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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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rescousse, à la tête
de quelques Ottomans avides de hacher du Français.
    Les
cadavres s’amoncelaient. Smith, sans chapeau, le front
sanglant, sabrait autour de lui comme un possédé. Les
balles qui sifflaient de toutes parts ricochaient ou faisaient
mouche, avec ce son particulier des impacts en pleine viande.
    Mes
oreilles s’éclaircissaient vaguement. Je criai à
Miriam et à Jéricho :
    « Il
faut reculer derrière nos lignes ! On fera du meilleur
travail, de là-haut »
    C’est
alors que je repérai mon pire ennemi, Najac, qui jurait auprès
de mon rifle planté dans les gravats, par la crosse, afin de
pouvoir le recharger plus commodément. Ses chiens dressés
se tenaient à l’écart du gros de la bataille et
tiraient par-dessus les têtes des grenadiers. Je savais que la
prochaine balle de mon propre fusil serait pour moi. Ils étaient
tous là dans l’espoir de récupérer ce
qu’ils étaient à peu près certains de
trouver sur ma personne.
    C’est
ainsi que m’envahit ma propre démence meurtrière,
une fureur, une soif de vengeance qui me procuraient l’illusion
de sentir mes muscles se gonfler démesurément, mes
veines se gorger de sang en même temps que mes yeux
enregistraient des détails que je n’aurais jamais
discernés auparavant. Entre autres, l’éclair
rouge au doigt de ce pourri de Najac. L’ordure osait porter la
bague d’Astiza !
    Dans
la seconde, je compris ce qui s’était passé.
Mohammed n’avait pu résister à la tentation
d’aller ramasser la bague maudite jetée par Astiza dans
la cour du château des croisés. Il l’avait
empochée, durant notre sommeil, et, depuis cette nuit-là,
ne m’avait plus jamais parlé d’argent. Ce n’était
pas par hasard que Najac l’avait descendu à ma place,
s’assurant ensuite que le musulman était bien mort avant
de le fouiller et de reprendre cette bague dont il ignorait
l’histoire. La crapule avait signé son meurtre !
    Muni
de la barre de fer de Jéricho, je m’avançai vers
Najac en comptant les secondes. Il lui en fallait soixante, au
minimum, pour recharger mon long rifle américain. Dix
s’étaient déjà écoulées, et
ses sbires me séparaient encore de lui.
    La
barre se dressa dans les airs, décrivant un grand arc, telle
l’épée d’un Templier pour la défense
du Christ. Moi, c’était en souvenir de Ned et de
Mohammed. Je me sentais invulnérable aux balles et à la
peur. Le temps stagnait, les bruits s’estompaient, les images
se précisaient. Je ne voyais plus que Najac dont les mains
malhabiles versaient une mesure de poudre dans le canon de mon rifle.
    Vingt
secondes passées.
    Mon
arme écarta les baïonnettes comme une faux écarte
les grands épis de maïs. Métal contre métal,
les hommes reculant devant ma rage démentielle.
    Trente
secondes.
    La
balle tomba de la bourre dans le canon de mon fusil où
l’écouvillon se chargea de la pousser. Les hommes de
Najac tiraient en hurlant, mais je ne sentais que du vent. Je
distinguais les éclairs dans la fumée, les regards
exorbités par la terreur, la blancheur des dents entre les
lèvres retroussées sur d’ignobles rictus. La
barre fracassa les côtes d’un jeune officier qui se plia
en deux.
    Quarante
secondes.
    Aussi
assuré qu’une araignée dans sa toile, je franchis
morts et mourants, utilisant les corps comme des marchepieds. Ma
barre tourbillonnait. Smith, auprès de moi, sabrait d’estoc
et de taille, en compagnie de deux de ses marins décidés
à venger l’un des leurs couché non loin d’eux.
D’en haut, pleuvaient toujours des morceaux de murs et de
plancher, et derrière Najac, au-delà de ses gestes trop
pressés pour être précis, les explosions
s’épanouissaient et disparaissaient, sinistres fleurs
éphémères, toujours recommencées.
    Cinquante
secondes.
    La
courte baguette métallique achevait de tasser balle et poudre
au fond du canon. Najac bâcla les derniers préparatifs
et ne prit même pas le temps d’ôter l’écouvillon
pour empoigner l’arme à deux mains. Il y avait de la
peur dans ses yeux, mais aussi de la haine. J’étais
presque sur lui quand un de ses hommes s’interposa, cimeterre
levé, face convulsée, juste à temps pour
encaisser le choc de ma barre qui fit exploser son crâne. Sang
et cervelle jaillirent dans toutes les directions. J’en perçus
le goût infect dans ma bouche large ouverte.
    J’étais
fin prêt pour estourbir Najac, lorsque celui-ci, malade de
terreur, déchargea

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