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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Paraît qu’il aime que les femmes aient la figure bien colorée, coupa Marie.
     
    – Et puis, ses dents ! Pourries, qu’elles sont. C’est pourquoi qu’elle sourit pas trop et se tient toujours un mouchoir devant la bouche quand elle parle. C’est bien dommage ! conclut le berger.
     
    Flora rapporta les propos des bergers à Charlotte et fut étonnée de trouver son amie indifférente à des informations de première main, fort attrayantes, voire attendrissantes, pour une admiratrice de Joséphine.
     
    Mais, ce soir-là, M me  Métaz bouclait ses malles et ne pensait qu’au lendemain, quand elle s’en irait seule, en diligence, sur la route de Loèche-les-Bains, au rendez-vous de son amant !
     
    1 Gilles-Louis Chrétien (1754-1811), musicien, graveur, inventeur d’un procédé de reproduction qui consistait à dessiner sur une plaque de verre et à graver simultanément sur une plaque de cuivre, grâce à un bras mécanique, le profil d’une personne. Les détails étaient ensuite ajoutés à la pointe. Le physionotrace connut une grande vogue entre 1786 et 1830. Marat, Saint-Just, Bonaparte et Louis XVIII furent ainsi portraiturés. D’après Gisèle Freund, « au Salon de 1793, on exposa cent portraits au physionotrace », le Romantisme , Jean Clay, Hachette Réalités, Paris, 1980.
     
    2 Avec ses cent vingt-six mètres de long, il mérite toujours, semble-t-il, cette réputation.
     
    3 1782-1859. Napoléon le fera baron d’Empire le 2 mars 1811. Turpin de Crissé épousera, le 26 novembre 1813, Adèle de Lesparda, dotée par Joséphine. Il réunit au cours de sa vie de riches collections d’œuvres d’art, qu’il a léguées à la ville d’Angers.
     
    4 La Société des Amis de Malmaison a édité, en février 1986, sous reliure de cuir rouge, à l’initiale de Joséphine, cinq cents exemplaires d’une somptueuse reproduction de l’ Album du voyage de l’impératrice Joséphine en Savoie et en Suisse , contenant trente-trois sépias du comte de Turpin de Crissé, réalisés au cours de l’année 1810.
     
    5 Mémoires du Léman , André Guex, Payot, Lausanne, 1975.
     
    6 Les Oiseaux du Léman , Paul Géroudet, éditions Delachaux et Niestlé, Neuchâtel-Paris, 1987.
     
    7 Une gravure représentant les trois vachers figure au musée de la Malmaison.
     

3.
     
    Blandine Métaz appartenait à cette heureuse catégorie d’enfants qui ne donnent pas de soucis à leurs parents. Elle avait atteint l’âge de raison sans qu’on y prît garde, une bonne santé naturelle l’ayant protégée des maladies qui, au commencement du xix e  siècle, provoquaient une forte mortalité infantile. Blonde comme sa mère, dodue et enjouée comme son père – dont elle admirait la force et l’autorité – douce, affectueuse, sans exigences, elle avait mérité de Polline le qualificatif de « va-comme-je-te-pousse ». Celui-ci résumait aussi bien la parfaite disposition de Blandine à l’obéissance qu’un évident manque de caractère.
     
    Instruite dans la religion catholique par sa mère et la vieille Polline qui lui faisait réciter ses prières du matin et du soir, la fillette trouvait à l’Histoire sainte le même plaisant intérêt que son frère portait aux aventures de Robinson Crusoé. Les récits de miracles surtout la passionnaient et on l’entendait évoquer le petit Jésus comme s’il se fût agi d’un invisible compagnon de jeux auquel il ne fallait pas faire de peine en se montrant dissipée.
     
    Depuis qu’une récente loi cantonale avait reconnu, le 2 juin 1810, l’existence légale de la religion catholique et garantissait le libre exercice de ce culte dans les communes, Charlotte et sa fille pouvaient entendre la messe dominicale à Vevey. Bien que la construction de nouveaux locaux destinés au culte catholique 1 – locaux privés de clochers, de cloches, de symboles architecturaux extérieurs et ne pouvant s’appeler que chapelles – fût maintenant autorisée, sous réserve d’approbation par le Conseil d’État, la messe n’était encore célébrée que chez des particuliers.
     
    Guillaume Métaz admettait la liberté confessionnelle mais redoutait, comme beaucoup de protestants, que la mansuétude de l’État à l’égard des papistes ne conduisît à la résurgence active d’une religion concurrente. Hors de la présence de sa femme et de sa fille, il ne cachait pas sa crainte qu’on fît de Blandine une nonne à cornette !
     
    La

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