Herge fils de Tintin

lancer à la conquête
des marchés extérieurs, à commencer par les marchés français et néerlandais. Dans le domaine de l’album, nous le
savons, un gros effort de préparation se fait chez tous les éditeurs pour prendre place avec des collections nouvelles. Celui
qui arrivera le premier aura toutes les chances d’être le « roi »
du marché. Et il ne suffira pas de présenter deux ou trois
albums d’une collection : cela passerait inaperçu. Il faut pouvoir étaler une série. […]
    Nous avons la chance exceptionnelle d’avoir un sujet et un
héros « en or » pour un lancement prestigieux, dès la reprise
d’après-guerre 21 .
    L’avenir ne donnera pas tort à Casterman. Et il est clair
que la décision du passage à la couleur, obtenue presque à
l’arraché, était la condition sine qua non de ce succès.
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    1  Lettre d’Hergé à Louis Casteman, 31 mars 1941.
    2  Lettre de Charles Lesne à Hergé, 12 décembre 1941.
    3  Michel Van der Plas, « Vrijdag » in Het land der Belgen ,
Amsterdam, Elsevier, 1975. Cité par Huibrecht Van Opstal, Tracé RG,
le phénomène Hergé , Claude Lefrancq éditeur, 1998, p. 88.
    4  Lettre de Charles Lesne à Hergé, 3 mars 1942.
    5  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 29 mars 1942. C’est moi qui
souligne.
    6  Lettre de Charles Lesne à Hergé, 3 avril 1942. Sur ce plan comme
sur plusieurs autres, la conception d’Hergé est étonnamment proche
de celle du père de la bande dessinée, Rodolphe Töpffer, qui avait
consacré de longs développements à ces questions dans ses Réflexions et
menus propos d’un peintre genevois (Genève, 1848).
    7  Hergé, « Comment naît une aventure de Tintin », in Le Musée
imaginaire de Tintin , Casterman, 1979, p. 16.
    8  Lettre d’Hergé à Pierre Fresnault, 23 janvier 1969.
    9  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 17 octobre 1942.
    10  Et non – comme on le croit souvent – par sa première bande
dessinée, Le Rayon U , dont la parution ne commencera qu’un an plus tard.
    11  Lettre d’Hergé à Edgar Jacobs, 10 février 1942.
    12  Lettre d’Hergé à Louis Casterman, 15 février 1942.
    13   Ibid.
    14  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 20 mars 1942.
    15  Malgré son caractère relativement technique, Hergé avait aussi
utilisé le terme de « phylactère » dans son interview du 15 décembre 1938
au Petit Vingtième , l’assortissant même de précisions historiques. Mais il
évite le mot dans son entretien à Radio-Bruxelles de 1942. Beaucoup plus
tard, sur la suggestion d’un lecteur, Hergé en fera la dernière insulte
proférée par le capitaine Haddock (voir Tintin et l’Alph - Art , esquisse de la
page 29, et Les Amis de Hergé , n o  6, décembre 1987, p. 39).
    16  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 23 janvier 1944.
    17  G[abrielle] R[olin], « Entretien avec Hergé », Le Monde ,
15 février 1973.
    18  Lettre d’Hergé à Charles Lesne, 1 er mars 1942.
    19  Dans sa dernière interview, quarante ans plus tard, Hergé reviendra
sur ce problème technique, qui n’a cessé de le préoccuper : « Dans mes
bandes, il n’y a pas de récitatifs, comme chez Jacobs par exemple, sauf
quand c’est vraiment indispensable, et alors je le réduis au strict
minimum : “trois jours après”, “pendant ce temps”, etc. Je n’ai pas encore
trouvé le moyen d’éliminer ce genre d’indications et de les remplacer par des
dessins . » (« Conversation avec Hergé », in Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé ,
édition définitive, Casterman, 1990, p. 205. C’est moi qui souligne).
    20  « Hergé à Radio-Bruxelles », 4 mars 1942. Transcription in Les
Amis de Hergé , n o  6, décembre 1987, p. 14-19.
    21  Lettre de Charles Lesne à Hergé, 23 décembre 1942.

 
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    Ce château n’est plus à vendre
     
    Dans l’ensemble des Aventures de Tintin, dont ils occupent exactement le centre, Le Secret de la Licorne et Le
Trésor de Rackham le Rouge ont une position à bien des
égards cruciale. En lisant ce double album, on dirait que
Hergé vient de se rendre compte de l’importance de la
série et qu’il cherche à mettre en place de manière définitive l’univers tintinesque. Il précise d’un trait ferme ce qui
n’apparaissait qu’en pointillé et remplit avec fougue les
espaces encore inoccupés.
    En raison des circonstances, le dessinateur ne dispose
pas d’une grande liberté dans le choix de ses thèmes.