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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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s’était vu, au contraire, recommander par Alexandre de sauvegarder la Confédération des dix-neuf cantons, en s’opposant au rétablissement du système bernois des bailliages, et, surtout, de confirmer l’autonomie du canton de Vaud.
     
    Mais, le 20 décembre, Metternich ayant convaincu le tsar Alexandre que la Confédération helvétique était une fabrication de Napoléon et ne méritait pas considération, les troupes autrichiennes entraient à Bâle. Le 22, elles marchaient sur Soleure, le 23 sur Berne. La veille de Noël, elles occupaient Fribourg ; le lendemain de Noël, le feld-maréchal, comte de Bubna, venant de Payerne par Morges, installait son quartier général à Lausanne.
     
    Tandis que des troupes autrichiennes marchaient sur Genève, ville française en état de siège depuis le 24 décembre, les Vaudois ne cachaient pas leur inquiétude. Certes, les militaires autrichiens se conduisaient bien, mais ils se posaient en libérateurs et ne comprenaient pas que la majorité des Vaudois rejette « le retour de l’ancien et respectable ordre des choses ». Les patriciens de Berne, eux, se voyaient déjà rétablis dans leurs biens et privilèges. Forts de l’appui de Metternich et de l’armée autrichienne, ils manifestaient l’intention de reprendre en main le sort de « leurs sujets » des cantons de Vaud et d’Argovie, indépendants depuis l’Acte de Médiation. Les héritiers de Leurs Excellences voulaient ignorer tout ce qui avait changé depuis 1798 !
     
    – Si les Bernois maintiennent leurs prétentions de nous remettre sous le joug et si les Autrichiens se mêlent de les aider, nous allons à la guerre civile. Et nous devrons prendre les armes, déclara Guillaume Métaz, approuvé par tous ses amis.
     
    Cette menace bien réelle, car les Vaudois, gens paisibles mais épris de liberté, étaient déterminés à se battre, fut heureusement écartée en quelques jours. D’abord, le comte Capo d’Istria 3 sut imposer ses vues à l’envoyé de Metternich et jouer les médiateurs entre les factions suisses. Il dit aux Bernois et à leurs partisans : « Que voulez-vous ? L’Argovie ? Vous ne l’aurez pas. Le canton de Vaud ? Vous ne l’aurez pas. On saura se passer de vous. On vous laissera en dehors de la Confédération 4 . » Ensuite, la mission d’Henri Monod, président de la commission du canton de Vaud auprès du tsar à Fribourg-en-Brisgau, le 1 er  décembre, porta ses fruits, Alexandre ayant renouvelé devant Monod sa promesse de protéger l’existence des cantons de Vaud, d’Argovie, de Thurgovie et de Saint-Gall, pareillement menacés d’un retour à l’ancien régime.
     
    Le général-comte Bubna, évaluant la réaction unanime des Vaudois et des Argoviens, y compris les grands propriétaires et les anciens notables, chez qui les Bernois espéraient trouver un soutien enthousiaste, se résolut à respecter l’indépendance des cantons, où il se plut à reconnaître un ordre parfait. Il éluda toutes les sollicitations des Bernois, rassem bla ses soldats et prit la direction de Genève évacuée par les Français.
     
    Le 29 décembre, les Vaudois se sentirent enfin rassurés. Les représentants des cantons, réunis à Zurich, où Berne, Soleure et Unterwald n’avaient pas envoyé de délégués, prononcèrent, comme le souhaitaient les Alliés qui se préparaient à entrer en France, l’abolition de l’Acte de Médiation, mais confirmèrent le maintien de la Confédération des dix-neuf cantons, telle que l’avait autrefois organisée Bonaparte !
     
    Chez les Métaz, comme dans beaucoup de familles vaudoises, on fêta allégrement le 1 er  janvier 1814. L’indépendance du canton et les libertés conquises en 98 étaient sauves. On but le vin de Belle-Ombre au dessert puis Blandine, qu’on était allé chercher à Fribourg avant l’arrivée des Autrichiens, chanta en s’accompagnant au piano Allons danser sous les ormeaux .
     
    – Nous pouvons enfin espérer que le Tout-Puissant, qui a ces temps-ci entendu nos prières, accordera à l’Europe une belle unité et une longue paix, dit le pasteur, dont l’épouse attendait un neuvième enfant.
     
    – L’Europe, monsieur le pasteur, l’Europe fédérative, dont nous rêvions, elle est morte à Leipzig ! dit Blanchod d’un ton lamentable.
     
    Le pasteur, dont c’était le métier de susciter l’espérance, ne renonça pas à son idée :
     
    – Mais, puisque notre

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