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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sans que ses mains parvinssent à desserrer la prise. Il sentait déjà sa vie lui échapper quand, dans un sursaut ultime, il lança de toutes les forces qui lui restaient son genou dans le bas-ventre de son ennemi. L’autre beugla mais lâcha le cou de son prisonnier pour se tenir le ventre. À demi évanoui de douleur, il chercha l’air. Gilles en profita pour en faire autant, cherchant des yeux celui qui allait à présent venir le rejoindre dans l’eau… mais rien ne vint.
    Un étrange silence régnait sur la rive du fleuve tandis qu’il se hâtait de se hisser dans le canoë, vide à présent de ses rameurs. À demi suffoqué, les yeux pleurant, il aspira l’air plusieurs fois après s’être forcé à vomir l’eau qu’il avait avalée. Puis, rejetant ses cheveux trempés qui lui collaient au visage, il banda son bras blessé d’un morceau de chiffon puis chercha une pagaie pour tenter de gagner l’autre rive quand une voix bien connue l’arrêta :
    — Amène ton bateau jusqu’ici… et fais vite ! cria-t-elle en français.
    Il comprit alors la raison de ce silence tellement soudain. Sorti on ne savait d’où, Tim Thocker avait profité de ce que tous les regards de la tribu étaient fixés sur le fleuve pour bondir sur Nahena et lui arracher l’enfant qu’il maintenait d’une main ferme contre lui. Son autre main tenait un pistolet et Gilles vit avec stupeur qu’il en menaçait la tête de Tikanti.
    — Es-tu fou ? cria-t-il. Lâche-le ! Tu ne vas pas le tuer ?
    — Certainement pas, mais il faut que ces gens le croient. Allons, arrive ! C’est ta seule chance d’en sortir vivant et avec ton fils.
    Personne, en effet, n’osait bouger. Nahena, tombée à genoux, sanglotait en se tordant les mains ; Gilles comprit qu’il n’y avait en effet pas d’autre solution et se mit à pagayer comme un fou pour rejoindre le bord près de l’endroit où se trouvait Tim. Il put voir, chemin faisant, aborder l’autre canoë, celui qui ramenait Cornplanter que les deux rameurs, à présent, soulevaient et allaient déposer doucement sur l’herbe tandis qu’éclataient les cris et les sanglots hystériques des femmes. Il fallait faire vite, en effet. Si, le chef mort, les Indiens décidaient que la vie de l’enfant n’avait plus d’importance, Tim et lui-même seraient bientôt cloués au poteau dont il avait libéré le trafiquant.
    Avant même que la pointe recourbée du bateau eût touché la terre Tim, portant l’enfant sous son bras, avait sauté dedans non sans le déséquilibrer quelque peu.
    — Nage ! souffla-t-il. Fais vite ! Il y a là-bas des flèches qui ne vont pas tarder à partir. Il faut atteindre l’autre côté…
    Jetant un coup d’œil sur l’autre rive tout en pagayant furieusement, Gilles ricana :
    — Il n’est pas beaucoup plus confortable, ton autre côté, regarde un peu ce qui nous y attend !…
    En effet, une épaisse ligne rouge ornait à présent l’autre rive. Elle se composait des soldats d’une patrouille anglaise qui s’était arrêtée là, sans doute pour contempler le spectacle.
    — Tant pis ! j’aime mieux tomber entre leurs pattes que dans celles des petits frères rouges.
    — On a une chance d’y tomber tout de même. Ne crois-tu pas que nos meilleurs ennemis se feront un plaisir de nous livrer aux héritiers de Cornplanter ?
    Il n’avait pas fini ces mots qu’une voix renforcée par un porte-voix de bronze leur ordonna de revenir.
    — Que dit-il ? demanda Gilles qui comprenait et parlait assez bien la langue des Iroquois mais que sa longue immersion avait quelque peu assourdi.
    — C’est la meilleure celle-là ! fit Tim. On nous dit que Cornplanter veut te parler.
    — Il n’est donc pas mort ?
    — On dirait que non. Regarde !
    En effet, tous deux purent voir le corps du chef, étendu sur une civière indienne, et ce corps faisait un geste du bras, faible sans doute mais très net.
    — Qu’est-ce qu’on fait ? reprit Tim.
    Mais déjà Gilles faisait tourner la proue de son bateau.
    — On retourne !… moi, tu vois, je préfère les Indiens aux Anglais. Et puis je ne me vois pas rentrer à Albany tout nu.
    Le Planteur de Maïs vivait encore, en effet, et même possédait peut-être quelque chance de vivre de longues années grâce sans doute à son exceptionnelle constitution. Quand Gilles mit pied à terre, il le trouva étendu sur le ventre, livré aux mains expertes de Nahena qui disposait déjà

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