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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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du Vevey d’autrefois , Säuberlin et Pfeiffer, Vevey, 1975. Depuis 2005, la maison, restaurée, accueille le Conservatoire de musique et l’École de jazz Montreux-Vevey-Riviera.
     
    15 Cité par Sainte-Beuve dans Portraits de femmes , Didier, Paris, 1852.
     

2.
     
    Maintenant que les journaux de Paris parvenaient en cinq jours à Lausanne, par courrier spécial, coûteux mais sûr, les Vaudois suivaient de plus près les affaires européennes.
     
    L’automne 1809 fut riche en événements et, pendant la période des vendanges, qui suscitait de fréquentes rencontres autour des pressoirs, on ne cessa d’évoquer, jusqu’à la fin octobre, la guerre et les contraintes que le blocus continental imposait au commerce. On apprit enfin que la paix avait été rétablie par le traité de Vienne.
     
    Depuis le printemps, il ne s’était pas écoulé une semaine sans qu’une nouvelle fournît au cercle des Métaz motif à discussion. La malheureuse bataille d’Essling, qui avait coûté la vie à plus de vingt mille Français, dont le maréchal Lannes, et à autant d’Autrichiens, la victoire de la Grande Armée à Wagram, l’annexion des États pontificaux avaient été moins commentés que la blessure de Napoléon à Ratisbonne, modeste éraflure par balle au talon, et l’arrestation du pape Pie VII par la gendarmerie française.
     
    Sur ce dernier événement, qui avait laissé de glace les huguenots, mais affligé les rares catholiques que représentait au gouvernement cantonal François-Nicolas Longchamp, on en savait plus à La Tour-de-Peilz et à Vevey que partout ailleurs. Le sergent de la Garde pontificale Julien Mandoz, époux de l’épicière Rosine Baldini, dite Tignasse, et beau-frère de Flora, de passage chez lui, avait été le témoin des péripéties romaines et vaticanes. Ses narrations lui donnaient de l’importance aux yeux des Veveysans car ce moutardier du pape n’était pas avare de confidences. Guillaume Métaz, croyant plaire à sa femme, avait invité Mandoz et Tignasse au banquet de clôture des vendanges. Après les toasts tradition nels, la conversation vint tout naturellement sur l’internement du pape à Savone.
     
    Napoléon avait imposé le code civil à l’Italie, introduit le divorce, mis en tutelle le clergé italien. Ayant fondé un royaume de Naples bonapartiste en nommant son beau-frère, le maréchal Murat – déjà prince, duc de Berg et de Clèves – roi de Naples et des Deux-Siciles, sous le nom de Joachim I er , il s’était attiré les foudres pontificales. Excommunié le 12 juin comme « tous les auteurs de l’annexion des États romains », l’empereur avait réagi, le 6 juillet, en faisant enfoncer les portes du Quirinal par les gendarmes du général Radet et arrêter le pape comme un simple voleur de poules !
     
    – Les gens croient que c’est l’affaire de l’excommunication qui a déclenché l’odieuse entreprise du despote contre Pie VII, mais ce ne fut que la goutte d’eau…
     
    – Bénite, ironisa Blanchod.
     
    – … qui fit déborder le vase, acheva le sergent sans relever la boutade ni se troubler.
     
    – Le fait est que le pape s’oppose depuis des années à l’empereur, intervint Chantenoz. Pie VII n’a jamais considéré que les ennemis de la France étaient les siens, comme l’exigeait Napoléon. Et il est clair que l’Église catholique, Rome tout au moins, a soutenu les rebelles espagnols, ceux de Romagne et du Tyrol. Le pape s’aperçoit un peu tard qu’il a sacré empereur, en 1804, un souverain laïque qui refuse au pouvoir spirituel le droit d’intervenir dans le temporel.
     
    – Que chacun fasse son métier et les âmes, comme les vaches, seront bien gardées, dit Blanchod, ennemi de ce qu’il nommait la supercherie papiste.
     
    – Vous blasphémez, Blanchod. Le pape est non seulement une autorité spirituelle pour les catholiques, dont la foi doit être respectée comme la vôtre, mais une autorité morale, reconnue par tous les chrétiens. Alors, je vous en prie, gardez votre ironie pour qui la mérite, dit sèchement Flora Baldini, approuvée d’un hochement de tête par Charlotte.
     
    Julien Mandoz apprécia ce renfort catholique en territoire huguenot.
     
    – Oh ! Napoléon et Pie VII s’arrangeront bien encore une fois. Il y aura un nouveau concordat et tout rentrera dans l’ordre, remarqua un pasteur, dont l’épouse attendait un huitième enfant.
     
    – Le

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