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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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livrait près de là, dans une plaine entre deux rivières, la Scrivia et la Bormida, et que le général Desaix avait été tué.
     
    – Nous l’avons appris par le Bulletin helvétique , mais sans aucun détail.
     
    – Voyez-vous, Charlotte, à la guerre, un combattant ne connaît jamais d’un champ de bataille, appellation commode mais trompeuse, que le peu d’espace où il joue sa propre vie. Il ignore ce qui se passe ailleurs, derrière une colline, au-delà d’un bois ou sur l’autre rive d’un fleuve. Il ne peut soupçonner, alors qu’il croit la victoire assurée, que ses compagnons battent en retraite. Ce n’est qu’au moment où les clairons sonnent le cessez-le-feu, quand on ramasse les blessés et compte les morts, qu’il sait si l’ennemi a mis bas les armes ou s’il doit lui rendre les siennes.
     
    – Mais, cette bataille dont tout le monde parle et qui a marqué la défaite des Autrichiens, racontez-moi.
     
    Blaise s’assit sur le lit, ramena le drap sur lui, estimant qu’il ne pouvait décemment se remémorer des moments aussi tragiques dans le simple appareil de l’amour.
     
    – Quand le baron de Melas, général autrichien commandant l’armée impériale, qui avait chassé les Français de Gênes, vit ses lignes de communication coupées par notre armée, entrée en Lombardie par le Grand-Saint-Bernard, il redouta d’être enfermé entre le Pô et le Tanaro par une attaque de front du général Berthier et la poussée sur ses arrières des troupes de Masséna. C’est alors qu’il se résolut à déclencher la grande bataille qu’il avait jusque-là refusée, pour s’ouvrir les routes de Plaisance et de Gênes. Ayant rassemblé ses forces à Alessandria, 38 000 hommes et plus de 200 canons, auxquels il fit passer la Bormida, il marcha le 25 prairial, le 14 juin si vous préférez, dès l’aube, sur Marengo, un misérable hameau de dix ou douze maisons, dont le général Victor défendait l’approche, soutenu au centre par le corps d’armée du général Lannes et, sur les ailes, par les cavaliers de Murat et de Kellermann.
     
    » L’ennemi disposait de forces bien supérieures aux nôtres dans toutes les armes, car la résistance du fort de Bard nous avait privés d’une partie de notre artillerie. Nous ne disposions alors que de 24 pièces et notre armée ne comptait que 28 000 soldats. La division Boudet, forte de plus de 5 000 hommes, se trouvait encore au-delà de Tortone, quand le Premier consul ordonna à Desaix de l’amener à Marengo, menacé par trois divisions ennemies. Les Autrichiens, stimulés par leurs succès à Gênes, brûlaient en effet de reconquérir ce village que nous avions occupé la veille, après leur avoir pris 2 canons et fait 180 prisonniers.
     
    – Ce sont les premiers que nous avons vus passer à Vevey, commenta Charlotte.
     
    Blaise acquiesça et reprit :
     
    – À l’état-major, on prévoyait sans plaisir que, dans la vaste plaine du Pô, entre Alessandria et Tortone, la très vaillante cavalerie autrichienne conduirait des charges impétueuses. Ce fut exactement ce qui arriva ! Nos troupes résistèrent au feu ininterrompu et aux attaques, jusqu’au moment où elles reçurent l’ordre d’abandonner le village pour ne pas être débordées. Cet ordre venait du Premier consul, qui se trouvait à San Giuliano, où j’étais aussi avec le colonel Ribeyre. Je puis vous dire que Bonaparte parut fort contrarié en apprenant du général Victor qu’après nous être quatre fois portés en avant nous avions dû, quatre fois, reculer sous le feu ennemi.
     
    Charlotte posa un baiser sur l’épaule de l’officier, comme pour chasser ce souvenir cuisant, et l’invita à poursuivre son récit.
     
    » Il devait être quatre heures de l’après-midi quand arriva le général Desaix, avec la division Boudet qui marchait au son du canon. Cette apparition ranima la vaillance des combattants d’une telle façon que la 9 e  demi-brigade et les grenadiers de la Garde des consuls, se ruant irrésistiblement sur l’ennemi, provoquèrent la réaction générale des Français. Les dragons de Kellermann enveloppèrent six bataillons de fantassins autrichiens qui mirent bas les armes, ce qui sema panique et découragement chez les Impériaux.
     
    » Dès lors, la victoire prit le parti de notre armée et, au déclin du jour, après une bataille qui dura treize heures, nous fûmes assurés de l’emporter. Le général

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