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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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interlocuteur.
    Sous la colère, sa voix devenait un peu plus sifflante.
    —    Tu ne comprends pas ? Tout comportement suspect serait interprété comme un aveu. Ils pourront immédiatement citer les noms, si ces idiots commencent à fuir.
    C'était vrai. Trudel se souvenait des conseils de Descôteaux lors de leur dernière rencontre: ne rien faire avant qu'un mandat d'arrêt ne soit signé par un juge. Aucun d'entre eux ne livrerait un document pareil sans avoir des preuves solides. Surtout, aucun magistrat ne prendrait une initiative de ce genre à l'encontre des enfants de membres éminents du Parti libéral sans en parler d'abord de vive voix au procureur général. Il poussa un long soupir. Le suffisant ministre se viciait comme une vieille baudruche.
    —    Dis-moi ce que nous devons faire, implora-t-il.
    —    Demain matin, Le Soleil va annoncer la tenue d'une enquête on discovery. Je suis sûr que toute cette histoire est un ballon électoral. Il y aura des avocats libéraux et des avocats conservateurs. Le directeur de L'Evénement devra témoigner pour son histoire de mystérieux témoins, le directeur du Franc-Parleur devra nous dire qui est son ineffable auteur. Tous ceux qui ont quelque chose à dire pourront occuper le fauteuil des témoins.
    —    Cela leur donnera l'occasion de présenter des preuves contre les garçons.
    Descôteaux essaya de maîtriser son impatience croissante. Les frayeurs de ce gros homme devenaient plus dangereuses que les menées des adversaires conservateurs.
    —    S'il y avait des preuves, ils le clameraient dans L'Evénement. Un torchon comme La Non-Vengée témoigne de leur ignorance. Il nous faut convaincre tout le monde, nos partisans comme nos ennemis, que nous cherchons la vérité-dans cette affaire. Sinon, de simples rumeurs vont nous abattre, à la fin.
    Bien sûr, il avait raison.
    Thomas Lavigerie possédait un bureau rue Saint-Jean. L'endroit était plutôt modeste si l'on pensait à sa renommée. D'un autre côté, sa réputation était celle d'un trouble-fête.
    Il n'obtenait jamais de mandats des grandes entreprises ou du gouvernement, qui seuls pouvaient assurer la richesse d'un cabinet d'avocat. Son intérêt pour des cas triviaux lui rapportait sans doute un revenu médiocre. Seule l'existence «d'argent de famille » expliquait son train de vie confortable.
    Incapable de payer une secrétaire, il avait répondu lui-même au téléphone. Il avait accordé un rendez-vous à Renaud sans hésiter. Ce dernier frappa à sa porte à midi, comme convenu. L'antichambre était poussiéreuse, avec un bureau inoccupé, de la paperasse dispersée ça et là. Une porte en verre dépoli laissait à l'avocat la possibilité d'observer le va-et-vient des visiteurs tout en s'assurant d'un peu d'intimité. Il vint lui souhaiter la bienvenue dès son entrée.
    —    Monsieur Daigle, enchanté de vous revoir. Je regrette toutefois que toutes nos rencontres aient un lien avec la malheureuse affaire Blanche Girard.
    Le nouveau venu le suivit dans une pièce où régnait un extraordinaire fouillis, avec des documents partout, des classeurs en bois à demi ouverts, les journaux des dernières semaines entassés dans tous les coins. Il prit la chaise que Lavigerie lui désignait. Celui-ci continua en retournant derrière son bureau :
    —    Car c'est bien l'affaire Blanche Girard qui me vaut votre visite ?
    —    Une conséquence plutôt désagréable de cette affaire, en effet. Une petite brochure intitulée La Non-Vengée prête un rôle des plus désagréables à ma cliente et aussi, je crois, à votre client John Grâce.
    —    Votre cliente s'appelle donc Germaine Caron. C'est une bonne amie à vous ?
    —    Je dirais plutôt une connaissance. Nous avons sympathisé à l'enquête du coroner, comme vous le savez.
    Renaud préférait rester discret, surtout quand il était question de Germaine.
    —    Monsieur Grâce m'a présenté les choses sous un autre jour, glissa Lavigerie avec un sourire. Cela ne change rien à notre affaire. Mon client s'est en effet senti visé par cette brochure. Je ne trahis pas ici le secret professionnel, il m'a autorisé à discuter de la chose avec vous.
    —    Il en va de même de ma cliente. Je ne vous ferai pas perdre votre temps.
    L'allusion à ses rapports avec Germaine lui avait donné envie de ne pas faire durer cette rencontre plus que nécessaire. Il continua :
    —    Seriez-vous

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