Hasdrubal, les bûchers de Mégara
recommencer. Pour redonner le goût du combat à
leurs troupes, ils montèrent une expédition contre Aspis, isolée à l’extrémité
du Beau Promontoire. La ville fut investie par terre et par mer et soumise à un
siège en bonne et due forme. Fort heureusement, depuis l’évacuation par mes
soins de sa population civile, cette cité avait assez de provisions pour
nourrir ses défenseurs, solidement retranchés derrière leurs fortifications,
que les catapultes ne purent entamer. Les attaques lancées par Calpurnius Pison
furent repoussées au prix d’énormes pertes chez les assaillants. Quant aux
navires romains stationnés dans la baie, ils furent détruits par notre flotte
de guerre construite à l’initiative de Mutumbaal. Seules quelques quinquérèmes
gravement endommagées parvinrent non sans mal à regagner Utique.
Après la
retraite piteuse de Lucius Mancinus, son collègue rebroussa chemin en direction
de Néapolis dont les dirigeants firent preuve d’une légèreté coupable.
Négligeant mes recommandations, ils avaient omis de renforcer leurs
fortifications et disposaient d’à peine quelques centaines d’hommes pour les
défendre. Quand les légions encerclèrent leur ville, la panique gagna les
habitants. Plutôt que de m’envoyer des messagers pour me demander des
secours – je n’étais qu’à une journée de marche – ils
massacrèrent ceux des leurs qui s’apprêtaient à résister et obligèrent leurs
suffètes à engager des pourparlers de paix avec les Fils de la Louve. Ils leur
offrirent d’ouvrir les portes de leur cité à condition qu’on les récompensât
pour ce geste.
Soucieux
d’inscrire enfin un succès à son actif, le consul leur promit qu’ils seraient
traités en alliés du peuple romain et que leurs biens et leurs personnes
seraient respectés. Néapolis se rendit donc sans combattre, me privant ainsi
d’une précieuse base arrière. Toutefois, je n’eus pas à me plaindre de cette
capitulation.
À peine
entrés dans la cité, les légionnaires, désobéissant aux ordres de leurs
officiers, se livrèrent au pillage pendant trois jours et trois nuits
consécutifs, égorgeant sans pitié ceux et celles qui avaient cru aux bonnes
paroles du consul. Incapable de redresser la situation, celui-ci dut demander
des renforts à Publius Cornélius Scipion Aemilianus. Le jeune tribun, arrivé à
marches forcées d’Utique, ne lésina pas sur les moyens pour rétablir l’ordre.
Après avoir pris sous sa protection les rares survivants de cette abominable
tuerie, il fit encercler par ses troupes les unités coupables d’insubordination
et leur infligea la décimation, l’un des châtiments les plus terribles en cours
chez nos ennemis. Dans un silence de mort, les centurions parcouraient les
rangs des légionnaires et désignaient, tous les dix hommes, une victime
immédiatement emmenée pour périr sous le glaive du bourreau. Plus de deux cents
hommes furent ainsi exécutés froidement et en vain. Ce châtiment venait trop
tard. Instruites de la perfidie des Fils de la Louve, les autres villes
puniques qui avaient engagé avec eux des pourparlers les rompirent et se
rangèrent à nouveau à nos côtés après avoir fait périr ou avoir banni de leurs
murs ceux qui avaient osé parler de capitulation.
Humilié
par Scipion Aemilianus, Calpurnius Pison résolut de laver cet affront en
s’attaquant, au nord d’Utique, à Hippo Diarrhytus, dont il voulait s’emparer à
tout prix pour assurer la sécurité des convois de ravitaillement en provenance
du royaume numide. Je l’ai dit, j’avais pu inspecter les défenses de cette
ville et je faisais toute confiance à son suffète, Abdarish, un homme intègre
et vertueux, bien décidé à ne jamais se rendre. Quand les Romains se
présentèrent devant la ville, il avait pris toutes ses dispositions. Leurs
redoutables machines de guerre ne parvinrent pas à ouvrir des brèches dans la
muraille et, à plusieurs reprises, Abdarish effectua d’audacieuses sorties pour
détruire la quasi-totalité de leurs catapultes et de leurs balistes. Par la
mer, il recevait tout le ravitaillement dont il avait besoin et je pus même lui
faire parvenir des renforts en réduisant la garnison d’Aspis, désormais hors de
danger. Durant tout l’été, Calpurnius Pison s’obstina à poursuivre le siège,
perdant plusieurs centaines d’hommes, succombant à la soif ou à la maladie ou
aux flèches tirées par nos archers.
Sa
Weitere Kostenlose Bücher