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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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crocodile
replongea. Il essayait de me mordre, mais, à chaque tentative,
le tomahawk devait s’enfoncer de plus belle dans la chair de
ses mâchoires. Cramponné à la chaîne, je me
laissais propulser par ses mouvements désordonnés.
Quand elle s’enroula autour du monstre, juste en deçà
de ses pattes de devant, je luttai pour ne pas lâcher prise.
Malgré ses rotations folles, il n’avait plus aucune
possibilité de me mordre.
    Nouveau
plongeon. Tout juste si je pouvais tenir encore. Je respirais à
la surface, et puis il repartait vers le bas, on se roulait dans la
vase et ça recommençait. J’entendais le quai de
bois craquer sous la tension intermittente de la chaîne. Mes
bourreaux ne riaient plus, ma jambe saignait et le goût du sang
excitait l’animal. J’étais toujours en vie, mais
ne disposais d’aucun moyen de le tuer.
    Quand
notre bagarre aquatique nous amena à proximité du quai,
je lâchai tout et fis les quelques brasses nécessaires.
Jamais aucun homme n’aura repris pied aussi vite sur un quai !
    Le
crocodile, lui, n’avait pas encore renoncé. Sa charge
ultime me rata sans doute d’assez peu, mais il ne mordit que
les planches qui se brisèrent. Tout le quai s’inclina
vers l’entrebâillement des mâchoires bloqué
par le tomahawk. Je reculai d’un bond. J’entendais crier
les deux hommes qui m’avaient jeté à l’eau.
Passée en boucle autour d’une courte bitte d’amarrage,
la chaîne ne fit aucune difficulté pour prendre le
chemin du lagon. J’espérais que l’animal ne se
ferait pas prier, lui, pour réintégrer les eaux du Nil.
    Au
lieu de l’occasion offerte, toutefois, l’animal libéré
chargea derechef vers le quai. Mais pas dans ma direction. Dans celle
de mes exécuteurs affolés qui prirent la fuite en
hurlant. À terre, un crocodile peut se déplacer aussi
vite qu’un cheval, sur une courte distance. Il rattrapa l’un
des deux fuyards et le cassa littéralement en deux, puis le
laissa choir pour prendre en chasse l’autre type qui détalait
à toutes jambes, en hurlant au secours.
    Je
n’avais pas beaucoup de temps devant moi.
    Pas
question de tout laisser à Silano. Je le tuerais si je le
pouvais, ou lui enfoncerais le fer dans la plaie. Je reprendrais le
livre et l’immergerais au plus profond de la Méditerranée.
Blessé par le crocodile et perdant du sang à chaque
pas, je suivis la piste laissée par les pattes aux griffes
déployées et la queue battante de l’animal.
Prudemment, je repassai la porte par laquelle nous étions
sortis. Le crocodile l’avait carrément enfoncée
et se démenait dans la cour, sous le feu de plusieurs soldats.
Un canon donna l’alarme. Rasant les murs, je regagnai
discrètement mes quartiers provisoires, me saisis de mon long
rifle et jetai un œil à l’extérieur. Le
crocodile ne bougeait plus, un autre corps humain déchiqueté
en travers de la gueule. Des douzaines d’hommes le canardaient
encore, inutilement. Je visai longuement. Non pas le monstre, mais
plutôt la lanterne accrochée dans les écuries, à
l’autre bout de la cour, à deux enjambées de la
réserve de poudre.
    Je
retenais mon souffle, l’index sur la détente. Je voulais
foutre le feu au fort.
    Ce
fut l’un de mes plus beaux tirs et des plus précis. À
l’autre bout de la cour, à travers une étroite
fenêtre, il s’agissait de descendre la lanterne sans
éteindre sa mèche. Elle tomba et le foin des écuries
s’enflamma instantanément, éclairant les dents de
sabre désormais inactives du crocodile. Des voix crièrent
au feu. Les chevaux hennissaient, déjà, à qui
mieux mieux.
    Aucun
regard n’était sur moi. Je regagnai, en boitant, la
pièce où j’avais été empoisonné.
En chemin, je m’emparai d’une des pioches qui avaient
servi à la construction du fort.
    Le
rouleau n’était plus là.
    Je
regardai au-dehors. Le feu gagnait du terrain, les chevaux affolés
galopaient dans la cour, ajoutant au chaos sonore leur concert de
hennissements. L’un des officiers vociférait :
    « Le
magasin ! Arrosez le magasin à poudre ! »
    Je
rechargeai et tirai de nouveau, blessant quelqu’un qui tentait
d’organiser une chaîne de seaux d’incendie. Quand
il s’effondra, la chaîne se disloqua. Personne ne
comprenait ce qui se passait. Les sentinelles tiraient au hasard.
    Astiza
fit une entrée en fanfare, dans ses vêtements de nuit,
les cheveux défaits, les yeux égarés. Elle
repéra tout de suite ma jambe

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