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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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avait bien travaillé.
    —    Tu as raison, convint Renaud. À la fin, on reconnaît Blanche. Même le sermon du curé Melançon se trouve là. Quant à la ville, on évoque là le parc Victoria, la rivière Saint-Charles. Les gens arrêtés, ce sont les Germain. Cela vaut la peine de poursuivre l'auteur. Tu connais quelque chose comme le Club des vampires ?
    —    Comment peux-tu penser que je connais des cochons comme eux?
    Elle avait élevé le ton, visiblement outrée.
    —    Je ne parle pas de les connaître intimement. Tu n'as jamais entendu parler d'un club de ce genre ?
    —    Jamais. Les seuls vampires que je connais, je les ai vus dans des films, ou dans des romans.
    —    Il se peut bien que notre auteur ait pris son idée dans un petit roman à cinq cents. Tu n'as jamais entendu parler d'une association, quelle que soit son nom, où des gens riches font des folies avec des femmes ?
    Connaissait-elle le mot «orgie»? Cela paraissait peu probable.
    —    J'ai entendu parler des sottises des jeunes garçons riches toute ma vie. Je travaille dans un magasin à deux pas des bordels de la rue Saint-Vallier. Juste un peu plus loin, au coin de la rue de la Couronne, il y a l'hôtel Saint-Roch. C'est un repaire de prostituées. Les jeunes richards, comme il dit dans la brochure, on les voit passer fréquemment avec des putains dans leurs autos.
    Son cadre de vie lui laissait peu de chances d'ignorer les aspects les plus scabreux de l'existence.
    —    Mais tu ne connais aucun club, aucune association ?
    —    Non.
    Elle réfléchit un moment avant de demander :
    —    Qu'est-ce que tu vas faire, exactement?
    —    Rencontrer Lavigerie demain pour connaître ses intentions au sujet de Grâce. On pourra peut-être s'associer dans une poursuite. Je vais aussi essayer de voir l'auteur, sinon l'imprimeur de ce texte.
    —    Il n'y a pas de signature.
    —    A la dernière page, il y a un petit losange dans lequel on peut lire «Imprimé par le Franc-Parleur». Tu connais ce journal ?
    Elle réfléchit un moment avant de préciser :
    —    Cette petite revue paraît une fois par semaine. C'est très catholique. Souvent, quelqu'un vend des numéros à la porte de l'église. Les vieux achètent cela.
    —    J'irai demain. Un auteur, cela ne doit pas être difficile à trouver dans une ville comme Québec. Veux-tu manger, maintenant?
    Elle donna son assentiment d'un signe de tête. Pouvoir compter sur son compagnon pour s'occuper de ce nouveau développement la rassurait tout à fait. Si l'une de ses connaissances abordait le sujet le lendemain, elle dirait: «Mon avocat s'en occupe. Il va faire payer ceux qui racontent des horreurs sur mon compte. » Cela suffirait certainement pour faire taire les plus taquines de ses collègues. Renaud sortit du pain, du fromage, des viandes froides. Il récupéra deux Coca-Cola bien frais de son réfrigérateur. Elle était très impressionnée par la modernité, le confort de l'appartement. Elle avait l'impression de faire un pique-nique, surtout que la table était tout près d'une fenêtre donnant sur le fleuve.
    Tout en mangeant, Renaud lui demanda :
    —    Tu as une idée de l'identité de ce «H»?
    Elle fit signe que non. Le visage d'Henri Trudel lui passa à l'esprit. C'était tellement ridicule, il chassa cette image.
    —    Le fils de la personne la plus importante de Québec ? continua-t-il. C'était le cardinal Bégin, non ? Avait-il un fils ?
    Elle ne rit pas du tout. On ne se moquait pas de l'Église dans cette ville, surtout pas si cela s'accompagnait d'une allusion à la sexualité. Il poursuivit:
    —    Je peux toujours vérifier les noms des enfants du maire. Quoique la personne la plus importante de la ville, c'est le premier ministre. Tu connais les noms de ses enfants ?
    Évoquer les riches et les puissants dans ce contexte la laissait bien perplexe. Il la reconduisit peu après, sans se montrer entreprenant avec elle. Après avoir vu son logis, elle en venait à regretter de ne pas avoir accepté son invitation, une semaine plus tôt.
    —    Us savent tout. Ils savent absolument tout.
    Antoine Trudel secouait la tête d'un air désespéré. Il relisait encore La Non-Vengée. Il avait laissé son fils vert de peur à la maison pour accourir chez le premier ministre dès l'appel de celui-ci. Le père n'avait appris l'existence de cette brochure que cet après-midi, mais Descôteaux en avait un

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