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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Ses charmes n'arrivaient pas à détourner totalement l'intérêt du tapis trop usé, du couloir faiblement éclairé, des portes alignées. Les lieux ne payaient pas de mine.
    Elle l'emmena dans une petite chambre meublée d'un fauteuil et d'un lit double. Un lavabo se trouvait derrière un paravent fleuri. Le décor réconcilia un peu le client avec la prétention du portier du Château sur la correction de l'endroit.
    —    Comment t'appelles-tu ? demanda-t-elle en laissant glisser son peignoir de ses épaules.
    Sa combinaison verte soulignait la couleur de ses yeux.
    —    Renaud... Et toi?
    Il n'aimait pas le tutoiement de rigueur. Après tout, même nus, ils restaient des étrangers l'un pour l'autre. Pourtant, il achetait d'une inconnue une relation intime, la vouvoyer paraîtrait bizarre.
    —    Lara, fit-elle.
    Un pseudonyme, bien sûr. L'homme se trouva un peu niais d'avoir spontanément donné son véritable prénom.
    Sa timidité lui donnait un air «mignon», songea-t-elle. Ce ne serait pas trop difficile. Il posa l'argent de la transaction et une capote sur la commode, près du lit. Son désir de se protéger des maladies «honteuses» comportait tout de même une forme de respect qui le rendait sympathique. Un silence gêné s'imposa à eux, le couple demeura un moment emprunté. Quand il commença à se déshabiller, elle fit glisser sa combinaison. Elle ne portait plus que de drôles de petits chaussons verts et des milliers de taches de rousseur.
    L'homme s'arrêta pour la regarder, superbe dans sa nudité, avec de petits seins hauts perchés, bien pointus, les bras, le visage, la poitrine et les cuisses pleins de taches de son sur une peau de lait. Une petite touffe de poils follets sur le pubis rappelait le cuivre de ses cheveux. Elle avait un peu plus de vingt ans - certaines employées de la maison n'avaient pas seize ans -, mais affichait un air plus jeune encore. Son corps très mince donnait une impression de fragilité. Allongée sur le lit, elle le regarda se dévêtir. Il la rejoignit bientôt, le sexe raide produisant une perpendiculaire avec son ventre.
    Elle le prit dans sa main, fit un mouvement de va-et-vient. Il fit mine d'arrêter le geste.
    —    Laisse, fit-elle. Dans cet état, tu vas exploser.
    Le client jouit tout de suite. Elle lui tendit une serviette propre pour lui permettre de se débarbouiller. Quand il revint du lavabo, elle avait un petit sourire amusé.
    —    Je fais adolescent, fit-il en guise d'excuse.
    —    Cela peut aussi être un compliment.
    Son érection demeurait ferme, mais cette fois il aurait du temps devant lui. L'homme apprécia la douceur de sa peau, l'élasticité de ses seins. L'envie lui prit d'embrasser chacune de ses taches de rousseur, mais ces jeux n'avaient pas leur place: cette femme ne se trouvait pas là pour s'amuser. Il s'attarda cependant sur la pointe des seins, laissa ses doigts explorer la rondeur des fesses, la douceur des poils, sans trop insister. Il la pénétra bientôt après avoir enfilé le préservatif. Lara s'arrangea pour le renverser sur le dos et entreprit une espèce de danse sur son ventre. En étant sur le dessus, elle évitait d'être écrasée par son poids et réglait le rythme de son travail. Il jouit très vite. Satisfait, étendu sur le dos, les bras de chaque côté de sa tête posée sur l'oreiller, il se reposa un instant.
    Les condoms de latex à usage unique seraient disponibles dans dix ans. L'homme s'astreignit bientôt à nettoyer le tube fabriqué avec un intestin de mouton, puis s'occupa ensuite du bas de son corps.
    —    C'était gentil, fit-elle derrière lui.
    Il la regarda, intrigué par une déclaration semblable. Elle rougit.
    —    Je veux dire la capote. C'était une gentille attention. Je l'offre toujours aux clients, souvent sans succès.
    —    J'ai entendu assez de discours sur les maladies vénériennes dans l'armée pour apprendre. Selon les médecins militaires, elles sont plus dangereuses que les balles allemandes. J'en doute cependant.
    Lara savait combien ces maladies tuaient efficacement, elles aussi.
    —    Les cicatrices, c'est à cause de ces balles ?
    Le vétéran fit signe que oui. Quand il s'éloigna pour se rhabiller, elle le remplaça au lavabo. Même sans la voir, cette intimité lui semblait un peu gênante. L'homme aperçut son bras au-dessus du paravent, pour prendre le peignoir posé là. Elle revint presque pudique, le vêtement

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