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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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déterminer le sens de la phrase ou
même si Thot composait des phrases au sens le plus moderne…
    À
présent, le rouleau tanguait de côté et d’autre.
Que m’arrivait-il ? Je regardai autour de moi. La souris,
dans son coin, était tombée sur le flanc et tremblait
de toutes ses pattes, les yeux exorbités. Une écume
verdâtre sortait de sa bouche.
    Je
repoussai assiette et rouleau, le cœur en débandade.
    « Astiza ! »
    J’avais
essayé de crier, mais je n’avais plus de voix et ma
langue enflait de seconde en seconde. Je parvins à me lever,
en trébuchant. Ce salaud de Silano ! Il estimait n’avoir
plus besoin de moi et je me souvenais de la menace de ce plat de porc
empoisonné, l’année dernière. Je tombai si
brutalement que je faillis perdre connaissance. Les lumières
se bousculaient devant mes yeux. À travers un brouillard,
j’assistai, de très près, à la mort de la
souris.
    Des
hommes vinrent me ramasser. Comment Silano expliquerait-il à
Astiza ma disparition inopinée ? Ou s’apprêtait-il
à l’assassiner, elle aussi ? Non, il la désirait
toujours. Ils me soulevèrent comme un sac, en bougonnant. Ma
tête tournait, mais j’étais toujours conscient,
sans doute parce que je n’avais mangé qu’une
partie de la purée. Ils devaient me croire déjà
mort.
    Ils
sortirent par une porte latérale et descendirent vers l’eau
courante du canal où se soulageaient les membres de la
garnison. Le canal communiquait avec un petit lagon adjacent au
fleuve qui sentait autant la merde que la fleur de lotus. Le temps de
me balancer d’arrière en avant et plouf ! Je coulai
à pic. Avaient-ils l’intention de présenter ma
mort comme une simple noyade ?
    Le
choc de l’eau froide m’avait légèrement
requinqué et, la panique aidant, je remontai emplir mes
poumons à la surface. La dose de poison, insuffisante, perdait
peu à peu son effet. Mes exécuteurs m’observaient,
de la rive, pas encore inquiétés par ma résistance.
Ne comprenaient-ils pas que j’avais laissé trop de purée
dans l’assiette ? Ils ne portaient sans doute ni pistolet
pour me donner le coup de grâce ni sabre pour venir m’achever
en se mouillant les pieds. Avais-je une chance de nager et de trouver
de l’aide ?
    Et
puis cet autre plouf, énorme, derrière moi.
    Je
me retournai. Il y avait un petit hangar, sur la rive du lagon, et
j’entendais se dérouler une chaîne. Quelle pouvait
être cette nouvelle diablerie ?
    Les
deux salopards rigolaient de bon cœur.
    Nageant
dans ma direction, approchaient les naseaux proéminents et les
yeux reptiliens de la créature la plus hideuse et la plus
haïssable de toutes les inventions divines, le crocodile du Nil,
cauchemar jailli de la préhistoire, bardé d’écailles,
épais comme un tronc, torpille de muscles étonnamment
rapide dans l’eau, vieille comme les dragons, implacable comme
une machine.
    Même
dans mon état pitoyable, mon esprit reconstituait leur
complot. Les sbires de Silano s’étaient chargés
d’enchaîner le monstrueux prédateur dans ce lagon
pour qu’il puisse me bouffer. J’entendais d’avance
l’histoire que raconterait M. le comte. « L’Américain
est allé pisser, se laver ou simplement contempler les
étoiles, et le crocodile surgi du fond de la nuit…
C’était arrivé des centaines de fois en Égypte,
et cric-crac ! plus d’Ethan. » Silano aurait la
pierre, le rouleau et la femme. Echec et mat !
    J’en
étais là, terrassé par la perfide ingéniosité
du projet ourdi, quand l’animal passa aux choses sérieuses.
Il me captura par une jambe, sans la mâcher encore, et plongea
vers le fond dans l’intention héréditaire de son
espèce d’entraîner toute proie en profondeur, afin
de l’y noyer à loisir.
    En
dépit de la puanteur, de la douleur et du poison, l’image
horrible de cette gueule effroyablement longue, de cet affreux étau
garni de longs crocs recourbés me rendit, avec ma lucidité,
une partie de ma force. J’arrachai mon tomahawk à ma
ceinture, en poussai le tranchant dans les naseaux du crocodile dont
les mâchoires s’écartèrent, sous l’effet
d’une surprise certainement moins violente que celle qu’il
m’avait infligée. J’enfonçai le tomahawk
dans cette ouverture monstrueuse où il se coinça, en
pleine viande.
    Remontée
à la surface, la bête fouettait de la queue et
tournoyait sur elle-même. Sa chaîne me toucha alors que
j’inhalais un peu de l’air nocturne, et le

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