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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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enfants, s’était porté volontaire. Il s’était, encore une fois, assez vaillamment conduit d’Alexandrie aux Pyramides pour être remarqué et avait fait preuve d’assez d’intelligence et d’audace pour séduire les généraux de l’état-major. Intégré à la compagnie d’élite des Guides de Bonaparte, il était rentré en France, avec ce dernier, en octobre 1799. Après le 18-Brumaire, Murat, chargé de former la Garde des consuls, « recrutée parmi les hommes qui se sont distingués sur les champs de bataille », l’avait appelé, promu capitaine et détaché au service des Affaires secrètes et des Reconnaissances.
     
    Le 20 février 1800, le capitaine Fontsalte, inaugurant son bel uniforme de chasseur de la Garde des consuls, avait assisté au mariage du général Joachim Murat avec Caroline, sœur du général Bonaparte devenu Premier consul. Un mois plus tard, ayant à peine eu le temps d’aller à Fontsalte embrasser sa mère et sa sœur, leur laisser quelques pièces d’or, raflées en Égypte, et deux scarabées, trouvés dans une antique sépulture, il avait rejoint Dijon, où commençait à se rassembler l’armée de réserve.
     
    D’où sa présence en Helvétie sur la route du Grand-Saint-Bernard.
     
    Tel était l’homme à qui Trévotte le Bourguignon, sans rien savoir de son passé et de sa carrière, avait gaillardement lié son sort, pour la meilleure et la pire des guerres prochaines !
     
    1 Nom donné par les Vaudois aux bateliers du lac.
     
    2 Le thaler, pièce d’argent de différents types, a été l’unité monétaire de divers pays germaniques. Le thaler de Marie-Thérèse, frappé à Vienne, à l’effigie de l’impératrice à partir de 1780, date de la mort de la souveraine, servait encore, il y a peu de temps, de monnaie de commerce dans plusieurs pays de l’Est africain. Le mot thaler a donné naissance au mot dollar, unité monétaire des États-Unis, et au mot talari, unité monétaire de l’Éthiopie.
     
    3 Toutes ces plaintes figurent aux Archives cantonales vaudoises, Lausanne.
     
    4 Isabelle-Agnès Van Tuyll ou Van Zuylen, dite Belle de Zuylen, née à Utrecht en 1740, morte à Lausanne en 1805. Fille du gouverneur d’Utrecht, elle voyagea en Angleterre puis en France, où elle étudia le pastel avec Maurice Quentin de La Tour, qui a laissé d’elle un célèbre portrait. Elle épousa, en 1766, un gentilhomme vaudois, M. de Charrière, précepteur de son frère. Elle vint s’établir en Suisse avec son mari et devint, en 1787, la maîtresse de Benjamin Constant. Cette liaison dura jusqu’en 1796, année où M me  de Staël supplanta Belle dans le cœur de l’auteur d’ Adolphe . On lui doit de nombreux ouvrages dont Lettres neuchâteloises (1784), Caliste ou Lettres écrites de Lausanne (1786) et plusieurs romans qui plurent à Sainte-Beuve.
     

4.
     
    Ce soir-là, au cours du repas que Fontsalte prit à la table du colonel Ribeyre, un lieutenant de la gendarmerie de la garde descendante informa les dîneurs que le Premier consul, venant de Villeneuve, n’était passé qu’à sept heures et demie à Vevey. Comme il ne pouvait être à Lausanne avant onze heures, on avait dû envoyer une estafette pour faire annuler la réception prévue à la Chambre administrative. Quant à Carnot, ministre de la Guerre, il avait été, lui aussi, prévenu du retard du général Bonaparte.
     
    Le gendarme rapporta aussi que l’inspection de l’artillerie à Villeneuve n’avait en rien amélioré l’humeur du Premier consul. Si quatre bateaux avaient bien apporté de Genève quatre cent trente mille rations de biscuits plus quatre cent mille rations d’eau-de-vie, ne figuraient dans les cargaisons ni avoine pour les chevaux ni souliers pour les hommes. Quant aux cent quatre-vingt-dix quintaux de blé transportés par les barques, ils ne pouvaient être moulus par les meuniers de Villeneuve qu’à raison de vingt-quatre quintaux par jour ! Et l’on attendait toujours huit bœufs, qui devaient fournir huit mille rations de viande !
     
    Malgré les ordres de réquisition envoyés dans tous les villages du bas Valais, l’armée manquait aussi de mulets pour transporter les subsistances. Il en aurait fallu deux mille afin d’assurer le ravitaillement de cinquante mille soldats pendant huit jours, cinq mulets étant nécessaires pour porter les rations journalières de mille hommes et un soldat ne pouvant prendre que quatre jours de vivres

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