Herge fils de Tintin
RG, le phénomène
Hergé (Claude Lefrancq éditeur, 1998) de Huibrecht Van Opstal.
9 « Hergé à Radio-Bruxelles », 4 mars 1942. Transcription publiée
dans Les Amis de Hergé , n o 6, décembre 1987, p. 16-17. Sur le passage
du récit illustré à la bande dessinée, on se reportera aussi à l’album de
Philippe Goddin, Les débuts d’Hergé, du dessin à la bande dessinée ,
Moulinsart, 1999.
10 Lettre de Charles Lesne à Hergé, 13 décembre 1938 : « J’aurais
bien voulu assister à la fête du cirque et me retrouver un peu dans
l’atmosphère de la première réception de Tintin, à la gare du Nord…
C’est moi qui en avais eu l’idée, te rappelles-tu, et l’abbé y avait mordu
tout de suite. C’est déjà loin… »
11 Hervé Springael, « Tintin retrouvé », in Les Amis de Hergé , n o 7,
juin 1988, p. 4-8.
12 Témoignage de Germaine Kieckens à l’auteur, 1988. Si l’on se
souvient que « Milou » était le surnom de la première petite amie
d’Hergé, le fait que ce soit Germaine qui ait signé prend un certain
relief…
3
Un jeune homme à la page
Après les débuts de Tintin, les autres activités de dessinateur tout-terrain ne s’interrompent pas, loin de là.
Jusqu’en 1932, elles resteront très accaparantes, empêchant Hergé de consacrer à ses histoires autant de temps
qu’il le voudrait.
En commençant Tintin au pays des Soviets , il obtient
tout de même de l’abbé Wallez l’engagement d’un collaborateur, un garçon de trois ans son cadet, issu du scoutisme comme lui. Eugène Van Nyverseel, c’est son nom,
signe ses dessins d’un plus efficace « Evany ». Il commence à travailler au Vingtième Siècle le 1 er janvier 1929,
libérant bientôt Hergé des tâches les plus fastidieuses.
Après trois mois d’apprentissage à l’atelier de photogravure, qui constituent une sorte d’« examen de passage »,
le jeune homme peut installer sa table à dessin auprès de
celle d’Hergé. Un Hergé qu’il prend aussitôt pour
maître, et qu’il pastiche comme il le peut. Soixante ans
plus tard, Evany se souvenait de ces temps héroïques
avec émotion, continuant d’être frappé par cette curiosité qui poussait Hergé à essayer sans cesse de nouvelles
techniques et par son perfectionnisme : il n’hésitaitjamais à déchirer un dessin ou une planche dont il n’était
pas satisfait 1 .
Au sein du Petit Vingtième , Evany assura un nombre
de plus en plus considérable d’illustrations pendant
deux ans, jusqu’à ce que son départ pour le service militaire l’éloigne définitivement de l’hebdomadaire. Il
s’occupait aussi de la mise en pages et pourvoyait à la
dure nécessité de remplir le journal, en se rendant au
marché aux puces faire une provision de vieux numéros
du Petit français illustré ou de Lectures pour tous . Ces
numéros se trouvaient ensuite méthodiquement pillés
pour en extraire des contes ou des petits articles… et ce,
jusqu’au jour où une société d’auteurs envoya une imposante note d’arriérés.
En mars 1930, un second collaborateur fait son
entrée dans les pages du Petit Vingtième : Paul Jamin. Né
à Liège en 1911, ancien de Saint-Boniface, Jamin y était
en classe avec le frère d’Hergé, Paul Remi, dit « le Bral ».
Mauvais élève, indiscipliné en diable, Jamin s’était en
revanche révélé dès cette époque comme un excellent
caricaturiste. Il répondit avec enthousiasme à la proposition d’Hergé.
Les premiers temps, Jamin fut l’homme à tout faire
du Petit Vingtième . Touchant un salaire de misère, il
gommait les traces de crayon, noircissait les aplats, traçait les cadres des dessins et aidait à dépouiller les vieux
illustrés. Très vite, pourtant, il eut davantage de responsabilités et se mit à publier de nombreuses illustrations
et couvertures sous le transparent pseudonyme de Jam.
À peine âgé de dix-huit ans, il rédigeait également les
éditoriaux parfois pontifiants de « l’Oncle Jo », représenté comme un vieil homme à barbe blanche. Mais
c’était surtout un joyeux drille, dont Hergé apprécia
toute sa vie la compagnie.
En avril 1931, il partit avec lui à Paris, pour une fête
organisée par Cœurs Vaillants : ce fut leur baptême de
l’air, et une plaisante équipée. Bien que les deux jeunes
gens aient été logés à l’Hôtel du Beaujolais, un établissement pour ecclésiastiques, ils allèrent passer
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