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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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terroristes, dont les militaires se méfiaient. Malet avait néanmoins servi dans l’armée d’Italie, avant de prendre, comme général de brigade, le gouvernement militaire de Rome. Mêlé à une série de scandales, il avait été destitué en 1807 et s’était aussitôt mis à comploter contre l’empereur. Cela lui avait valu d’être une première fois arrêté puis interné dans une maison de santé peu surveillée du faubourg Saint-Antoine. Dès lors, Malet avait mis à profit cette semi-liberté pour s’aboucher avec d’autres prisonniers sur parole, royalistes exaltés. Le vindicatif Malet ne voyait d’avenir que par la république, les autres n’en concevaient qu’avec le retour des Bourbons, mais la haine commune de Napoléon avait suffi à cimenter l’accord de ces rivaux. Faire croire que l’empereur avait péri et prendre le pouvoir à Paris constituaient l’originalité du complot.
     
    À 9 heures du matin, le 23 octobre, Malet, ayant fabriqué un sénatus-consulte, avait déjà convaincu un certain nombre de gens de la disparition de Napoléon, y compris plusieurs généraux que cet effacement arrangeait, deux ou trois traîneurs de sabre niais et plus d’un millier de soldats sans jugeote. Tout ce monde accompagnait l’ancien mousquetaire dans sa tournée des états-majors. Le général Hulin, commandant la 1 re  division de Paris, eut le tort de se montrer incrédule. Un coup de pistolet dans la mâchoire, tiré par Malet, ne le fit pas changer d’avis, mais confondit le traître et ses complices. Arrêtés sur-le-champ, jugés le 28 octobre, Malet et douze conspirateurs furent condamnés à mort et fusillés, le 29 octobre, dans la plaine de Grenelle.
     
    C’est ce complot, depuis longtemps classé, qui justifiait cependant la présence de Fontsalte en Suisse. Tous les complices de Malet n’avaient pas été arrêtés en octobre 1812. Manquait notamment à l’appel un prêtre espagnol, chez qui le général félon avait endossé son uniforme et retrouvé certains de ses complices. On considérait aux Affaires secrètes que ce mystérieux personnage, dont personne n’était certain qu’il fût un véritable ecclésiastique, circulait entre Genève et Milan, où il rencontrait des agents des princes. Fontsalte se devait de vérifier qu’il ne trouvait pas un relais chez les anciens habitués de Coppet.
     
    – Mais M me  de Staël est absente depuis plus d’un an, observa Charlotte.
     
    – Nous le savons, Dorette. Elle s’est éclipsée fort adroitement, sans que nos agents s’en aperçoivent, le 23 mai 1812. De là, elle s’est rendue à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Moscou, où nous avons bien failli la rencontrer, avant que la ville ne brûle, en compagnie d’un certain banquier genevois. De là, elle a gagné Stockholm, en traversant la Finlande, pour rencontrer un autre traître, M. Bernadotte, devenu, on ne sait comment, prince héréditaire de Suède. Et cependant, Bernadotte doit tout à l’empereur, y compris sa femme, née Désirée Clary, qui fut la première inclination de Bonaparte, quand il n’était que lieutenant d’artillerie.
     
    – Mais qu’est-elle allée faire en Suède ? C’est un pays très froid…, s’étonna naïvement Charlotte.
     
    – La Staël, qui se prend pour un Metternich en jupons, est allée, non seulement comploter contre l’empereur, c’est son habitude, mais encourager les ennemis de sa patrie. Bernadotte est entré dans la coalition et va conduire, au côté des Russes, une armée contre ses anciens compagnons d’armes. Et M me  de Staël a proposé à cet ambitieux, avec l’accord du tsar, des Anglais et des Prussiens, la couronne de France !
     
    – La couronne de France ! répéta Charlotte, étonnée.
     
    – Comme si elle était à prendre !
     
    – Et où est-elle, maintenant, la dame de Coppet ?
     
    – À Londres, où elle continue à prêcher la croisade contre la France ! À mon avis, malgré ses taches de son et ses cheveux carotte, elle se voit déjà princesse suédoise. Nos agents assurent qu’à Stockholm elle avait ses entrées chez Bernadotte… à toute heure !
     
    – Mais on dit par ici qu’un jeune officier, Michel-Jean Rocca, qui se fait appeler John et qu’elle a rencontré il y a deux ans, la suit partout. Un jour, dans un restaurant de Genève, il a même voulu provoquer M. Benjamin Constant en duel et on dit aussi…
     
    – Dorette ! Nous savons

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