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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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honoré de la guerre de l’Indépendance américaine, vrai républicain, qui avait souscrit aux généreux principes, je dis bien, principes, de la Révolution, a failli être exécuté par la racaille sanguinaire au temps de la Terreur. Mais aujourd’hui la République a ramené l’ordre à l’intérieur et hors des frontières : ses armées sont victorieuses. Son ambition est d’offrir la paix et la liberté aux peuples d’Europe dont les destins, qu’on le veuille ou non, sont désormais liés. Alors, il faut, sinon oublier, du moins pardonner les excès, apanage de toute révolution.
     
    – Je n’oublierai ni ne pardonnerai jamais ! Mais ce n’est pas votre affaire, j’en conviens. Vous êtes un soldat et vous aimez faire la guerre. Eh bien, faites-la, parez la République de vos lauriers, ils ne couvriront jamais sa honte ! lança Flora Baldini avec impertinence.
     
    Fontsalte admira l’intransigeance de cette jolie brune au regard embrasé par la colère. Comme elle restait silencieuse et affichait un air boudeur, il aborda le sujet qui lui tenait le plus à cœur :
     
    – Alors, dites-moi, que s’est-il exactement passé avec Trévotte ?
     
    Flora expliqua, avec un calme qui tranchait sur ses précédents propos, qu’elle avait vraiment voulu tuer le maréchal des logis, car elle n’avait aucune confiance dans la parole d’un Français et pensait qu’au moment de sa libération elle serait violée, puis étranglée et jetée dans le lac, avec une pierre au cou « comme cela s’était déjà vu ». En prévision de cette menace, elle s’était donc emparée d’un poignard qu’elle avait vu sur le piano de Charlotte pendant que Blaise la confrontait avec son amie, au cours de la nuit du 13 mai. Elle ignorait que cette lame avait été offerte par Blaise à M me  Métaz.
     
    – Même si je l’avais su, je l’aurais prise, car il s’agissait de ma vie. D’ailleurs, les choses ont failli se passer comme je le craignais. Quand cette brute est venue me chercher à la prison pour me conduire au commandant de la gendarmerie chargé de veiller à mon départ immédiat de Vevey, il a voulu m’entraîner sous les arbres de la berge. Alors j’ai crié et j’ai sorti le couteau. Mais je n’ai pu lui faire qu’une entaille à la main. Cela m’a cependant permis de lui échapper. Si une patrouille de gendarmes n’était pas passée par là, je suis sûre qu’il m’aurait rattrapée et étranglée, le monstre ! Voilà, c’est ainsi que les choses se sont passées.
     
    Pendant ce récit, Flora avait laissé son regard errer de la tonnelle au lac, en évitant de fixer Fontsalte. Il en conclut qu’elle ne disait pas la vérité.
     
    – Tiens ! Mon ordonnance m’a donné une autre version des faits… mais il a toujours tendance à enjoliver, ou à noircir, un peu les choses. Ainsi, il ne vous a pas davantage… importunée, ce jour-là, et vous a laissée partir sans tenter de vous reprendre aux gendarmes, comme il en avait le droit, pour vous faire payer à la façon des soudards… ou d’une autre votre vilain geste ?
     
    Flora baissa la tête puis la releva lentement, fixant le lac, comme si elle guettait un signe propre à déterminer sa conduite. En dire plus ou taire à jamais la vérité ? Parce qu’il était dans sa nature d’être franche, sans souci des conséquences, elle se résolut à parler.
     
    – Non, les choses ne se sont pas passées ainsi que je souhaitais. Votre ordonnance n’a pas menti. J’ai cru un moment qu’il allait m’étrangler et puis, après m’avoir pris le couteau, il m’a obligée… à faire ce qu’il affirmait que vous aviez imposé à Charlotte pour me laisser la vie sauve ! Là, il a menti, maintenant je le sais, Charlotte m’a tout raconté. Mais alors je l’ai cru, ce bandit, j’ai eu peur qu’il ne fasse arrêter mon amie à cause du poignard. Pas peur de la mort mais peur du scandale, vous comprenez ! Alors, j’ai fait tout ce qu’il a voulu, conclut rudement Flora, tandis que deux larmes de rage glissaient jusqu’à ses lèvres.
     
    Puis elle reprit :
     
    » C’est une brute ! Et dites-lui que si je le rencontre, cette fois-ci, je le tuerai, reprit-elle dans un cri.
     
    – C’est à peu près ce que je lui ai laissé entendre, fit posément Blaise. Toutefois, il y a peu de risque désormais qu’il vous rattrape à la course. Un boulet autrichien lui a arraché une jambe à Marengo. La

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