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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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présentait comme un plat
d’argent chargé de toutes les tentations, mais dont nos
ennemis nous barraient toujours la route. J’avais examiné
leurs chevaux, du haut de mon arbre, et reconnu ceux qu’ils
avaient rattrapés. Mais ils en avaient plusieurs autres.
L’avantage d’être en pays conquis. Silano avait dû
les pousser sans relâche. Et notre repos au château des
croisés nous avait coûté très cher.
    Notre
seule chance était la surprise.
    « Astiza,
quand on arrivera à proximité du camp français,
brandis ton écharpe comme un drapeau blanc. Qu’ils ne
sachent plus très bien sur quel pied danser ! »
    Elle
acquiesça d’un signe, penchée sur l’encolure
de son cheval lancé à bride abattue.
    Coups
de feu derrière nous. Je me retournai sur ma selle. On était
hors de portée, mais ils voulaient alerter les sentinelles
françaises. Leur intimer l’ordre de nous arrêter.
J’espérais encore que les Français n’en
feraient rien, dans la confusion du moment. Surtout en découvrant
une femme avec nous.
    Les
deux derniers kilomètres filèrent sous les sabots de
nos montures aux flancs couverts d’écume. Derrière
nous, ils tiraient toujours et les sentinelles françaises nous
attendaient, mousquets pointés, baïonnette au canon.
    « Vas-y !
Agite ton écharpe ! »
    Astiza
obéit. Redressée sur sa selle afin de mettre sa
poitrine en évidence sous sa robe qui moulait son corps, elle
brandit son écharpe blanche flottant au vent. Prises au
dépourvu, les sentinelles abaissèrent leurs armes.
    On
s’engouffra dans l’enceinte du camp. Je leur criai au
passage :
    « Bandits !
Francs-tireurs ! »
    Les
hommes de Najac n’étaient pas seulement de vrais
rufians, ils en possédaient l’allure. Les sentinelles
avaient relevé leurs armes. Je criai à mes deux
compagnons :
    « Ne
ralentissez pas ! »
    On
dépassa l’hôpital. On sauta de menus obstacles
entre tentes et chariots. Etaient-ce bien Monge et Berthollet, le
chimiste ? Et Bonaparte jailli de sa tente ? On dépassa
un groupe de soldats très occupés à déjeuner
autour d’un feu de camp. Ils n’avaient pas encore
commencé leur journée et les mousquets se dressaient,
maintenus en petites pyramides harmonieuses par les baïonnettes
entrecroisées. Là-bas, loin derrière nous, une
violente explication opposait Silano et sa troupe aux sentinelles
déconcertées.
    Peut-être
allait-on pouvoir s’en tirer, après tout ?
    Un
sergent pointait son pistolet. Je fis décrire à mon
cheval un écart qui projeta l’imbécile dans les
décors alors que le coup partait. Mohammed, sublime d’astuce,
s’était emparé, au vol, d’un drapeau
tricolore qu’il agitait au-dessus de sa tête, comme si
nous comptions attaquer, à nous trois, la ville d’Acre.
Malheureusement, une haie de soldats se formait, mousquets en
batterie, et s’interposait devant nous. Ils commençaient
même à tirer, leurs balles nous sifflaient aux oreilles.
Et l’enceinte assiégée était encore à
plus d’un kilomètre.
    Sur
les murs d’Acre, sonnaient des cornes. Comment Smith allait-il
réagir, dans la mesure où j’étais parti
sans un mot, à la suite du message d’Astiza ?
    Devant
moi, une cuisine roulante, avec son personnel désarmé,
plus soucieuse de mangeaille que du sort de la guerre. Fonçant
toujours, je les dispersai, eux aussi. Ils offraient une couverture
idéale contre d’autres tirs.
    Et
puis une première tranchée, un dernier galop sous le
vieil aqueduc…
    Et
je m’envolai.
    Comment
était-ce arrivé ? Mon cheval avait-il été
touché ? J’atterris dans une boue molle et glissai
sur mon élan. Je m’aperçus alors que Mohammed et
Astiza avaient connu le même sort. À cause d’une
corde hâtivement tendue pour nous arrêter, sans aucun
égard pour les pattes fragiles de ces pauvres chevaux, dont
plus d’une avait dû se briser sous le choc.
    Désarçonnés
à deux pas du but !
    On
se releva, on se rejoignit tous les trois. D’autres balles
sifflaient.
    « L’aqueduc,
effendi ! Il nous
couvrira. »
    J’entraînai
Astiza, plus en force qu’en douceur.
    Elle
s’était tordu la cheville, mais faisait de son mieux
pour me suivre.
    Des
échelles d’assaut s’empilaient à portée
de main. J’en attrapai une, Mohammed une autre, on les dressa
contre un des piliers de l’antique conduite d’eau
romaine. Je poussai Astiza par-derrière. Elle roula dans le
canal à sec où l’eau avait circulé,

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