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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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fierté
ombrageuse, déjà durement éprouvée, l’empêcha de demander des secours à Publius
Cornélius Scipion Aemilianus, contraint au demeurant de rester à Utique pour me
barrer la route si, d’aventure, j’avais décidé de faire mouvement vers Hippo
Diarrhytus. Je n’en avais pas l’intention mais, pour le tromper, quelques-uns
de mes escadrons de cavalerie prirent le chemin du nord afin de l’entretenir
dans cette illusion. À l’arrivée de la mauvaise saison, alors que les pluies
transformaient en bourbier ses retranchements, Calpurnius Pison jugea
préférable de lever le camp et de regagner Utique et les Castra Cornelia où il
prit ses quartiers d’hiver.
    L’échec de
son offensive eut pour nous des conséquences bénéfiques. Depuis deux ans, les
Romains piétinaient en Afrique et se montraient incapables de remporter la
moindre victoire alors que notre cité, solidement protégée par ses hautes
murailles, les défiait et leur infligeait revers sur revers. Pareille situation
jeta le trouble chez leurs alliés. Un matin, plus de huit cents cavaliers
numides commandés par un officier du nom de Hiempsal se présentèrent devant
Nepheris. Conduit sous ma tente, ce dernier se montra particulièrement
loquace :
    — Hasdrubal,
moi et mes hommes serons fiers de servir sous tes ordres. Nous avons entendu
parler de tes exploits et nous sommes convaincus que tu sauras mener Carthage à
la victoire. Baal Hammon le miséricordieux veille sur toi et les dieux de
l’ennemi ne peuvent rien contre lui.
    — Sois
le bienvenu parmi nous, Hiempsal. Je puis t’assurer que le Conseil des Cent
Quatre saura te témoigner sa reconnaissance. Pour te montrer dans quelle estime
je te tiens, je te nomme dès aujourd’hui commandant en second de ma garde
personnelle.
    — Je
saurai mériter ta confiance.
    — Je
n’en doute pas un seul instant. Mon aide de camp, Magon, te montrera tes
quartiers et te présentera à tes futurs subordonnés. Pour l’heure, parlons de
choses sérieuses. Tu arrives de Cirta et je suis impatient d’apprendre de ta
bouche ce qui se passe à la Cour.
    Ta venue
me laisse supposer que les complots et les intrigues y vont bon train.
    — Tant
que Masinissa était en vie, la concorde régnait entre les Massyles et les
Masaesyles. J’étais honoré de servir un tel monarque et jamais je ne l’aurais
trahi, même si tu m’avais offert toutes les richesses de la terre.
Malheureusement, cette époque est révolue. Aujourd’hui, ses trois héritiers se
disputent les faveurs du peuple et se montrent incapables de gouverner. Quand
Gulussa prend une décision, ses frères se font un plaisir de le contredire et
punissent cruellement ceux qui ont le malheur d’obéir à leur cadet. En fait,
ils sont profondément divisés sur la conduite à tenir.
    — Ce
que tu dis me surprend. Gulussa, me semble-t-il, a fait son choix. Il est à la
tête de l’armée et ses soldats combattent aux côtés des Romains. Quant à
Mastanabal et à Micipsa, ils lèvent les impôts ou rendent la justice et
traitent sans ménagement mes malheureux compatriotes passés sous leur
domination. Ils sont reçus avec tous les honneurs dus à leur rang par
Calpurnius Pison et ne manquent pas une occasion de l’assurer de leur fidélité.
    — Ces
mots ne veulent rien dire, je puis te l’affirmer. Ces maudits étrangers se
conduisent envers nous comme si nous étions leurs esclaves et ne prennent même
pas la peine de nous consulter lorsqu’ils lancent une opération. Pourtant, nous
connaissons ce pays mieux qu’eux-mêmes. Ils n’en ont cure. Pour m’être opposé
aux ordres stupides d’un centurion, j’ai croupi plusieurs jours en prison
jusqu’à ce que justice me soit enfin rendue. Micipsa et Mastanabal ont dû
longuement intercéder auprès du consul pour obtenir ma libération et cela leur
a permis de constater le peu de crédit qu’on leur faisait. C’est pour me venger
de cette humiliation que j’ai décidé de te rejoindre car je sais que tu traites
correctement ceux qui servent sous tes ordres.
    — Je
ne saurais blâmer ta conduite mais elle m’étonne. Au lieu de passer au service
de Carthage, tu aurais pu remercier les frères de Gulussa en te plaçant sous leur
protection. Ils t’auraient largement récompensé si tu leur avais amené tes
soldats qui leur auraient permis de se constituer une garde personnelle, au
détriment de celle de Gulussa.
    — Ils
n’en ont pas besoin car ils ne

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