Herge fils de Tintin

p. 129.
    7  Note du 14 juillet 1940, citée in José Gotovitch et Chantal
Kesteloot, Collaboration, répression, un passé qui résiste , Labor, 2002,
p. 198.
    8  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 10 août 1940.
    9  Pierre Assouline, Hergé , Gallimard, coll. « Folio », 1998, p. 238.
    10  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 5 septembre 1940.
    11  Henri Roanne, entretien inédit avec Hergé, 1974.
    12  José Gotovitch et Chantal Kesteloot , Collaboration, répression, un
passé qui résiste , Labor, 2002, p. 37. Même s’il me faudra y faire de
fréquentes allusions, il n’est pas question de retracer ici l’histoire de la
Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur l’attitude du roi, je
renvoie notamment à la synthèse récente de Michel Dumoulin, Mark
Van den Wijngaert et Vincent Dujardin, Léopold III , Complexe, 2001 .
    13  J. Gérard-Libois et José Gotovitch, L’An 40 , Bruxelles, CRISP,
1971, p. 314.
    14  Désiré Denuit, L’Été ambigu de 1940 , Bruxelles, Louis Muzin
éditeur, 1978.
    15  Lettre d’Hergé à Dominique Labesse, 1 er juillet 1969.
    16  Auditorat militaire, dossier du procès du «  Soir volé », Bruxelles,
archives du CEGES.
    17   La Collaboration en Belgique (1940 - 1944) ou une révolution
avortée . Présenté comme « un inédit attribué à Raymond De Becker »,
ce texte fut édité par le CRISP, Bruxelles, 1970 ; il avait été rédigé du
25 décembre 1946 au 15 janvier 1947, alors que De Becker était sous
le coup d’une condamnation à mort.
    18  William Rothuizen et Peter Schröder, «  Kuifje & Hergé », Haagse
Post , 31 mars 1973 (c’est moi qui traduis).
    19  Comme l’a fait Maxime Benoit-Jeannin dans Le Mythe Hergé ,
Lyon, Golias, 2001.

 
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    Capitaine, nous voilà !
     
    Avant même son entrée officielle au Soir le 15 octobre,
Hergé y rencontre un personnage appelé à jouer un rôle
important dans son existence, mais qui restera toujours
nimbé d’un certain mystère : Jacques Van Melkebeke.
Depuis le 20 juin 1940, ce dernier anime « la Page de
l’enfance », dessinant un petit feuilleton humoristique, Les Aventures du Baron de Crac , personnage plus connu en
Allemagne sous le nom de baron de Münchausen. Dans Le Soir , Van Melkebeke se désigne lui-même comme
« l’ami Jacques » et parfois comme « votre vieil ami
Jacques ».
    Né à Bruxelles le 12 décembre 1904, dans une famille
pauvre du quartier des Marolles, il était depuis son
enfance l’ami d’Edgar Jacobs et de Jacques Laudy. Peintre
aux thèmes oniriques mais à la facture plutôt académique,
il avait vivoté tant bien que mal. En 1938, une exposition
au palais des Beaux-Arts lui avait pourtant valu un succès
d’estime. Van Melkebeke n’avait jamais travaillé dans la
presse avant la guerre et n’était entré au Soir que pour survivre. « Je me sens si peu journaliste que je dois par instants faire un effort pour réaliser que, durant l’Occupation, je n’ai pas été exclusivement peintre, tant l’aventure
picturale compte seule à mes yeux 1  », écrira-t-il d’ailleurs
au lendemain de la Libération. Athée convaincu, éphémère franc-maçon, « l’ami Jacques » affectionnait le style
artiste et un peu canaille. Ginette, avec qui il vivait depuis
1935, avait commencé par être son modèle. Leur couple
s’affichait comme très libre 2 .
    Intelligent et cultivé, beau parleur et à l’aise en toutes
circonstances, Jacques Van Melkebeke impressionne
d’emblée Hergé, comme d’ailleurs bien d’autres gens.
Selon Edgar Jacobs, c’était « un dessinateur étonnamment doué, un lecteur infatigable, s’intéressant à tout 3  ».
Et selon Raymond Leblanc, qui le rencontra plus tard,
c’était « un homme à l’abord très chaleureux » dont « les
capacités créatrices dans les domaines artistiques et littéraires semblaient illimitées 4  ». « Un des meilleurs critiques d’art que j’ai connus dans ma vie, le seul qui osait
dire qu’une chose est mauvaise 5  », ajoutait le galeriste
Marcel Stal. Ce dernier aspect de la personnalité de
Van Melkebeke lui vaudra bon nombre d’inimitiés.
    Avec l’aide de ces deux talentueux complices que sont
Paul Jamin et Jacques Van Melkebeke, Hergé a tôt fait detransformer la « Page de l’enfance » en un plus ambitieux Soir-Jeunesse . Ce petit supplément détachable est comme
un clone du Petit Vingtième . « Tintin et Milou