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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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petit parc juste derrière l'université.
    L'autre acquiesça, soulagé.
    Son exposé se déroula sans encombre. La jeunesse libérale avait rompu les rangs pour se disperser un peu dans la salle. À la fin du cours, il dut s'attarder un bon vingt minutes pour répondre à diverses questions. Quand Renaud regagna enfin le parc Montmorency surplombant la Basse-Ville, Jean Jacques Marceau se morfondait sur un banc, tout fin seul. Il se leva à son arrivée, demeura d'abord muet et embarrassé, ne sachant visiblement quelle contenance adopter. Le professeur s'assit, l'étudiant fit de même. Son regard se perdit sur le fleuve un long moment, puis il réussit à articuler :
    —    Vous n'allez pas me dénoncer?
    Comme Renaud ne répondit pas tout de suite, il continua, terrorisé :
    —    Ils me chasseraient de l'université. Ma mère mourrait de honte.
    —    Ce ne sont pas mes affaires. Il s'agit de votre vie privée.
    —    Je vous en prie, ne le dites à personne.
    L'étudiant commençait à paniquer, imaginant les conséquences de ses gestes.
    —    C'est votre vie privée, vous dis-je. Je n'ai pas l'intention d'en parler à qui que ce soit. Cela ne me regarde pas.
    L'autre mit un moment à comprendre, puis il souffla:
    —    Merci.
    Marceau laissa échapper un long soupir avant de continuer :
    —    Je ne sais pas ce que j'aurais fait autrement Déjà les gens sont si méchants avec moi, et ils n'ont que des soupçons.
    —    Je vous conseille cependant d'être prudent, précisa le professeur. Ce que vous faisiez est interdit par la loi. Si un policier vous surprenait, vous pourriez vous retrouver en prison. Même chez vous, la porte verrouillée, la loi l'interdit.
    L'autre lui adressa un petit sourire plein de dépit.
    —    Je sais. Je suis étudiant en droit, vous vous rappelez?
    Renaud resta là un moment, ne sachant si la conversation était finie. Marceau retrouvait lentement une    contenance,
    secouant l'inquiétude qui l'avait habité plusieurs jours d'affilée. Le professeur allait se lever pour partir quand il demanda :
    —    Comment se fait-il que vous ne me condamniez pas ? Vous ne vous moquez même pas. Vous ne me dites pas de ne pas recommencer, vous vous limitez à m'inciter à la prudence.
    —    J'ai perdu toute envie de faire la morale aux autres il y a une dizaine d'années. C'est-à-dire à ceux qui ne font de mal à personne. Vous savez ce que vous faites, et vous le faites avec quelqu'un d'assez vieux pour le savoir aussi. Cela me suffit.
    —    Mais c'est immoral. Contre nature.
    Son compagnon donnait dans l'autoflagellation maintenant.
    —    Selon la nature, dans le cas des mammifères, on s'accouple avec une femelle à la période du rut. On recommence quand la femelle a fini d'allaiter ses petits. A ce compte, tous les hommes sont contre nature. Pour le reste, je laisse ça aux curés.
    —    Oh! Les curés...
    Marceau voulait dire autre chose, puis il s'arrêta. Renaud le salua et rentra chez lui.
    Selon une routine établie entre eux, il rencontrait Germaine le jeudi. Quant à Elise, il lui avait expliqué de son ton le plus convaincant qu'il tenait à garder toute cette journée pour se consacrer à son cours.
    —    Vous savez, juste le lendemain de mon exposé en classe, les questions de mes étudiants sont encore fraîches dans mon esprit, avait-il dit.
    Elle avait acquiescé. Le professeur passa donc une matinée tranquille dans ses livres. A l'heure du lunch, un coup de lil le laissa pantois.
    —    Renaud, as-tu vu ce qui a été publié sur Blanche ?
    C'était Germaine, affolée, qui n'avait même pas pris le temps de le saluer.
    —    Non, je n'ai pas lu les journaux.
    Elle lui téléphonait pour la première fois à la maison, bien qu'elle connût son numéro depuis des semaines. Une femme bien, selon elle, n'appelait pas un homme. Cela ne se faisait pas. Seul un motif sérieux lui faisait violer ces règles impérieuses.
    —    Ce n'est pas dans le journal. Il s'agit d'une petite brochure. On y parle de moi.
    —    De toi ? Dans quel sens ?
    —    Je ne peux pas te parler de ça au téléphone. Je crois que j'ai besoin d'un avocat.
    —    Est-ce que cela peut attendre à ce soir, ou tu veux me parler tout de suite ?
    Elle marqua une pause, puis convint :
    —    Cela peut attendre, je suppose.
    —    Je n'ai pas d'autre bureau que mon appartement. Tu veux venir ici, ou tu

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