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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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risque ?
    Labroche voulut crâner.
    — Allez vous faire foutre !… Nous on a rien à vous dire. On exécute les ordres qu’on nous donne et puis c’est tout.
    — C’est le propre de bons serviteurs. Mais j’ai moi aussi un excellent serviteur qui exécute à la lettre tous mes ordres. Pongo, veux-tu expliquer à ces messieurs ce que tu vas leur faire s’ils ne se décident pas très vite à nous raconter leur petite histoire ?
    Instantanément, le genou de l’Indien vint cogner contre l’estomac de Labroche tandis que, lui empoignant sa chevelure d’une main, il lui tirait férocement la tête en arrière et, de l’autre, approchait d’un de ses yeux la pointe de son couteau.
    — Quoi d’abord ? demanda-t-il placidement. Le scalp ou les yeux ?
    — Le… scalp ? Qu’est… qu’est-ce que c’est ? bafouilla sa victime.
    — Cela consiste, expliqua aimablement Tournemine, à découper la peau tout autour du crâne et à arracher le cuir chevelu d’un seul coup. Quant aux yeux, cela s’explique de soi-même… Avez-vous une préférence ?…
    — Arrêtez ! s’écria Tonton qui, voyant ce que l’on s’apprêtait à faire à son compagnon, anticipait aisément son propre sort. On va parler !
    — … à une condition, râla Labroche. Vous… vous nous laisserez partir quand… quand vous saurez tout.
    — On verra ça. Pour l’instant, vous n’êtes guère en état de poser des conditions…
    Encore lointaine mais menaçante une clameur se fit entendre jaillie de poitrines si nombreuses qu’il était impossible de l’évaluer. En même temps, une détonation éclata et par-dessus les haies et les arbres qui délimitaient les champs d’indigo, une longue flamme jaillit et bondit vers le ciel comme si elle voulait lécher la nuit…
    — Regardez, monsieur ! On a fait sauter quelque chose dans les bâtiments d’exploitation. Ça flambe, là-haut… et on dirait même que le feu se propage diablement vite… dit Pierre Ménard qui, à une fenêtre, examinait les environs.
    Vivement, Gilles revint à Tonton.
    — Tu parles et vite sinon je te fais sauter la tête pendant que Pongo va découper ton copain en lanières. Qu’est-ce que cette détonation ? Et cette clameur ? Et cet incendie ?
    — On va parler mais vite, vite… et puis après vous nous laisserez partir. Tout ce qui se passe là-haut, ce sont les esclaves. Legros a ordonné qu’on les lâche dès que vous serez arrivé ici. Ils sont en train de brûler les bâtiments en attendant que ceux du Morne Rouge les rejoignent.
    — Où sont les surveillants ?
    — Tout le monde est parti, surtout le Maringouin. S’agit pas de se faire prendre par ces brutes déchaînées.
    — Où est Legros ?
    — Ça, j’en sais rien. Je le jure. Il est parti ce matin. On sait pas où. Il a une cache quelque part mais seul le Maringouin la connaît.
    — Alors et vous ? Pourquoi n’êtes-vous pas partis ? Qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ?
    — D’abord voir si Désirée avait bien fait son travail… et puis apporter ce qui doit attirer les révoltés jusqu’ici. On devait aussi vous arroser de rhum et casser des bouteilles pour que les négros croient que vous vous étiez saoulés après avoir fait…
    — Fait quoi ?
    — Ce… ce qu’il y a dans le bâtiment d’à côté. C’est là que Legros infligeait les… punitions les plus sévères. On y a amené deux Noirs… en disant que c’était sur votre ordre parce que vous étiez installé ici et que vous vouliez rire un peu…
    — Pongo ! Tu me surveilles ça ! Docteur ! Avec moi !
    Courant jusqu’aux bâtiments qu’ils avaient pris d’abord pour des granges, Gilles et Finnegan s’y précipitèrent. Mais le spectacle que leur fit découvrir la lanterne que tenait le docteur leur arracha un double cri d’horreur. Étroitement bâillonnés deux Noirs, un homme et une femme, tordus par une épouvantable souffrance, pendaient dans l’obscurité, accrochés au mur par des crocs de boucher enfoncés sous leurs côtes. En outre, tous deux avaient subi le supplice du feu. La femme n’avait plus de chair sur les jambes et le corps de l’homme n’était plus qu’une plaie. Pourtant tous deux vivaient encore, d’une atroce vie convulsée qui demeurait accrochée à eux comme une bête malfaisante.
    — Mon Dieu ! gémit Gilles révulsé d’horreur. Pareille chose peut-elle exister sous votre ciel ?
    Par deux fois, son pistolet aboya

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