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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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de notre victoire. L'adversaire reconnait sa défaite.
    Des éclats de rire et des applaudissements éclatèrent. Le ministre continua avec une série de remerciements, où Elise Trudel figura parmi les premiers. Elle rougit de plaisir. À la fin de l'intervention de Lapointe, d'autres députés assurés de leur victoire vinrent répéter les mêmes phrases en changeant les noms des personnes évoquées. Les derniers eurent la bonne idée de se faire très brefs, afin de laisser la place à la musique.
    La fête avait quelque chose de faux. Les nouvelles de l'Ontario n'étaient pas bonnes. Elles deviendraient catastrophiques quand les résultats de l'Ouest arriveraient. A ce moment-là, la salle de bal du Château Frontenac se viderait des derniers fêtards. A l'échelle du pays, Arthur Meighen aurait plusieurs députés de plus que William Lyon Mackenzie King. À cause de la présence de vingt-cinq progressistes, King refuserait de concéder la victoire à son adversaire. Il passerait à travers plusieurs votes de non-confiance grâce à l'appui des membres de ce tiers parti. Ces événements feraient vivre à la population la tension d'une campagne électorale interminable, plus d'un an en fait.
    Pendant cette période, l'affrontement entre conservateurs et libéraux ne connaîtrait aucun relâchement ; ni la recherche de scandales.
    Deux semaines plus tard, Renaud Daigle entretenait une cinquantaine de personnes, des dames pour la plupart, de l'Egypte ancienne. Ces conférences procuraient un vernis culturel à celles à qui l'on refusait le droit à de vraies études. Car les femmes n'étaient pas même une minorité dans les programmes conduisant à un diplôme de licence, de maîtrise ou de doctorat dans les universités francophones ; elles étaient encore de très rares exceptions. La plupart des auditrices avaient entre trente et cinquante ans, elles venaient des meilleurs milieux. Parmi elles, Elise faisait figure de toute jeune femme et Helen, d'écolière. Toutes deux très bien élevées, elles se retrouvèrent assises l'une près de l'autre: s'ignorer aurait été de la dernière impolitesse. '
    Son exposé, donné à titre de simple amateur, fut très apprécié. Au milieu de la salle, un énorme projecteur fort bruyant lui permettait de montrer ses photographies. Les questions furent nombreuses, dont une sur la fameuse malédiction de Toutankhamon. Ensuite, tout en ramassant ses affaires, il dut répondre encore aux dames massées près de l'estrade. Certaines lui lançaient des regards appuyés, d'autres minaudaient comme des couventines. Combien elles devaient s'ennuyer, pour en être réduites à cela. Quand elles se dispersèrent enfin, il put se diriger vers la sortie, à l'arrière de la salle.
    Il salua ses plus jeunes auditrices, Elise, puis Helen, toujours là.
    —    Comme tout cela est intéressant, commença cette dernière.
    Elle faisait passer son poids d'un pied à l'autre, comme un enfant très intimidé. A la fin elle glissa dans un murmure:
    —    Vous devriez m'inviter à luncher le prochain dimanche. J'aimerais vous entendre parler encore de ces si beaux voyages.
    —    ... Ce serait avec plaisir.
    L'homme rougissait de plaisir. Elise cherchait à mettre son imperméable tout en regardant vers le sol. Elle arrivait mal à contenir sa colère. Cela ne se faisait absolument pas, de s'inviter à manger avec un homme. Cette sotte n'avait aucun sens des convenances ! Pire, cette absence de savoir-vivre était récompensée !
    —    Elise, s'entendit-elle demander, puis-je vous déposer chez vous ?
    Elle combattit son envie de l'envoyer au diable et répondit d'une voix un peu affectée :
    —    Non, merci bien. Le chauffeur de mon père doit venir me chercher.
    La colère l'empêchait de réfléchir. Renaud pouvait prendre une seule passagère avec lui, il lui avait offert cette place. Au mieux, Helen aurait pu utiliser la petite banquette dissimulée dans le coffre, comme une enfant.
    —    Moi, je suis venue à pied, murmura la jeune Irlandaise.
    —    Dans ce cas, je peux vous reconduire.
    Elise les laissa prendre les devants, rageant contre tous les deux maintenant. Comme elle se trouvait stupide. Elle avait passé la soirée à s'imaginer descendant le Nil, de préférence avec un avocat plutôt... ahuri, mais qui lui plaisait terriblement. Arrivés à la sortie, ils ne virent ni chauffeur, ni limousine. Elle fit semblant de se rappeler lui avoir donné

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