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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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La
puanteur était suffocante. Il y avait là des échelles
brisées, des corps en putréfaction, des armes
abandonnées, tout ce que laisse sur le champ de bataille le
cours monstrueusement normal d’une guerre. Plus de brèche
béante et pas de corde lancée à ma rencontre.
Les soldats qui m’observaient, de là-haut, ne m’avaient
sans doute pas reconnu et se demandaient encore qui j’étais.
Je biaisai vers la Méditerranée, aperçus les
mâts des navires britanniques au mouillage alors que les
boulets me survolaient toujours, de part et d’autre. Smith
n’avait-il pas dit qu’ils construisaient un réservoir
d’eau de mer à l’extrémité des
douves ?
    Toujours
des hurlements. Certains des maudits Arabes de Najac étaient
parvenus aux douves, dans leur partie non comblée, et se
lançaient vers moi en dépit des soldats qui tiraient
des remparts. Silano avait dû leur promettre une bonne
récompense. Ils me voulaient mort ou vif, avec ce que je
pouvais avoir sur moi de précieux. Monsieur le comte devait se
douter que j’avais trouvé quelque chose.
    Au
bout des douves, se dressait, effectivement, la paroi noire et moite
de condensation du nouveau réservoir. Plus d’accès
direct à la porte Territoriale. Coincé, Ethan !
    Et
puis encore une explosion, droit devant moi. Le mur noir vola en
éclats. Le souffle m’avait jeté au sol et je
regardai, stupéfait, une vague d’eau verdâtre se
couvrir d’écume en se ruant vers moi et vers mes
poursuivants. Je tombai à genoux juste avant d’être
balayé comme feuille emportée par la marée.
    Je
culbutai dans une mousse épaisse, incapable de reprendre ma
respiration, précipité cul par-dessus tête à
la rencontre de mes persécuteurs. Quelque chose de gros me
frappa de plein fouet, probablement un cheval dont la masse me
renvoya à la surface. On était tous projetés, en
vrac, vers le pied de la tour, mêlés à des
cadavres et à toutes ces saletés qui flottent dans les
baies en temps de guerre.
    Je
luttais comme un beau diable et, brusquement, le miracle : je
vis ma chaîne ! Le temps de l’agripper, au passage,
elle me souleva comme une plume. Les murs de la tour étaient
rugueux, mais j’étais presque au bout de mes peines.
    « Cramponne-toi,
Gage ! Tu seras bientôt chez toi ! »
    La
voix de Jéricho.
    Mais
des balles ricochaient tout autour de moi et je me rendais compte,
soudainement, que j’occupais la meilleure position concevable
pour servir de cible à toute l’armée française.
Un mousquet plus précis que les autres ou un tireur plus
adroit, et je retomberais dans la douve.
    J’essayai
de me rouler en boule. Si j’avais pu me dégonfler comme
un ballon, je n’aurais pas hésité une seconde. La
canonnade avait repris. Un boulet frappa la maçonnerie à
quelques mètres de moi, dispersant des éclats dans
toutes les directions. Pas dans la mienne cette fois, mais ce n’était
pas fini. À chaque nouvel impact, la tour accusait le choc et
je ballottais au bout de ma chaîne comme les grains d’un
chapelet entre les mains d’une grande dévote. Tout cela
aurait-il une fin ? Si possible sans provoquer la mienne ?
    Au-dessous
de moi, la douve s’était remplie. Plus trace des
cavaliers arabes entraînés au loin par la force de
l’eau. Un homme flottait le ventre en l’air, comme un
poisson rejeté par le pêcheur.
    « Ho
hisse ! » criait Jéricho.
    Des
bras puissants me soulevèrent, me halèrent par un des
créneaux. On me laissa choir sans ménagement sur le
rempart d’Acre, à demi noyé, brûlé,
contusionné, en deuil de mon amour et de mes compagnons
perdus. Mais autre miracle, sans un gramme de plomb dans le corps.
Avais-je les neuf vies, en plus de l’allure, d’un chat
écorché ?
    Je
roulai sur le dos, pantelant, incapable de me tenir debout. Des tas
de gens me contemplaient avec une sorte d’émerveillement
incrédule. Jéricho, Djezzar, Smith, Phélippeaux.
    « Bon
sang, Gage, s’effarait Sir Sidney, de quel côté
êtes-vous, maintenant ? »
    Mais
je n’avais d’yeux que pour la personne qui, d’emblée,
avait capté toute mon attention. Cheveux blonds, expression
incrédule, robe tachée de suie et de poudre.
    « Bonjour,
Miriam ! »
    Et
les canons français ouvrirent le feu de plus belle.
    *
* *
    Selon
ma propre expérience, c’est quand on veut vraiment
réfléchir et mettre les choses au point que les causes
de distraction se multiplient, en l’occurrence une

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