, retentit à nouveau du cri des ouvriers. Bientôt, Mutumbaal
m’annonça que nous disposions désormais d’une centaine de trirèmes et d’une
cinquantaine de quinquérèmes avec lesquelles je comptais, dès le prochain
retour des beaux jours, attaquer les navires en provenance d’Ostie ou de
Sicile.
    Profitant
de cette accalmie, je pus réaliser un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps :
inspecter les villes puniques demeurées fidèles à notre alliance. Mes premières
visites furent pour Néapolis et Aspis. Je pus constater qu’elles étaient
puissamment fortifiées et gardées par des garnisons bien entraînées et pleines
d’allant. Je me rendis ensuite par mer jusqu’à Hippo Diarrythus [11] non sans essuyer une redoutable tempête. Fort heureusement, le
capitaine de notre navire était un marin expérimenté et nous pûmes gagner sans
trop de dégâts la vaste rade de cette ville située au nord d’Utique. Son
suffète, Abdarish, avait plus de soixante ans mais débordait d’énergie. Il
avait fait reconstruire à ses frais la muraille protégeant sa cité du côté de
la terre et, profitant de ses relations d’amitié avec les Numides, avait
constitué d’importantes réserves de nourriture. Il disposait d’environ vingt
mille fantassins et quatre mille cavaliers que je pus passer en revue. Tous
avaient fière allure et je revins entièrement rassuré de cette tournée
d’inspection. Contrairement aux sinistres prédictions de Phaméas, notre
situation était loin d’être désespérée et les Romains auraient fort à faire
quand ils reprendraient leur offensive.
    Par mes
informateurs, je savais que le moral de leurs troupes était au plus bas.
Supportant mal les rigueurs du froid et de la pluie, les légionnaires
murmuraient contre le consul Manius Manilius qu’ils tenaient pour responsable
de l’échec des attaques lancées contre Carthage. Par contre, ils vouaient un
véritable culte au jeune Publius Cornélius Scipion Aemilianus et ils manifestèrent
ouvertement leur mécontentement quand ce dernier fut rappelé pour consultation
à Rome. Le petit-fils de Scipion l’Africain les rassura : les sénateurs
entendaient le consulter avant la désignation des nouveaux commandants en chef
de l’infanterie et de la marine et il ne pouvait se soustraire à cette
convocation Toutefois, il leur promit qu’il serait de retour le plus vite
possible et qu’il continuerait à les mener à la bataille.
    Phaméas
l’accompagna à Rome où il fut reçu avec tous les honneurs dus à son rang. Pour
lui prouver leur reconnaissance, les Pères conscrits lui offrirent une
splendide maison derrière le Forum ainsi qu’une forte somme d’argent. Il fut
l’hôte des principales familles patriciennes et, quand il se promenait dans la
rue, les passants l’acclamaient chaleureusement. De telles marques de
prévenance ne tardèrent pas à porter leurs fruits. Alors que la plupart de ses
hommes avaient choisi de déposer les armes et de s’installer sur les terres qui
leur avaient été allouées dans la région des Grandes Plaines, Phaméas accepta
de servir les Fils de la Louve et reçut le commandement de la cavalerie
auxiliaire, composée d’Italiens et de Numides.
    Scipion
Aemilianus fut, lui, moins heureux. Si les sénateurs s’accordèrent à le
féliciter pour sa bravoure, ils rechignaient à lui confier un commandement plus
important de peur de renforcer la position de son père adoptif et de son oncle
dans leur assemblée où les partisans de Marcus Porcius Caton étaient encore
majoritaires. Ces derniers intriguèrent pour pousser en avant leurs propres
candidats. L’ancien consul Calpurnius Pison fut nommé à la tête de l’infanterie
et Lucius Mancinus à la tête de la marine cependant que Lucius Manilius était
rappelé à Rome, disgrâce qu’il accepta de fort mauvais cœur. Je fus prévenu de
ces décisions par mon vieux complice Marcus Lucius Attilius et sa lettre me
remplit de joie. Mes futurs adversaires étaient de bons soldats mais n’avaient
rien de stratèges géniaux. Sans le savoir, Rome nous offrait une nouvelle année
de répit.

Chapitre 9
    En
attendant l’arrivée des

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