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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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avaient pratiquée.
    J’aurais
parié que Najac était du nombre, lancé à
ma seule recherche.
    Ayant
recouvré son équilibre, Smith dégainait son
sabre d’abordage. Il vociférait des mots que je ne
pouvais entendre, appelant probablement ses hommes sur la brèche
ouverte. Je partis à reculons, entraînant Miriam.
    « Le
reste du plancher risque de s’effondrer.
    —  Quoi ?
    —  Il
faut quitter cette tour ! »
    Mais
elle non plus ne pouvait m’entendre. Retournée d’un
bond vers les assaillants, elle se lança, plus vite que la
pensée, vers le vide béant. Je tentai de la retenir
encore, ratai mon coup et glissai à sa suite. Elle avait sauté
comme un chat sur les poutres proéminentes de l’étage
au-dessous. Jurant dans ma barbe, j’entrepris de l’y
suivre, sûr que le reste de l’édifice allait
s’effondrer d’un instant à l’autre et nous
enterrer au fond de la douve, sous des tonnes de pierres. Et, tandis
que des balles ricochaient en tous sens et que des boulets frappaient
au hasard, des échelles se tendaient vers nous comme des
griffes.
    Dans
le même temps, Smith et ses hommes s’étaient
engouffrés, au galop, dans ce qui subsistait des escaliers,
pour aller défendre la brèche. Ils s’étaient
heurtés aux Français déchaînés, et
j’assistai à la fusillade qui les opposait, presque à
bout portant. De chaque côté, des hommes tombaient.
    Puis
ce fut un corps à corps sauvage, inhumain. À la
baïonnette, au sabre, à la crosse de mousquet. Le
commandant de division Louis Bon s’abattit, touché à
mort. L’aide de camp Croisier, humilié par Napoléon,
l’année précédente, pour avoir laissé
fuir des émeutiers, plongea à son secours. Miriam,
elle, explorait cet enfer en appelant Jéricho. Je l’y
rejoignis, noir de suie, presque sans arme, face aux Français.
    Tous
semblaient de haute taille, avec leurs grands chapeaux et leurs
baudriers en croix. Leur fureur était celle d’hommes
condamnés depuis des semaines à l’attente passive
des sièges prolongés. C’était leur chance
d’en finir vite. Comme à Jaffa. Leurs hurlements
continus faisaient songer au grondement du tonnerre. Ils se jetaient
avec fureur au milieu du carnage, de part et d’autre du tronc
de cèdre ouvert, à son extrémité, comme
une énorme fleur. Ils ne craignaient guère de s’exposer
dans ce déluge de fer, de pierres et même de grenades
lâchées d’en haut par les Ottomans de Djezzar.
    Si
les Français étaient déchaînés,
nous, en face d’eux, nous baignions dans le désespoir.
Qu’ils passent, la ville serait perdue. Et nous serions tous
morts. Les marins de la Couronne couraient à leur rencontre,
tirant et frappant au petit bonheur, uniformes bleus et rouges
confondus en une mosaïque infernale. Ce fut le combat le plus
féroce auquel j’aie jamais participé. De part et
d’autre, les hommes hachaient, tranchaient, embrochaient,
s’arrachaient mutuellement les yeux en mordant, même,
comme des chiens.
    Au
cœur de la mêlée, Croisier tirait et sabrait, en
proie à une mâle rage. On ne voyait rien du tableau
général de la bataille, seulement ces rencontres, homme
contre homme, au pied d’un édifice prêt à
nous écraser sans discrimination de nationalité ou de
race. J’aperçus Phélippeaux aux trois quarts
enterré dans les décombres de la douve, qui ressortait
un pistolet d’on ne sait où pour abattre un nouvel
adversaire. Une demi-douzaine de baïonnettes se bousculèrent
pour lui trouer la poitrine.
    Jéricho
n’avait pas seulement survécu à sa chute. Il
avait pu se traîner à l’écart de la mêlée.
À demi nu dans ses vêtements et sa propre peau également
brûlés, grain de poussière minérale, il
avait ramassé une barre de fer et cognait comme Samson sur les
rangs ennemis. Les hommes reculaient devant son énergie
démentielle.
    Un
fusilier s’approcha de lui par-derrière, le mousquet
pointé. Mais Miriam avait trouvé, quelque part, le
pistolet qu’elle braquait des deux mains. Elle tira de si près
que la tête du fusilier explosa d’un côté,
éclaboussant les combattants les plus proches.
    Un
grenadier surgit derrière Miriam. Je lançai mon
tomahawk qui se ficha dans son cou. Il tomba comme un arbre sous la
hache du bûcheron, et je récupérai mon arme. Puis
Miriam et moi empoignâmes Jéricho pour le soustraire à
ces baïonnettes sur lesquelles il paraissait avide de s’empaler.
Alors que Djezzar se ruait à la

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