Herge fils de Tintin

avait été réalisé en 1958.
Philippe Goddin m’a persuadé par la suite qu’il avait été développé en
1960.
    4  « Conversation avec Hergé », in Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé ,
édition définitive, Casterman, 1990, p. 206.
    5  Patrice Hamel et Benoît Peeters, « Entretien avec Hergé », Minuit 25 , septembre 1977, p. 4.
    6  Témoignage de Josette Baujot à l’auteur, janvier 2002.
    7  Henri Roanne, entretien inédit avec Hergé, 1974.
    8  Lettre d’Hergé à Pierre Fresnault, 23 janvier 1969.
    9  « Conversation avec Hergé », in Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé ,
édition définitive, Casterman, 1990, p. 211.
    10  Hergé, note préparatoire pour Les Bijoux de la Castafiore ,
7 décembre 1960.
    11  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 185.
    12  Même si Hergé n’avait sans doute guère plus lu ce livre qu’il
n’avait eu connaissance, à l’époque de L’Oreille cassée , du texte de
Walter Benjamin sur L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité
technique . Avec Freud, contrairement à Jung, il s’agit d’une rencontre
davantage que d’une influence.
    13  L’inventivité verbale d’Hergé n’a pas toujours été assez prise en
compte par la critique : tout familier des Aventures de Tintin se
souvient pourtant des mots des Dupondt, du capitaine Haddock ou de
Séraphin Lampion autant que des images des albums. Jan Baetens a
consacré à ce versant de l’œuvre un excellent essai, Hergé écrivain (Labor, 1989, réédition augmentée Flammarion, « Champs », 2006).
Albert Algoud a évoqué cet aspect sur un mode plus ludique à travers
plusieurs ouvrages, dont Le Haddock illustré, l’intégrale des jurons du
capitaine Haddock (Casterman).
    14  La fortune critique des Bijoux de la Castafiore est presque aussi
imposante que celle de Tintin au Tibet . Outre l’article célèbre de Michel
Serres, « Les bijoux distraits ou la cantatrice sauve », paru dans Critique en juin 1970 (et repris dans Hermès II, L’interférence , Minuit, 1972, puis
dans Hergé mon ami , Moulinsart, 1999), il faut au moins signaler l’étude
de Pierre Fresnault-Deruelle, « Le quotidien par la bande », in La
Chambre à bulles , 10/18, 1977. J’ai pour ma part consacré un livre entier
à une analyse de cet album, page après page et souvent case après case
( Les Bijoux ravis, une lecture moderne de Tintin , Magic-Strip, 1984 ;
réédition à paraître en 2007 sous le titre : Lire Tintin. Les Bijoux ravis ).
    15  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 69.
    16  « Conversation avec Hergé », in Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé ,
édition définitive, Casterman, 1990, p. 207.
    17  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 93.

 
    2
     
    Le piège des Studios
     
    Hergé est cyclothymique : après ne s’être préoccupé
que de sa vie sentimentale, puis s’être concentré sur son
nouvel album, voici qu’il revient aux affaires. Et, comme
chaque fois, ce retour est brutal.
    Pendant toute l’année 1964, c’est la crise avec Raymond Leblanc. Le contenu de l’hebdomadaire Tintin déplaît de plus en plus à Hergé : non seulement, le journal
continue de lui paraître ennuyeux, mais beaucoup de
séries lui semblent vulgaires ; cette fois, il veut vraiment
que les choses changent. Dès le 8 janvier, il fait savoir à
son ami Marcel Dehaye, toujours rédacteur en chef mais
trop faible pour s’imposer, qu’il y a « menace d’un conflit
sérieux, sinon d’une rupture. Tout est possible 1  ». Deux
semaines plus tard, Hergé paraît décidé à se lancer dans la
« bagarre avec Leblanc ». Dehaye, pris entre deux feux, ne
sait plus que penser et s’insurge d’abord contre l’« inhumanité » d’Hergé. Mais ce dernier essaie de conclure une
alliance : il explique à son ancien secrétaire qu’il songe à
devenir rédacteur en chef en collaboration avec lui, demanière à mieux « contrôler les dessinateurs 2  ». L’idée
heurte profondément Raymond Leblanc, mais Dehaye
lui-même rejoint peu à peu le parti d’Hergé. Bientôt, il
affirme que « seul Hergé a l’autorité et la compétence
pour reprendre en main les dessinateurs ».
    Au cours d’un déjeuner en tête à tête avec le patron des
Éditions du Lombard, Hergé lui annonce