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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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bâton ou une bouteille. Tout ce qui tombe sous la main est bon pour ces malades.
    —    Elle est morte de cela ?
    —    C'est possible. Je n'ai pas vu de traces de projectiles ou de coups de couteau. Elle a été sévèrement battue, assez pour avoir une large ecchymose sur le crâne, mais ça ne l'a pas tuée. Elle peut aussi avoir été étouffée. Cela ne laisse pas de traces visibles, si le tueur utilise quelque chose pour couvrir à la fois la bouche et le nez. Mais elle peut tout simplement être morte de l'hémorragie consécutive aux sévices sexuels.
    —    Elle était vierge ?
    Dans l'affirmative, aux yeux de tous les Québécois le crime deviendrait infiniment plus affreux.
    —    Comment voulez-vous que je le sache ? Défoncée comme elle l'était, en état de putréfaction, je n'étais pas en mesure de m'intéresser à ces détails.
    Le médecin mangeait de bon appétit, mais le policier avait du mal à combiner ce récit, les œufs et le bacon. Il regrettait de ne pas s'être contenté d'un simple café. Comme il s'y attendait, le médecin ne lui apprenait pas grand-chose.
    —    Vous savez quand elle est morte ?
    —    Si le corps est en bon état et que la mort n'est pas trop lointaine, on peut se fier à la température ou à la rigidité. Mais là, il est très difficile de se prononcer. Depuis dix jours la température se révèle anormalement chaude, elle était dans un endroit assez humide, ce qui accélère la décomposition. Je dirais deux jours. Pas plus de trois, il me semble, par cette chaleur.
    —    Elle est disparue depuis samedi dernier.
    —    C'est trop loin. Elle ne peut être morte depuis aussi longtemps. Mais je vous l'ai dit, on ne peut pas vraiment juger de l'âge des cadavres par leur degré de pourrissement.
    Le lieutenant grimaça tout en révisant les mots griffonnés dans son carnet :
    —    Le corps n'était pas là dans la soirée du 6. Elle a pu être retenue prisonnière et tuée ailleurs, et son corps déposé là.
    —    Je ne crois pas qu'elle était morte le 6 au soir, ou cela venait tout juste d'arriver. Le tueur a pris la précaution de lui remettre ses vêtements tant bien que mal. Elle avait sa robe à l'envers, ramassée autour du cou, de même qu'une camisole. Elle portait aussi sa culotte, même si celle-ci n'était plus qu'un lambeau autour de la taille.
    —    Si elle a été tuée sur place, pourquoi le tueur a-t-il essayé de lui remettre une partie de ses vêtements ? Pourquoi avoir pris la peine d'enrouler le corps dans un drap? Pourquoi avoir emporté avec lui les bas et les souliers ? Un souvenir plutôt macabre.
    Gagnon écrivait dans son carnet tout en prononçant ces mots. Il releva la tête afin de poursuivre son résumé :
    —    Je ne vois pas pourquoi on aurait habillé le corps, si ce n'est pour le transporter. Peut-on imaginer qu'une fois le forfait accompli un violeur se donne la peine de recouvrir le cadavre, comme pour protéger la pudeur de la jeune fille?
    —    Vous savez, fit le médecin, c'est bien possible. Les fous obéissent à une logique bien à eux, incompréhensible poulies autres.
    —    Ces vêtements, le drap, vous les avez avec vous ?
    —    Les voilà, répondit-il en lui passant un sac en papier brun par-dessus la table. Le drap porte l'inscription JBT, à l'encre de Chine. Elle avait aussi un mouchoir dans son poing fermé, avec les lettres EG.
    —    La première inscription réfère à Jean-Baptiste Tremblay. C'est une toile qu'elle apportait à la maison pour la laver, afin de rendre service à son employeur. EG, ce sont les initiales de son oncle. Elle allait chez lui chaque semaine. Selon toute
    probabilité, elle avait emprunté ce mouchoir.
    — Bon, je m'en vais, fit le médecin en se levant. Vous aurez mon rapport écrit en fin de journée.
    Resté seul, Gagnon se perdit dans ses pensées. Blanche pouvait avoir été séquestrée pendant quelques jours avant d'être tuée, et son corps déposé ensuite dans le parc. Comme personne n'avait signalé un enlèvement, peut-être était-elle allée chez quelqu'un de ses connaissances, après tout. Cette personne l'avait tuée pour une raison mystérieuse. Une question surtout lui tournait dans la tête: comment avait-on pu déposer le cadavre dans un endroit tellement fréquenté ?
    Maintenant, les journaux allaient s'emparer de l'affaire. De nombreuses personnes s'adresseraient à la police pour dénoncer

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