Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
   Non, je suis désolée.
    Elle ne savait rien, et surtout elle ne voulait rien savoir.
    Quand la pauvre femme comprit la gravité de l'état de son mari, son inquiétude se porta sur son propre avenir et celui de ses enfants. Gentiment, Ryan la rassura, l'informa qu'elle ne manquerait de rien grâce à une pension versée tous les mois. Ce ne serait pas la richesse, bien sûr, mais elle conserverait son appartement et sa vie continuerait comme avant.
    Au moment où il la reconduisit chez elle, madame Gagnon se réjouissait d'avoir trouvé un ami précieux, auquel elle soumettrait souvent ses petits problèmes. Il la conseillerait, et tout irait bien.
    La tête d'Henri Trudel bourdonnait. Il était arrivé à Château-Richer largement après minuit. Il avait allumé un bon feu dans son poêle, demain il disperserait les cendres. Profitant de l'obscurité profonde, alors que toutes les lumières des voisins étaient éteintes, il se rendit dans le caveau à légumes. La porte fermée pour dissimuler la lumière du fanal, il commença son ambitieux programme de réaménagement.
    Les blocs de glace, la sciure et les grandes caisses en bois disparaîtraient. Le garçon entreprit de creuser un bon demi-mètre de profondeur, sur une surface deux fois grande comme la flaque du sang de Blanche Girard. Quand, rompu de fatigue, il alla se coucher, cette tâche demeurait inachevée. Dans les jours suivants, il dispersa dehors la terre retirée du caveau. La pluie la lava rapidement, l'hémoglobine engraisserait son arpent de terrain.
    Dans le caveau, il déplaça des mètres cubes de terre, de façon à ce que le trou au centre du réduit ne paraisse plus. Le plancher du caveau se trouverait simplement quelques centimètres plus bas qu'auparavant, personne ne le remarquerait. Quand toute la surface fut à peu près égale, il battit le sol avec un outil utilisé habituellement pour bien tasser les pavés, quand on construisait une rue. Cela ne donna pas l'effet d'une terre battue depuis des générations par les va-et-vient, mais il n'en avait cure. De vieilles planches et des poutres récupérées dans le grenier de la maison permettraient de construire un plancher en bois d'allure ancienne.
    Descôteaux lui avait donné une semaine, Henri ne réussit pas à respecter ce délai. Après avoir procuré une nouvelle allure au caveau, il lui restait à décrotter la maison. Le jeune homme s'occupa de tout récurer lui-même, puis paya quelqu'un pour repeindre certaines pièces, en tapisser d'autres. Avant que les cours ne commencent, l'endroit ne serait plus un repaire de débauchés, mais la coquette demeure d'un notable heureux de se reposer dans la solitude, méditer et travailler.
    Tout ce travail physique l'exténua. Pourtant, les appels téléphoniques et les brèves visites à ses amis de Québec le laissaient particulièrement accablé. Il fallait les convaincre que tout allait bien, les inciter à oublier ces tristes événements. D'un autre côté, ses conseils réitérés d'abstinence lassaient les autres. Une confession d'ivrogne représentait la plus grande menace à leur sécurité.
    Pendant tout ce temps, les articles de journaux sur l'«affaire» les empêchaient de retrouver une réelle tranquillité.

Chapitre 11
    Helen serait sûrement contente. En revenant de souper dans un restaurant du Quartier latin, Renaud avait vu les Trudel, père et fils, entrer dans l'une des plus grandes maisons de la Grande Allée. Il s'agissait de la résidence de Philippe-Auguste Descôteaux, chacun le savait: la famille de notables habitait cet endroit depuis le siècle dernier. L'avocat avait tenté encore une fois sa chance avec la jeune fille, cette semaine-là. La présence de ce rival dans la ville l'incita à laisser tomber, de crainte de subir une nouvelle rebuffade. Fidèle à sa nouvelle résolution, de retour dans son appartement, il téléphona à Germaine.
    La sonnerie retentit un bon moment dans le corridor île la maison de chambres avant qu'une locataire décroche enfin. Il entendit crier le nom de la jeune femme, elle vint répondre assez rapidement :
    —    Bonsoir, Renaud Daigle à l'appareil, répondit-il à son « Allô ». Comment allez-vous ?
    —    ... Bien, très bien même, fit-elle, essoufflée d'avoir couru pour venir répondre.
    Une certaine affectation marquait sa voix. Des voisines tendaient l'oreille, afin de percer ses secrets. Les amours de chacune intéressaient toutes les autres.
    —

Weitere Kostenlose Bücher