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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Voulez-vous dire que ces roulements irréguliers signifient quelque chose ?
    — Je crois bien et quelque chose de très précis même. Ces peaux de vaches qui résonnent ainsi sous la main des hommes parlent aussi clairement que vous et moi. Écoutez comme ils se répondent…
    C’était, en effet, comme deux voix grondantes qui dialoguaient à travers la nuit et l’effet produit, dans l’immense silence des campagnes, était assez terrifiant.
    — Qu’est-ce… qu’est-ce qu’on va faire ? chuchota Moulin, qui était le plus jeune des trois marins.
    — Préparer nos armes… et puis faire ce qu’on attend de nous, dit Tournemine. Ce ragoût devait nous endormir, eh bien faisons semblant de dormir profondément mais en nous tenant prêts à toute éventualité. Comme dit le docteur, nous allons sans doute avoir de la visite. Commençons par vider le plat et les assiettes.
    On jeta le tout dans un seau disposé dans l’office à l’usage des ordures ménagères mais on remit les assiettes et le plat vides sur la table où chacun reprit sa place après avoir soigneusement vérifié les amorces des pistolets et des mousquets tout en avalant à la hâte un peu de pain et de fromage que l’on fit passer avec une bonne rasade.
    Sur la peau tendue des tambours, les battements avaient atteint un crescendo sauvage puis s’arrêtèrent brusquement. Leur message était terminé. Alors, dans le silence revenu, on put entendre nettement le grincement des essieux d’une charrette qui approchait.
    En dépit de son courage, Gilles sentit un désagréable frisson lui courir le long de l’échine. Était-ce la charrette fantôme de la Mort, le funèbre char de l’Ankou dont les récits terrifiants avaient hanté sa jeunesse et hantaient toujours les landes bretonnes, qui s’approchait ainsi de lui dans cette terre du bout du monde ? Il se signa rapidement et vit que l’Irlandais, ce frère de race devenu un peu pâle, en faisait autant.
    — Messieurs, dit-il, il est temps de prendre position. Que personne ne bouge avant que j’en donne le signal… mais que Dieu vous garde ! Moi, je peux seulement vous remercier du fond du cœur de m’avoir servi jusqu’ici…
    Tout le monde, avec un bel ensemble, s’abattit sur la table au milieu des verres et des assiettes, sauf Gilles qui se laissa choir à terre près de sa chaise et Pongo qui choisit d’aller s’abattre sur le canapé situé non loin de la porte. Mais, dans leurs mains que tous cachaient, il y avait d’une part un couteau et de l’autre un pistolet tout armé. Et puis on attendit…
    Pas longtemps. Le grincement de la charrette s’approcha de la maison, s’en éloigna un peu puis s’arrêta. Il y eut des bruits de voix étouffées répondant à des gémissements puis celui de portes en bois que l’on ouvrait. Les gémissements s’assourdirent, éclatèrent en cris affreux puis cessèrent brusquement.
    — Ça se passe dans la grange qui est derrière la maison, souffla Gilles. Attention ! Ça vient vers nous maintenant.
    Des pieds bottés firent crier les planches de la véranda puis entrèrent dans le champ de vision de Gilles qui s’était placé de façon à pouvoir surveiller l’entrée. Il compta quatre pieds, releva une paupière et reconnut Labroche et Tonton. Le premier éclata d’un gros rire.
    — On dirait que ça a marché ! Regarde un peu, Tonton, ça roupille comme des anges ! Même le beau monsieur qui parlait si haut tout à l’heure. Il a bonne mine maintenant, aplati par terre comme une loque… Espèce de sale Blanc !… Tiens, attrape…
    Son pied botté de gros cuir et de poussière partit en direction de Tournemine mais n’arriva pas à destination. Celui-ci le saisit au vol et, déséquilibrant l’homme, l’envoya à terre tandis que Pongo, sautant sur l’autre d’un bond de tigre, le terrassait et lui appuyait son couteau sur la gorge. Vivement relevé, Gilles pointa son pistolet sur Labroche.
    — Ficelez-moi ça comme il faut, vous autres, ordonna-t-il à ses hommes. Mais laissez-lui l’usage de ses jambes. Autant pour l’autre, Pongo.
    Un instant plus tard, les deux surveillants réduits à l’impuissance étaient assis côte à côte sur le canapé devant lequel Gilles vint se planter.
    — Je crois qu’il est temps, à présent, que vous m’expliquiez la comédie qui se joue ici. Pourquoi voulait-on nous endormir ? Et qu’est-ce que vous veniez faire, tous les deux ? Nous abattre sans

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