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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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déboucha une bouteille de saint-saphorin.
     

    Quand, à la fin du printemps 1805, M me  Métaz revit Blaise de Fontsalte, elle avait depuis longtemps oublié l’odyssée du ballon de Garnerin. Cette fois-ci, elle avait été prévenue plusieurs semaines à l’avance de l’arrivée de son amant. Blaise lui avait écrit de Lyon, où il était arrivé, le 10 avril, avec le général Ribeyre. Pour des raisons évidentes de sécurité, plusieurs officiers des Affaires secrètes accompagnaient Leurs Majestés Impériales en route pour Milan, où Napoléon I er devait être couronné roi d’Italie le 26 mai.
     
    Dans sa lettre, Blaise annonçait qu’il serait chargé, après les cérémonies milanaises, d’escorter jusqu’à l’hospice du Grand-Saint-Bernard les restes de Desaix que les chanoines avaient accepté de garder. Cette mission accomplie, il ferait halte à l’auberge du Cerf, à Villeneuve, où il comptait trouver « un message de Dorette et l’autorisation de venir jusqu’à Vevey pour la revoir », car, affirmait-il, « je pense souvent à vous, ce qui me met le feu dans le sang ». Dès réception de cette bonne nouvelle, Charlotte commença avec Flora, désormais résignée, à faire des plans pour profiter au mieux du séjour de son amant.
     
    En cette fin de printemps, Blaise trottait sur les routes, en avant du convoi impérial, pour s’assurer que les agents de son service n’avaient commis aucune négligence, car on craignait toujours que les royalistes ne profitent des longs déplacements de l’empereur pour perpétrer des attentats.
     
    Le couple impérial, après avoir passé cinq jours à recevoir les hommages des Lyonnais, s’était mis en route le 15 avril, pour passer en Italie par la Maurienne. Après des étapes à Turin et Asti, le convoi était arrivé à Milan où, dans la cathédrale tendue de gaze et de crêpe, en présence d’une foule de dignitaires italiens et de sept maréchaux français, Napoléon avait reçu, des mains du cardinal Caprara, la couronne de fer des rois lombards. Cette pièce d’orfèvrerie byzantine du vi e  siècle était constituée d’un cercle de fer, tiré de la fonte des caboches qui avaient servi à enclouer le Christ sur la croix et couvert d’un large bandeau d’or orné d’émaux. On avait dû envoyer une escorte prendre à Monza, où elle était conservée, la précieuse relique. « Dieu me la donne, gare à qui la touche », avait dit l’empereur, répétant la formule traditionnelle avant de désigner comme vice-roi d’Italie le fils de Joséphine, Eugène de Beauharnais, ancien commandant de la Garde des consuls.
     
    La cérémonie, répétition de celle célébrée à Notre-Dame six mois plus tôt, n’eût été que mise en scène si elle n’avait concrétisé l’annexion à l’empire du Piémont, de la Toscane et celle de la République ligurienne dont Napoléon avait, aussitôt, fait trois départements, sur le modèle français.
     

    Le 15 juin, le colonel Fontsalte revit, non sans émotion, le village de Marengo que Bonaparte avait voulu montrer à Joséphine et à sa suite, avant de commémorer, sur les lieux mêmes où elle s’était produite, la mort de son ami Desaix. Cinq années avaient passé, mais le souvenir du grand soldat restait intact et, pour honorer sa mémoire, l’empereur avait demandé à Dominique Vivant Denon d’organiser une célébration funèbre et un simulacre de l’assaut au cours duquel le héros avait péri. Tous les officiers généraux ayant commandé au feu assistèrent à cette journée de deuil fervent et de triste gloire.
     
    Quittant le convoi impérial, qui rentrait en France par la nouvelle route du Mont-Cenis, Blaise de Fontsalte suivit Alexandre Berthier, ancien commandant en chef de l’armée d’Italie, devenu maréchal d’Empire le 18 mai 1804. Napoléon avait chargé ce fameux capitaine de conduire à l’hospice du Grand-Saint-Bernard les restes de Desaix et de représenter l’empereur lors de la mise au tombeau. Escorté des généraux Menou et Bertholan et d’un détachement du 23 e  régiment de chasseurs à cheval, le maréchal se rendit chez les moines de San Angelo pour y recueillir la dépouille du général.
     
    En se penchant sur le cercueil de plomb, dans lequel avait été ménagée une ouverture vitrée au-dessus de la poitrine du mort, Blaise constata, comme le maréchal, lui-même blessé à Marengo, que Desaix avait été tué, cinq

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